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Citation de soulseeker


Du jour où je fus grossièrement insulté, je fis mon examen de conscience et en effet je me vis très ignorant. Je me mis à étudier l'espagnol jour et nuit et tout ce qui se rapportait à ma carrière; le vieux philosophe me prêtait quelques livres, je lisais ce que je trouvais, et j'analysais ce que je lisais. Avec les nouvelles idées que j'acquérais ainsi de part et d'autre, mon point de vu se modifia, et je vis dorénavant beaucoup de choses sous un aspect différent. Je vis des erreurs là où je n'avais vu que des vérités, des vérités dans maintes choses qui m'avaient semblé des erreurs. Les fouets, par exemples, qui, depuis des temps immémoriaux, étaient la marque distinctives des écoles, et passaient auparavant pour le seul moyen efficace de faire apprendre -- c'est ce qu'on nous avait accoutumé à croire -- , me semblaient loin de contribuer au progrès de l'enfant, même. Je fus convaincu qu'il était impossible de raisonner, avec la verge et le fouet en face de soi; la peur et la terreur trouble le plus serein, d'autant plus que l'imagination de l'enfant est plus vive, plus impressionnable. Et comme, pour que l'esprit s'imprègne des idées, il est nécessaire que le calme intérieure et extérieure règne, que l'esprit soit serein, que soient assurées la tranquillité matérielle et morale, et la bonne volonté, je crus , avant tout, qu'il me fallait inspirer aux enfants la confiance, la sécurité et la juste appréciation d'eux mêmes. Je compris de plus que le spectacle journalier des châtiments corporels tuait la pitié dans le cœur et éteignait cette flamme de dignité, levier du monde, avec laquelle se perd aussi cet honneur qu'on ne retrouve que difficilement. j'observais aussi que lorsqu'un enfant est frappé, il trouve une consolation à ce que les autres le soient à leur tour et sourit avec satisfaction en entendant les pleurs de ses camarades; et celui qui est chargé de frapper, si le premier jour il n'obéit qu'avec répugnance, par la suite il s'accoutume et finit même par prendre plaisir à sa triste mission. Le passé me fit horreur, je voulus sauver le présent en modifiant l'ancien système. je m'efforçais de rendre l'étude aimable et souriante, je voulus faire du petit livre de classe, non pas, le livre noir baigné de larmes de l'enfance, mais l'ami qui va lui découvrir de merveilleux secrets; de l'école, non pas un lieu de douleurs, mais un endroit de récréation intellectuelle. Je supprimai donc, peu à peu, les fouets, je laissai chez moi la discipline, et les remplaçai par l'émulation et par l'estime de soi-même
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