Il se trouve que j'ai professionnellement quelques rapports avec des écoles pour jeunes gens de différentes classes sociales et je reçois beaucoup de lettres de parents relatives à l'éducation de leurs enfants.
Dans la masse de ces lettres je suis toujours frappé de voir l'idée de « une position dans la vie » prendre le pas sur toutes les autres préoccupations dans l'esprit des parents, plus spécialement des mères. « L'éducation convenant à telle et telle condition sociale », telle est la phrase, tel est le but, toujours. Ils ne cherchent jamais, si je comprends bien, une éducation bonne en elle-même ; - même la conception d'une excellence abstraite dans l'éducation semble rarement atteinte par les correspondants. Mais une éducation « qui maintiendra un bon vêtement sur le dos de mon fils, qui le rendra capable de sonner avec confiance la sonnette du visiteur aux portes à doubles sonnettes ; qui aura pour résultat définitif l’établissement d'une porte à double sonnette dans sa propre maison ; en un mot qui le conduira à l'avancement dans la vie, voilà pourquoi nous prions a genoux, et ceci est tout ce pour quoi nous prions ».
Il ne paraît jamais venir à l’esprit des parents qu'il puisse exister une éducation qui, par elle-même, soit un avancernent dans la vie ; que toute autre que celle-là peut être un avancement dans la mort ; et que cette éducation essentielle peut être plus facilement acquise ou donnée qu'ils ne le supposent s'ils s'y prennent bien ; tandis qu'elle ne peut être acquise à aucun prix et par aucune faveur s'ils s'y prennent mal.