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Citation de HordeDuContrevent


Les images négatives véhiculées par notre langue remontent à des siècles : noire est la nuit, noire est mon âme, noir de charbon, fureur noire, cœur noir. Pour un garçon blanc élevé dans la sécurité des banlieues pavillonnaires des années 1970, « noir » évoquait les tambours de guerre indigènes dans les films de Tarzan du samedi après-midi. Il signifiait marmites cannibales, femmes missionnaires blanches violées, lances transperçant le dos sans méfiance de nobles explorateurs. Il signifiait vaudou, têtes réduites, sorciers et armées inépuisables de guerriers zoulous fanatiques. Enfant, j’ai été pourchassé le long des pistes de brousse de mon imagination par tous les clichés noirs possibles et imaginables : un Frankenstein négroïde cousu à grands points au double fil de Hollywood et des Boy’s Own Annuals, ces magazines d’aventures destinés aux jeunes garçons. Africains, Caribéens, insulaires du détroit de Torres et Aborigènes australiens : tous étaient passés au goudron du même pinceau satanique. Le noir restait noir, et même – m’avait-on prévenu – sous un costume de ville ou une blouse de médecin se tenait un lanceur de sagaie prêt à bondir ! Alors que je tape ces souvenirs sur mon clavier d’ordinateur, je frémis devant le caractère monstrueusement offensant de ces stéréotypes. En fait, j’ai du mal à croire que je suis réellement en train d’écrire ça.
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