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Critiques de Jo Browning Wroe (137)
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Une terrible délicatesse

°°° Rentrée littéraire 2022 # 45 °°°



Le roman s'ouvre sur la catastrophe d'Aberfan découverte pour ma part avec la saison 3 de la série The Crown qui la présentait comme le plus grand regret d'Elisabeth II ( elle avait beaucoup trop tardé, huit jours, pour se porter à la rencontre de ses sujets en deuil . Le 21 octobre 1966 à 10 heures du matin, l'écroulement d'un terril déverse des centaines de tonnes de débris miniers sur l'école de la petite ville d'Aberfan, pays de Galles, tuant 144 habitants dont 116 enfants. Un appel est lancé à tous les thanatopracteurs du pays pour faire face à la situation.



Le jeune embaumeur William Lavery, 19 ans, fraichement diplômé, s'y rend. A son retour, il est mentalement brisé, pas nécessairement par l'horreur de la tâche à accomplir sur autant d'enfants à peine identifiables, mais à cause de la remontée de souvenirs lorsqu'il entend le Miserere d'Allegri à la radio. Quelque chose de douloureux qui sommeillait en lui le bouleverse au point de remettre radicalement en cause tout ce qu'il a construit jusque là. Ainsi, des questions se posent assez vite pour le lecteur : pourquoi William refuse-t-il de voir sa mère alors qu'il est orphelin de père et qu'il vit avec son oncle homosexuel, et son compagnon ? Pourquoi ne parle-t-il plus à son meilleur ami Martin ? Pourquoi a-t-il arrêté de chanter alors qu'il était promis à bel avenir de soliste ? Pourquoi est-il devenu embaumeur comme son père et son oncle ?



Une terrible délicatesse est un pur mélo, genre éminemment casse-gueule qui peut vite virer au tout-pathos lacrymogène. Forcément, avec des premiers chapitres sur Aberfan, les clignotants « danger » sont à leur maximum. Mais Jo Browning Wroe a trouvé d'emblée le ton juste en misant sur le respect et la dignité avec une approche qui ne surjoue pas les émotions. Durant tout le récit, elle parvient à rester en équilibre sur cette périlleuse ligne de crête tout en touchant profondément le lecteur avec le très beau personnage de William.



William n'est pas forcément un personnage immédiatement aimable, assez dur, têtue. Puis on voit sa personnalité évoluer, ou plutôt on apprend à la percer et la comprendre à mesure que l'autrice déploie ses nombreuses analepses pour éclairer le passé de William et notamment les années charnières passées à l'internat de Cambridge comme enfants choristes ( il était le plus doué d'entre eux ).



La construction peut sembler confuse avec son nomadisme temporel permanent. Les ellipses temporelles sont parfois longues mais permettent de placer pertinemment la focale sur des moments clefs de la vie de William. Avec comme beau fil conducteur le Misere d'Allegri et la chanson traditionnelle galloise Myfanwy, le récit enveloppe William. Même si on devine dans quelle direction va aller sa voie de résilience, la profondeur émotionnelle du roman humecte les yeux, touchés qu'on est de voir humanité et compassion venir au secours d'une âme blessée, effacer les douleurs invisibles et libérer jusqu'à accompagner William vers le pardon.



Une très belle leçon de vie par le biais des mots.
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Une terrible délicatesse

Je sais que lorsque Isabelle me dépose un livre dans les mains et m'ordonne de le lire , c'est que l'histoire est d'importance et refuser de la découvrir serait une terrible erreur .

La quatrième de couverture s'avère suffisamment explicite pour saisir l'ambiance générale et situer les faits dans le temps .Une catastrophe minière au Pays de Galles .La nécessité de redonner aux morts , des enfants pour bon nombre ,un bel aspect suffisamment humain pour affronter les derniers regards inondés de larmes des parents .Terrible épreuve morale pour le jeune embaumeur tout juste diplômé dont les convictions et la force de caractère se fissurent .

Dés lors , tout se trouble en William . Angoisses . Questions . Un travail de sape érode son esprit : le chemin vers la reconstruction va s'avérer lourd d'épreuves , de rencontres , de séparations ......

Isabelle , merci , vous avez eu raisoin de m'offrir ce long voyage bouleversant auprés de William .

Un style fluide et soigné adoucit la lourdeur du propos , les personnages , peu nombreux sont forts , et leurs oppositions et motivations sont à la fois implacables mais pudiques . J'entends par là que l'on n'est jamais dans le pathos , jamais dans le bien ou le mal , non , simplement dans la réalité d'une vie qu'un rien peut faire basculer à tout moment , là ou là .Tout " claque " à la figure , tout coule comme du sable entre les doigts , tout oscille entre pleurs et rires ou sourires .Une âme , celle de William , mise à nu jusqu'au dénouement qui ne surprend pas , certes , mais qui aurait pu être tout autre .

Maitrise - t -on son destin ? Choisit- on sa vie ? Seul , libre ou contraint ?

C'est un beau roman émouvant qui renvoie l'être en apprentissage à son passé , à ses certitudes , à ses faiblesses à ses atermoiements . Bref , un roman dont la superbe note moyenne attribuée par de nombreux babeliotes , est le meilleur garant et se passe de commentaires .

Allez , à bientôt , les amies et amis , les vacances sont terminées mais nous avons encore beaucoup de voyages en vue dans nos PAL . Alors , au boulot , pas une minute à perdre !
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Une terrible délicatesse

Le roman s'ouvre sur un tragique accident, qui a eu lieu au Pays de Galles en 1966 : l'effondrement d'un terril a provoqué la mort de près de cent cinquante personnes, en majorité des enfants. William met en pratique les connaissances fraichement acquises de sa formation d'embaumeur. La tâche est éprouvante et hantera le jeune homme pendant des années.

Mais il semble que d'autres angoisses l'habitent, et que de nombreuses énigmes seront à découvrir sur son passé : la brouille avec sa mère, le refus de rencontrer son ami de collège, l'abandon du chant pour lequel il était si doué.



C'est peu à peu, en navigant dans le temps, que l'on découvrira le chemin particulier qui a conduit William à ce qu'il est aujourd'hui.



C'est passionnant à plus d'un titre. La construction habile fait qu'à chaque fois qu'un pan du voile se soulève , on a envie d'en savoir plus. La profession d'embaumeur est fascinante : à la fois répulsive pour ses liens avec la mort, mais aussi attirante, car n'y a t-il pas plus noble métier que de vouloir faire en sorte que les proches d'un disparu en gardent la plus belle image possible. D'autant que dans le cas de William, l'art s'accompagne d'un respect profond pour le défunt, qu'il accompagne véritablement, même si c'est à son insu.



La musique n'est pas oubliée et on peut accompagner la lecture de l'écoute du Miserere d'Allegri, chanté par des choeurs d'enfants…



Outre ce personnage central magnifique, les autres protagonistes ont également beaucoup d'intérêt.





Très belle lecture, émouvante, en compagnie de personnages remarquables !



400 pages Les Escales 25 Août 2022

Traduction (Anglais) : Carine Chichereau

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Une terrible délicatesse

J'ai été happée par cette couverture, ce petit garçon qui regarde le ciel et ce titre. En lisant le résumé, j'ai hésité: l'histoire d'un embaumeur, le sujet ne m'attirait pas plus que cela.



Et puis quelques retours plutôt positifs, j'ai cédé à mon premier mouvement et je ne le regrette pas. Malgré quelques défauts de jeunesse et un personnage principal qui m'a parfois horripilée, ce livre m'a émue, et c'est toujours ce que j'attends de mes lectures : l'émotion. Et j'ai découvert que ce métier qui parait funèbre demande à ceux qui l'exercent une grande délicatesse.



William est embaumeur, et sa première expérience après l'obtention de son diplôme va le marquer pour de nombreuses années : à la suite d'une accident dans une ville minière, il doit embaumer plusieurs enfants victimes de l'éboulement sur leur école. Mais d'autres blessures plus anciennes l'ont marqué, et il lui faudra beaucoup de temps pour réussir à les surmonter.



L'auteure nous livre un roman sur plusieurs époques, aux enchainements bien maitrisés. Elle nous révèle peu à peu la vie passée et actuelle de William, nous expliquant peu à peu ces comportements étranges : pourquoi ne supporte-il pas d'entendre le "Miserere", Pourquoi n'a-t-il plus revu sa mère ni non meilleur ami depuis des années ?

J'ai beaucoup aimé dans ce livre la présence de la musique et du chant et la mise en avant de leur faculté à reconstruire cet homme bancal, et d'autres aussi plus ou moins détruits par la vie. L'auteur met en scène de très beaux personnages, tous complexes, tous doués de la capacité d'évoluer. J'ai particulièrement aimé Martin, l'ami de William, trublion au grand cœur qui jouera un rôle important à diverses époques de la vie de William.



Un grand merci à NetGalley et aux éditions Les Escales pour cette découverte.
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Une terrible délicatesse

Au départ la 4ème de couverture m’avait fait hésiter, un drame, une école ensevelie par un glissement de terrain, plus d’une centaine d’enfants morts dans la commune d’Aberfan en 1966. William tout jeune embaumeur fraichement diplômé se porte volontaire pour s’occuper de redonner forme humaine aux corps et aider les familles à leur identification.

De bonnes critiques m’ont finalement convaincue de le lire, d’autant que ce sujet original pouvait se révéler prometteur.

Après une entrée en matière sur ce drame d’Aberfan poignante et réussie, mon intérêt s’est rapidement émoussé, car la suite du récit revient à l’enfance puis à l’adolescence du jeune garçon et le propos est alors beaucoup plus classique. Présentation de la famille de William, une mère et un père aimants mais ce dernier est emporté très jeune par un cancer. William grandit auprès de sa mère et de son oncle (frère jumeau de son père) et du compagnon de ce dernier, qui ont tous deux repris les établissements familiaux d’embaumement.

William se découvre assez tardivement, à l’âge de dix ans, une voix hors du commun, et sa mère l’inscrit en pension dans un chœur réputé de Cambridge. Le petit William devient ado, le lecteur le suit jusqu’au fameux incident qui bouleversera sa vie, lui fera abandonner la musique pour revenir à l’embaumement. La plus grande partie du livre tourne autour de ce thème de la musique et non sur le drame d’Aberfan et du métier d’embaumeur. De ce fait, le contrat n’a pas été rempli pour ma part. De plus, le récit très descriptif et brouillon (avec ses multiples flash-backs) s’avère sans grande surprise et je me suis ennuyée. Tout cela m’a semblé très mou, convenu, avec énormément de longueurs et de clichés. Le point d’orgue du roman supposé tenir en haleine, se révèle monté en épingle et déceptif (et malheureusement même ce point n’a pas été une surprise). Il me semble que la scène phare du livre aurait dû être celle d’Aberfan. En la mettant en entrée en matière, le texte a perdu en force, et se noie ensuite dans des banalités et petites histoires lues et relues. J’ai eu l’impression d’avoir regardé un vieux feuilleton télé mélo et ringard des années 70 en noir et blanc, quel ennui …

À mon grand regret, je n’ai finalement pas appris grand-chose de ce monde des embaumeurs. Avec l’emploi de la troisième personne par l’auteure, je suis restée à distance de William qui m’a beaucoup agacée et avec lequel j’ai eu du mal à entrer en empathie.

Le style est plutôt maladroit, la construction du roman assez bancale, le personnage de la mère plein d’incohérences (la haine vouée à son beau-frère et son compagnon est peu crédible, presque grotesque, ainsi que la relation fusionnelle avec son fils puis son quasi-abandon). L’homosexualité de plusieurs personnages est mise en avant et je n‘ai vraiment compris ce que ça apportait à l’histoire, pour moi l’auteur ne délivre aucun message, et mes émotions sont restées en mode encéphalogramme plat, hormis les chapitres consacrés à Aberfan.

La rencontre ne s’est pas faite avec Jo Browning Wroe, comme quoi, la première impression est parfois la meilleure.

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Une terrible délicatesse

En ce soir d'octobre 1966, se tient la soirée annuelle de la branche des Midlands de l'Institute of of Embalmers, un grand bal donné par les dames de Nottingham. William Lavery, qui vient tout juste de terminer sa formation au Thames College of Embalming, avec des notes exceptionnelles, y assiste en compagnie d'oncle Robert et son associé, Howard, ainsi que la jeune Gloria, chez les parents de qui il a passé un an durant ses études et dont il est secrètement amoureux. Mais l'ambiance joyeuse, lumineuse et détendue tourne au drame dès lors que David Melling, le président qui venait tout juste de vanter le travail de William, annonce que l'accident tragique survenu à Aberfan, la veille, suscite l'aide et le besoin d'embaumeurs de toute urgence. En partant cette nuit-là, le jeune homme ne sait pas encore que de nombreux souvenirs vont lui revenir et que cette catastrophe bouleversera sa vie...



Le roman s'ouvre sur ce drame survenu à Aberfan, le 21 octobre 1966, où le glissement d'un pan d'un terril aura fait 144 morts, dont 116 enfants. Nombre de membres de l'Armée du Salut, de pompiers, de bénévoles ou d'embaumeurs (à qui, d'ailleurs, ce roman est dédié) se sont précipités sur les lieux pour aider, soutenir et faire aussi leur travail. Malgré son jeune âge et son manque d'expérience, William Lavery fait partie de ceux-là. Si l'épreuve est immanquablement difficile, parfois insoutenable, il y fera face, comme tant d'autres. C'est au cours de ces heures que résonnera le « Miserere » d'Allegri et que William chantera Myfanwy, le ramenant dans son enfance, lui rappelant sa jeune carrière d'apprenti puis de choriste, l'espoir de sa mère de le voir devenir un grand choriste et son ami, Martin, à qui il n'adresse plus la parole depuis 5 ans. Et l'auteur de nous plonger ensuite à la fin des années 50 et de parcourir l'enfance puis l'adolescence de William, entouré, tour à tour, de sa mère, Evelyn, qui lui voue un amour inconsidéré, de Martin à Cambridge, puis de son oncle Robert (jumeau de son père) et Howard et enfin de la belle Gloria. Jo Browning Wroe ainsi dévoile peu à peu les raisons qui ont conduit William à être ce qu'il est aujourd'hui, à abandonner certains rêves, à quitter et laisser derrière lui des êtres pourtant chers à son cœur, à ne plus pouvoir écouter le « Miserere » d'Allegri. Avec ce personnage sensible, touchant, cabossé et parfois maladroit, l'auteure tisse un très beau roman sur le pardon, la résilience, la fuite parfois nécessaire pour mieux se retrouver et retrouver les siens.

Un roman émouvant et d'une grande justesse...

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Une terrible délicatesse

Surpris par la beauté du paysage

OU

un vécu à couper le souffle.



Il est des romans qui expliquent, qui montrent, qui argumentent. Ce n'est pas le cas ici. Car si l'on peut, avec un peu de bonne volonté, extraire une thèse ou un motif de presque chaque roman, ce n'est pas ainsi que j'ai lu la Délicatesse .J'ai été pris de court. le roman m'a sauté au visage.



Il y a, bien sûr, ce cadre, celui du métier d'embaumeur. Un univers gris, aux odeurs de désinfectant, aux actes dont on préfère ne rien savoir. Il y a ce Pays de Galles, où j'ai passé quelques années, vers la fin du siècle dernier. Ses rues faites de maisons grises, ses gens plutôt taiseux, ce passé de la mine, que l'on s'emploie à chasser à coups d'investissement en usines de haute technologie et d'hypermarchés en bordure de ville, mais qui pèse encore de tout son poids sur la conscience collective, surtout dans les villages, où partent encore les défilés du premier mai, avec drapeau et fanfare, même si la dernière mine a fermé il y a des décennies. Le passé a la longue vie, et il y encore cette main de fer, celle de la misère, de la maladie, de l'alcoolisme et de tout ce qui va avec. Échappe-t-on jamais à ses origines ?



Dans ce monde couleur de ciment, un enfant, sensible, délicat, nait. Cette sensibilité est particulièrement développée dans sa dimension musicale. Un rayon de soleil, un éclat de vie, de couleurs qui commence à s'épanouir entre un père qui est seul à ne pas travailler dans l'entreprise de pompes funèbres familiale, et une mère d'origines très différentes. le sort, le destin peut-être, veillent : l'homme meurt à trente-deux ans, foudroyé par un infarctus. Désormais, l'enfant, et sa maman, vont devoir faire ménage à deux … Le soleil continuera à lutter avec la grisaille: méchanceté, bigoterie, peur surtout, peur et rejet. Le roman se terminera-t-il en éclaircie ?



Le point fort du roman est l'exquise peinture des sentiments. Ces touches pastel, apposées sur le canevas de la grisaille environnante, suscitent un tourbillon de couleurs et de vie, auquel l'on ne saurait rester insensible, à moins d'être un bloc de béton. Je ne me souviens pas d'avoir jamais pleuré en lisant un livre. Je me suis vraiment demandé comment l'auteur a ainsi pu se représenter l'univers mental d'un garçon d'une dizaine d'années.



Un point faible est l'extrême facilité avec laquelle les problèmes dont souffre ce brave William semblent s'évanouir dès qu'il leur jette un coup d'oeil. D'ailleurs, tous les protagonistes sont encore en vie, et coopèrent gracieusement, ce qui facilite beaucoup les choses. Cela fait penser aux contes de fées, où quelques coups de baguette lèvent les imprécations des vilaines sorcières. Dans la seconde moitié du récit, les dénouements se suivent de façon assez saccadée : des personnages réapparaissent soudainement, au moment opportun, des enchaînements s'opèrent comme par magie, tout cela s'emboîte et se résout avec beaucoup trop de facilité. Péchés de débutante, et tout petits péchés.



Je retiens de ce livre une virtuosité à peindre ces paysages intérieurs, et j'espère que l'auteur n'en restera pas à ce premier roman.











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Une terrible délicatesse

Fait partie de la sélection du Prix des Lecteurs du Val de Sully - section Romans (1/6)



Ecole des embaumeurs de Cambridge.

Lors de la remise des diplômes, le Directeur annonce qu’un énorme pan de terril vient de s’écrouler sur une école. Une centaine d’enfants sont ensevelis. Les services funéraires demandent d’urgence des volontaires pour s’occuper rapidement des petits corps au fur et à mesure de leur découverte.

William, major de la promotion, s’engage immédiatement.

Il ne revient pas indemne de ce voyage en enfer.

Avant de rentrer, prêt à s’engager pour la vie avec Gloria, il lui téléphone pour lui dire qu’il ne peut avoir pas d’enfants après ce qu’il vient de vivre et qu’il souhaite lui rendre sa liberté…



L’auteure nous fait vivre avec beaucoup de réalisme et de sensibilité les interventions sur le corps des enfants plus ou moins meurtri.

Cette partie difficile et très forte en émotions sert de prologue à l’histoire de William.



Puis, dans un style simple, l’auteur partage la vie de son personnage. La densité du début du livre est telle que la lenteur des pages suivantes ont failli me faire décrocher.



Les personnages sont denses.

William est très complexe et parfois irritant dans ses réactions, dans ses hésitations.

Martin et Gloria sont très sympathiques et attachants.



Même si la fin est très prévisible, elle est toute en sensibilité.



N’est pas mon coup de cœur mais peut plaire
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Une terrible délicatesse

Un très joli (premier) roman.

Un roman qui parle d'une catastrophe minière et d'un jeune embaumeur.

Un roman qui parle de musique, de chant et d'un jeune choriste.

Un roman qui surtout parle de pardon et d'amour.

.

Je ne ferai pas le résumé de ce livre paru il y a déjà quelque temps et pour lequel il y a de nombreuses critiques enthousiastes.

Je vous parlerai donc de mon ressenti. Je ne vous cache pas que les premières pages m'ont refroidies : une catastrophe minière qui a enseveli une école au Pays de Galles (malheureusement vrai....) et un jeune embaumeur qui propose d'aider à nettoyer, préparer, embaumer les corps des victimes, des enfants de l'école.... Et puis soudain le Miserere d'Allegri qui passe à la radio et tout déraille.

Petit passage sur internet pour écouter cette musique si envoûtante.

Ce morceau va être la clé du roman, la clé du passé et du présent du jeune héros, un adorable jeune homme qui va multiplier les décisions hasardeuses.

Un très beau roman que je vous conseille vivement. Un roman touchant, musical, tourné vers les relations humaines, la difficulté du pardon. J'ai aimé ce livre.
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Une terrible délicatesse

Après tant de commentaires que dire encore?



C'est un roman magnifique qui s'ouvre sur un tragique accident , pétri d'une infinie sensibilité, qui nous prend , nous lecteurs au coeur, .

Il nous livre des expériences de vie telles que l'on a l'impression de les avoir vécues soi- même .



William est un jeune homme mentalement brisé.



La catastrophe d'Aberfan lui a arraché les entrailles , l'a broyé à cause de ses souvenirs familiaux, à l'écoute du Miserere d'Allegri à la radio.

La profession d'embaumeur est fascinante , à la fois synonyme de répulsion pour ses liens intimes avec la mort mais aussi faite de manière à donner une belle image aux proches d'un disparu ,



Dans le cas de William cet art s'accompagne d'un respect pour le défunt , une infinie délicatesse .



William se pose beaucoup de questions : pourquoi refuse t- il de voir sa mère alors qu'il a perdu son père à l'âge de huit ans et qu'il vit avec son oncle homosexuel ?



Pourquoi refuse t- il de parler à son meilleur ami Martin? .



Pourquoi a t- il cessé de chanter alors qu'il est un éminent , brillant soliste? .



Nous l'apprendrons au cours de ce roman infiniment touchant , bouleversant au sein d'allers et retours dans le passé .



C'est un premier roman initiatique à l'écriture subtile, fluide, soignée, musical , émouvant , au ton juste où l'amour filial , fraternel , conjugal est mis en scène, aux enchaînements parfaitement maîtrisés sous formes de chapitres courts , bien construits .





Où la musique est omniprésente , roman sur le pardon, la résilience, le respect , la fuite, à la profondeur émotionnelle intense , accompagnant la reconstruction de William , le renvoyant à ses certitudes , ses hésitations , ses faiblesses et ses atermoiements .



Une bien belle découverte , bouleversante , à la virtuosité exquise des sentiments , tout entier tourné vers la difficulté du pardon et les relations humaines.

Emprunté à la médiathèque car mis en exergue par le personnel !

Grand merci à eux .

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Une terrible délicatesse

« Des corps en morceaux, des visages de parents entrant dans la chapelle mortuaire, leurs gémissements, leurs pleurs de douleur. Aberfan, comprend-il (...), s'est ancré en lui : Aberfan est derrière ses yeux, dans ses oreilles, son nez, sur ses mains, dans son sang »



William est embaumeur comme sa famille avant lui. Il vit avec Robert, son oncle et Howard, son conjoint, tous deux d’une rare bonté (à la mesure de la gentillesse de William). Alors qu’il vient d’obtenir son diplôme, il se porte bénévole pour intervenir lors de l’effondrement d’un terril sur une école à Aberfan où de nombreux enfants ont trouvé la mort. Son intervention dans cette tragédie va bouleverser sa vie et remettre en perspective ses choix passés…et futurs.



Les premières pages sur la catastrophe d’Aberfan sont à la fois terribles et parées d’une incroyable douceur. Elles donnent le ton, tout comme la musique omniprésente, de ce magnifique roman initiatique, de pardon et de rédemption, qui porte parfaitement son nom. Tout est raconté avec une belle délicatesse.
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Une terrible délicatesse

Dès qu'on commence ce livre, on sent, on sait, qu'on n'en sortira touché, bouleversé. Histoire sublime d'un garçon qui a une voix d'ange et qui reprend le métier de son père décédé : embaumeur. L'autrice connait très bien le sujet son père l'était aussi. Tout est dans le titre si justement choisi : cette délicatesse sur des moments terribles. Notre jeune héros sort abîmé pour avoir exercé son métier après une catastrophe naturelle, ce livre c'est aussi sa reconstruction. Et puis, il y a le Miserere d'Alberi, chant venu d'en Haut, comme un fil rouge, moteur de cette histoire. Allez écouter ce chant, ou faites comme moi : lisez ce livre et prenez 14 minutes après pour écouter ce chant divin. Sublime.
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Une terrible délicatesse

Le roman s’ouvre, en 1966, sur la brillante réussite de William à son examen d’embaumeur alors que se produit la catastrophe d’Aberfan : un glissement de terre dans une petite ville minière vient achever sa course sur une école et quelques maisons avec des dégâts considérables, des enfants morts en grand nombre.



William s’apprêtait à entrer dans l’entreprise familiale de Pompes funèbres, son destin était tracé, mais en entendant la terrible nouvelle il décide de se porter volontaire, malgré les efforts de son oncle Robert, pour aller prêter mainforte aux embaumeurs déjà sur place.



Ceci va changer complétement sa vie : il met un point d’honneur à rendre hommage à ces enfants, qu’il est parfois difficile même d’identifier, en faisant son travail le mieux possible, avec des rencontres avec les mères, parfois à la limite du supportable : comment fait-on face à la mort d’un enfant, alors qu’il n’y a même pas de nom pour qualifier ce qui leur arrive. Il décide de se rendre ensuite aux obsèques, caché dans les collines, par peur d’être considéré comme un voyeur mais lorsqu’un hélicoptère survole les lieux des funérailles c’en est trop, il se met à chanter pour un dernier hommage et lutter contre ce bruit sacrilège.



Au retour, rien ne sera plus pareil, il prend ses distances, notamment avec Gloria sa fiancée qu’il envisage même de quitter car pour lui il est impossible désormais d’envisager d’être père un jour.



Donc une enfance sur fond de conflits, de non-dits qui le pousse à choisir un camp malgré lui. Alors quand survient à l’âge adulte la tragédie d’Aberfan, William va faire ce qu’il sait faire pour tenter de se protéger : fuir, ne pas parler pour oublier, pour mieux se fuir soi-même…



Joe Browning Wroe nous parle de fort belle manière de reconstruction, de résilience, de choc post traumatique avec les terribles cauchemars de William, les accès de panique ainsi que des bienfaits de la musicothérapie, avec le retour vers le chant. Elle parle très bien de l’importance du pardon, de l’effet dévastateur des brouilles familiales, et du droit de chacun au bonheur : on a le droit de vouloir être heureux alors qu’on se sent coupable d’être vivant quand des enfants sont morts tragiquement.



La manière dont l’auteure nous livre les éléments à la manière d’un puzzle est très intéressante car elle permet au lecteur de laisser libre cours à son imagination, entretenant un peu de suspense et construisant au passage la personnalité du héros.



Joe Browning Wroe décrit très justement le métier d’embaumeur, qu’elle connaît bien, ayant grandi elle-même dans un crématorium et auquel elle rend hommage avec ce roman.



Ce roman m’a énormément touchée, car il traite de thèmes que j’apprécie particulièrement et je pense qu’il est impossible de ne pas finir en larmes de certaines évocations. J’ai beaucoup aimé la sensibilité et la justesse du ton de l’auteure qui ne tombe jamais dans le pathos.



Un grand merci à NetGalley et aux éditions Les Escales qui m’ont permis de découvrir ce roman et la plume prometteuse de son auteure.
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
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Une terrible délicatesse

Octobre 1966, sapé par deux jours de fortes pluies, un glissement de terrain a dévalé le flanc de la colline et s'est arrêté sur l'école primaire d'Aberfan, un village du Pays de Galles. Plus de cent quarante corps attendent qu'on s'occupe d'eux. William Lavery, un jeune embaumeur nouvellement qualifié, répond à l'appel à l'aide.



Le livre commence et se termine à Aberfan, mais entre les deux se trouvent 17 ans de la vie de William, alternant entre sa formation dans un pensionnat en tant que choriste à Cambridge, et son apprentissage pour devenir embaumeur. L'auteur nous plonge avec réalisme dans ces deux univers fort différents, mais l'intérêt de ce premier roman sont les conséquences des troubles post-traumatiques dont souffre William, ils vont perturber ses relations avec son ami Martin et surtout mettre en péril son mariage avec Gloria. C'est en renouant avec ses racines musicales qu'il réussira finalement à réparer les fractures de sa vie.



Que ce soit la vie quotidienne dans un chœur ou la préparation des corps avant les funérailles tout sonne juste. Une plongée dans les années 60 en Angleterre avec les préjugés à l'égard de l'homosexualité ou de la grossesse hors mariage. Porté par le personnage tourmenté de William, ce roman émouvant ancré dans un événement historique est aussi un récit sur l'amitié, l'amour et la musique.



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Une terrible délicatesse

Traduit de l'anglais par Carine Chichereau



J'eusse préféré ne jamais connaître les pratiques des embaumeurs. C'est un peu trash, même s'ils ont un grand respect pour les morts dont ils s'occupent.

Nous faisons connaissance avec William alors qu'il vient de recevoir son diplôme d'embaumeur. C'est un tout jeune homme qui va décider d'exercer immédiatement son art oui, c'est un art ) lors du terrible accident survenu dans la petite ville minière d'Aberfan où une école a été ensevelie par un glissement de terrain. C'est une expérience qui le marquera à jamais.

William, à l'âge de dix ans, aime trois choses par-dessus tout : sa mère, Martin et le chant.

Alors, que s'est-il passé pour qu'à dix-neuf ans ces trois amours aient disparus : il ne voit plus ni sa mère ni Martin et il ne chante plus, lui qui avait une voix magnifique.

C'est le thème de ce magnifique roman, bouleversant, avec des personnages auxquels je me suis attachée tellement ils paraissent exister "pour de vrai".

Une lecture que je conseille vivement.
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Une terrible délicatesse

Sploutch. Ca c’est le bruit qu’on fait quand on tombe dans Une terrible délicatesse. En fait non. Parce qu’on n’y tombe pas. On s’y vautre. Sploufffffhhh peut-être ?



Dans les années 60, William est le fils d’un embaumeur. Il vit dans un nuage sucré entre son papa et sa maman. Entouré de l’affection de son oncle Robert, le frère jumeau de son père, et de son compagnon, Howard, même si on ne dit pas les choses ainsi à cette époque. D’ailleurs sa maman chérie ne voit pas tout cela d’un très bon œil mais dans les rires, l’amour et la bonne humeur, les parties de pêche et les repas de famille, ça passe.



Et puis, alors que William n’a que huit ans, son père meurt. Un cancer. Notre héros reste seul avec sa mère pour qui il est tout. Et, sans rapport, le jeune garçon révèle un don pour le chant.



On suit ses années de collège et sa formation au sein du chœur de Cambridge. Les vicissitudes de la vie en collectivité, les brimades, les toilettes à l’eau froide et les défis dans la chambre d’internat. La formidable rencontre, dès le premier jour, avec Martin, joyeux, fort et protecteur. L’Ami idéal qui l’épaule, le protège, l’accueille dans sa merveilleuse famille. Dans son malheur, qu’il est chanceux ce William ! Qu’il est attachant, gentil et attendrissant de… délicatesse !



La suite de son existence sera faite d’à-coups. Pour des raisons que le roman met tout son temps à raconter, William coupe brusquement avec sa mère, Martin, la musique et son destin de chanteur lyrique. Il devient embaumeur avec son oncle et la solitude des soins donnés aux morts le comble.



Autre fait marquant, il y aura, à Aberfan ces quelques heures cruciales durant lesquelles William, tout jeune diplômé offre, aux côtés de quelques autres, tout son savoir-faire, son humanité pour rendre présentables les cadavres de centaines d’enfants qu’une coulée de résidus aura tués après l’éboulement d’une mine. Ca nous le cabossera encore un peu davantage, notre Willy chamallow.



Il y aura aussi Gloria. Rapidement Ray. Quelques autres personnages qui souligneront la gentillesse de William, son entêtement aussi. Parce que, malgré le temps qui passe, le jeune homme met tout son zèle à rester traumatisé par la catastrophe d’Aberfan, à en vouloir éternellement à sa mère et à ne pas écouter ceux qui l’aiment.



C’est à ce moment-là que j’ai sorti un orteil de mon bain de guimauve et que j’ai bien eu envie de botter les charmantes fesses de ce délicat personnage, moi aussi. C’est vrai quoi, il n’est entouré que de gens merveilleux, une vraie conspiration, et il s’obstine à rester chiffonné, incapable de vivre ce que l’existence lui met sous le nez !



On a tous en nous quelque chose de William, ce gamin dont le cœur trop tendre se froisse et se marque. Nous aussi, on veut des catastrophes dans lesquelles se couler pour mieux pleurer. Des grandeurs de musique sacrée. Des amitiés indestructibles et des gens épatants pour nous aimer.



En quelques centaines de pages, on a tout ça. Et même des clodos en voie de rédemption par le chant. Alors oui, c’est sirupeux, un tantinet agaçant. On voit le happy end arriver à grands pas. Même si ce n’est pas exactement celui-là que j’aurais imaginé (Pauvre Martin). Mais ça vous coule un après-midi morose en moins de deux et ça vous essore proprement. Alors bon… Sploufffffhhh !



Merci à Michel de sa critique qui m’avait fait réserver ce livre à la bibliothèque.

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Une terrible délicatesse

Rien, absolument rien ne m'attirait dans ce foutu livre qu'un ami m'a re-fourgué quasiment de force.

"Tu sais, j'ai un peu de mal avec les livres qu'on me prête, et puis un premier livre d'une vielle anglaise etc..."

Bref, je l'ai pris un peu de haut et puis des histoires de choeurs d'enfants et de croque-mort, non merci, j'avais décidemment mieux à faire.

J'ai accepté le livre malgré tout, mis un peu de temps à lui rendre et à le remercier.

C'est sans doute la couverture qui m'a décidé. Et puis j'ai été happé...

On plonge dans une littérature légèrement sirupeuse, au style un peu suranné, qui fonctionne merveilleusement bien. Les mots sont incroyablement justes, c'est limpide mais jamais facile, juste ce qu'il faut pour nous mettre à hauteur de personnage.

Après on est très vite immergé dans plusieurs univers successifs et dans différentes temporalités.

-Je connaissais la catastrophe d'Aberfan d'octobre 1966 au pays de Galle. J'avais été marqué par l'épisode 3 de la 3e saison de The Crown qui l'évoque magistralement : un glissement de terrain sur un terril, 144 morts dont 116 enfants et la reine qui met une semaine avant de débarquer.

Dans le livre on se retrouve littéralement à la place insolite d'un jeune embaumeur bénévole qui a une lourde tache devant lui: faire reconnaitre les petits corps et les rendre présentables. C'est assurément la partie du livre la plus réussie, inoubliable de réaliste et d'humanisme. Un choc aussi.

Boum, on ne s'en remet pas comme ça.

-Quelques années plus tôt un jeune garçon de 10 ans (William, notre héros, évidemment) intègre grâce à une bourse et à sa voix prodigieuse le choeur de Cambridge. On ne le quittera pas pendant ses 4 années d'internat.

Son compagnonnage avec Henri, les rituels d'une autre époque et le quotidien des garçons pré-pubères pagnolisent délicieusement le récit jusqu'à la chute finale. Celle-ci ne nous sera révélée véritablement que dans la toute dernière partie du livre. William, orphelin de père, réussira le tour de force de se brouiller à la fois avec sa mère et son meilleur ami, le fameux Henri.

Alors pas de panique, on se doute bien qu'on ne va pas en rester là.

Bingo: William a plusieurs cordes à son arc et un fabuleux tonton (le jumeau de son père!). Il rejoindra donc l'entreprise familiale de pompes funèbres où il excellera. Le tonton a un petit copain et c'est l'occasion pour l'autrice (Jo Browning Wrow, impossible de retenir un nom pareil...) de déplier gentiment le statut des homosexuels en Grande-Bretagne, dans les années soixante.

Bon, je ne vais pas tout vous raconter non plus : sachez seulement qu'il va être encore question de chants, d'embaumements, de syndrome post-traumatique, de pardon, d'humour et bien sûr de beaucoup beaucoup d'amour.

Alors je vous vois sourcillez: oui c'est du filegoude très haut de gamme et ça fait un peu pleurer, rire et s'émouvoir. Du coup ça fait un bien fou...

Une petite réserve sur le coté catho de gauche mais quoi, ne boudons pas notre plaisir. Tous ces chants religieux sont le fond de commerce de tous les choeurs du monde ou presque.

Et surtout il y a le Chant des chants: "Myfanwy".

Vous trouverez facilement sur Youtube une vidéo, une version galloise de ce chant païen, magnifique, terrible et délicat. J'en ai encore les poils du bras tout dressés !!!





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Une terrible délicatesse

La puissance de la littérature est de mêler en un tout cohérent des thèmes qui n’ont à priori rien à voir entre eux : quel serait le point commun entre musique de chœur et embaumement ? « Une terrible délicatesse » propose un trait d’union avec le personnage de William Lavery, ce garçon si attachant, et par certains côtés, si énervant, tant il est confit dans ses traumatismes.



Octobre 1966, c’est la date de la catastrophe minière d’Aberfan, dans le pays de Galles, que ceux qui ont regardé « The Crown » connaissent déjà : l’éboulement d’un immense terril vient recouvrir les habitations de la ville, et surtout une école primaire, ce qui fera des centaines de victimes enfantines. William Lavery, tout juste diplômé de sa formation d’embaumeur, et du haut de ses dix-neuf ans, se porte volontaire pour s’occuper des dépouilles qui ont besoin de se faire inhumer en toute vitesse. Cette tragédie, dont il ressortira avec tous les symptômes d’un stress post-traumatique, sera la goutte d’eau pour William, en catalysant tous les souvenirs perturbants de son enfance : la mort de son père à huit ans, la relation difficile qu’entretiendra sa mère avec l’oncle de William, une expérience à l’école des choristes de Cambridge avortée, ce qui le rendra incapable d’écouter le « Miserere » d’Allegri, morceau qui a une signification si importante pour lui…



« Une terrible délicatesse » raconte donc le chemin de William dans l’acceptation des différents épisodes difficiles de sa vie, lui qui se rend si difficile à aimer par ses proches. Le roman est vu sous le prisme de ce personnage plutôt narcissique, aux décisions parfois radicales mais qui malgré tout apparaît touchant dans ses vulnérabilités. Le sujet était facilement casse-gueule, et il faut saluer la virtuosité de Jo Browning Wroe d’avoir réussi à construire un personnage malgré tout en nuances, qui essaie à toute force de se remettre en question pour l’amour de sa femme, aidé en cela par une galerie de personnages secondaires formidables : son oncle Robert et son compagnon Howard, et surtout cet ami inestimable, soutien de tous les instants (quand William le laisse faire) qu’est Martin, et Betty, cette habitante d’Aberfan qui épaulera William pendant la catastrophe et qui sera une voix formidable pour l’aider dans sa trajectoire finale de résilience.



Les thématiques traitées sont tristes et douloureuses, ce roman n’est pas gai. Mais pour autant, je l’ai trouvé très émouvant, et passionnant à lire. On en apprend plus sur l’embaumement (sans que ce soit non plus un traité ou un guide pratique), cette dernière étape pour un être humain sur terre, qui requiert technicité, délicatesse et empathie, aussi bien pour le défunt que pour les proches. Un très beau roman marquant.



Merci à NetGalley France pour eux éditions Les Escales – qui décidément publient de bien beaux romans – pour cette belle découverte littéraire.

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Une terrible délicatesse

Il y a quelque chose de joliment suranné

dans ce premier roman très british.

Est ce le ton ? La construction théâtrale?

Les bons sentiments? Le milieu des embaumeurs?

C'est un vrai plaisir de lecture

qui nous transporte dans cette Angleterre

des années soixante, qui semble bien lointaine.

Il y a le monde des pensionnats,

les querelles intestines des familles

Des personnalités fortes, rongées

par leurs démons , des conflits qui ricochent,

un très beau moment où des SDF forment un chœur

L'embaumement redonne bonne figure et dignité

pour partir dans l'au-delà ...c'est déjà ça.



Ce livre très particulier, terriblement délicat

surprend et séduit.
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Une terrible délicatesse

Humain, authentique, ce roman donne corps à un héros sensible, témoin de la catastrophe de 1966 à Aberfan en tant qu'embaumeur. L'autrice côtoie la mort depuis son enfance et elle partage ici le quotidien de ces hommes sans tomber dans le voyeurisme, utilisant la musique pour unifier les différentes parties de ce livre qui, par ailleurs, manque légèrement d'harmonie – l'un de ses défauts de premier roman parfois un peu trop doux (plus de détails : https://pamolico.wordpress.com/2022/09/13/une-terrible-delicatesse-jo-browning-wroe/)
Lien : https://pamolico.wordpress.c..
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