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Citation de RChris


Pour briser la peur qui serre les cœurs, rien de tel que de dénigrer l'armée allemande. Il ne s'agit pas là d'une basse propagande coordonnée par on ne sait qu'elle officine militaire ou gouvernementale, mais d'une sorte d'autopersuasion générale, un acte de foi devenu certitude générale à force d'être repris et répété. En quelque sorte, pour diminuer le péril, tout le monde cherche à se persuader que l'ennemi ne vaut rien. Le grand bal de l'inconscience est ouvert par "Le Temps" dès le 04 août : "Au moment où va débuter une tragédie dont nous ne sommes pas les auteurs, il est bon de prévenir certaines impressions d'imagination décourageantes ou des allusions aux pertes que causent la grande portée et les effets réputés meurtriers des armes modernes. On croit généralement qu'il en résultera ce qu'on a coutume d'appeler des pertes effroyables en hommes. Aussi faut-il redresser les idées à ce sujet à l'aide des statistiques établies après les dernières grandes guerres. Elles démontrent en deux mots que, plus les armes se perfectionnent, plus le nombre des morts des dernières guerres diminue. "" L'Intransigeant" n'est pas en reste : «L'inefficacité des projectiles ennemis est l'objet de toutes les conversations. Les shrapnells éclatent mollement et tombent en pluie inoffensive. Le tir est mal réglé. Quant aux balles allemandes, elles ne sont pas dangereuses. Elles traversent les chairs de part en part sans faire aucune déchirure.» Quelle chance pour les Français ! Seuls les Allemands mourront à la guerre ! Et c'est un festival : «Les projectiles de l'artillerie allemande se sont révélés jusqu'ici très peu efficaces», affirme "Le Petit Parisien" (14 août) : «Les Allemands tirent bas et fort mal ; quant aux obus, ils n'éclatent pas dans la proportion de 80 %», précise "Le Journal" (19 août) ; "Leur artillerie est comme eux, elle n'est que bluff. Les éclats d'obus ne vous font que des bleus", renchérit "Le Matin" (15 septembre). Restait donc à conclure avec "L'Echo de Paris" du 28 août que «la guerre, avec ses allures destructrices, n'a que l'apparence de la destruction». Ces sottises sont également gobées par les autorités à partir de faits partiels, notamment l'échec de l'artillerie allemande devant les forts de Liège avant que les énormes 420 n'entrent en lice et ne les écrasent méthodiquement. "II ressort que les effets obtenus par l'artillerie de campagne allemande ont été, presque nuls du fait d'éclatements trop haut", stipule ainsi un rapport du 8 août. Avant qu'ils n'aient connu l'épreuve du feu, les soldats partagent ces incertitudes qui sont aussi celles de leurs intructeurs : "Les obus allemands sont peu dangereux. Les éclats ne traversent pas le sac. Les charges à la baïonnette sont irrésistibles", note le sergent Giboulet dans son carnet. Et Olivier Guilleux, totalement privé de nouvelles et qui ne cesse de s'en plaindre, ne peut que s'être intoxiqué auprès des bobards de la presse quand, le 11 août, il déclare que "les blessures causées par les balles allemandes sont bénignes".
Le soldat allemand est à l'avenant, aussi inefficace que son matériel. C'est même un vrai poltron selon "Le Matin" :"les Allemands sont amenés au feu comme des automates, ils ne prennent pas la peine de viser et dès qu'on essaye de les aborder à l'arme blanche, ils quittent tout : tranchées, sacs, armes, leurs officiers sont, du reste, les premiers à fuir."
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