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Citation de ChouettedeMinerve


A la manière de ces historiens qui remettent les pendules à l'heure, en passant au crible le passé des hommes d'Etat, Alain Peyrefitte a eu mille fois raison, pour éclairer notre lanterne sur votre personnage, de rechercher dans les archives de la République les grands textes portant votre signature. On y retrouve, notamment, ce "décret-loi" - il figure à la page 2656 du Journal officiel, en date du 19 mars 1956 - par lequel, en votre qualité de ministre d'Etat garde des Sceaux chargé de la Justice, vous inventez une notion inédite en droit français, celle de "flagrant crime". Texte de terreur. Je le soumets au verdict de vos amis de SOS-Racisme. Je le recommande aussi vivement à tous ceux que vous, l'intègre chevalier Ajax de la roche de Solutré, prétendez encore aujourd'hui vouloir sauver des turpitudes de la droite, des complots des juges fanatiques et revanchards, des intolérances de journalistes maniaques.
Puisque vous avez choisi, Monsieur le Président, de vous poser devant nous en autorité morale suprême, puisque vous persistez à rester un divin donneur de leçons, un hypocrite professeur de vertu, dont la carrière serait là pour attester la droiture, rien ne me paraît plus révélateur de votre caractère menteur, truqueur, illusioniste et, pour tout dire, farceur, que d'exhumer du Journal officiel ce "décret-loi" dont on ne peut douter qu'il vous vaudra un jour, ajouté à toutes vos autres envolées senten-cieuses, d'aller quémander votre entrée sous la Coupole parmi nos Immortels :
"En Algérie, les autorités compétentes pourront [...] ordonner la traduction directe, sans instruction préalable, devant un tribunal permanent des forces armées, des individus pris en flagrant délit de participation à une action contre les personnes ou les biens [...] si ces infractions sont susceptibles d'entaîner la peine capitale, lorsqu'elles auront été commises..."
Ainsi, sous Mitterrand en charge de la justice (que vous entendez maintenant sauver des intolérances !), 61 mises à mort furent ordonnées... en 17 mois. Ainsi, on n'avait jamais vu, depuis 1831, un garde des Sceaux présider à autant d'exécutions capitales, en si peu de temps. A cet égard, Alain Peyrefitte raconte, sans bien sûr avoir été contredit par celui qui voulut l'abolition de la peine de mort après 1981, que, en 1956, avec vous, à cause de vous, "la guillotine fontionnait si souvent qu'elle marchait mal et que les exécutions devenaient aléatoires". Mieux encore :
" Le ministère de la Justice étant pauvre, François Mitterrand demande même à son collègue Bourgès-Maunoury, ministre de la Défense, d'en fabriquer une autre, ce qui fut fait à l'Arsenal de Toulon, et de la lui livrer gratuitement,"


Chapitre Le coup de bluff permanent, p162 à 164.
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