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Citation de Aquilon62


Il est, au Museo Nazionale de Florence, une statue de marbre, que Michel-Ange appelait « Le Vainqueur ». C’est un jeune homme nu, au beau corps, les cheveux bouclés sur le front bas. Debout et droit, il pose son genou sur le dos d’un prisonnier barbu, qui ploie, et tend sa tête en avant, comme un bœuf. Mais le vainqueur ne le regarde pas. Au moment de frapper, il s’arrête, il détourne sa bouche triste et ses yeux indécis. Son bras se replie vers son épaule. Il se rejette en arrière ; il ne veut plus de la victoire, elle le dégoûte. Il a vaincu. Il est vaincu.

Cette image du Doute héroïque, cette Victoire aux ailes brisées, qui, seule de toutes les œuvres de Michel-Ange, resta jusqu’à sa mort dans son atelier de Florence, et dont Daniel de Volterre, confident de ses pensées, voulait orner son catafalque, c’est Michel-Ange lui-même, et le symbole de toute sa vie.
La souffrance est infinie, elle prend toutes les formes. Tantôt elle est causée par la tyrannie aveugle des choses : la misère, les maladies, les injustices du sort, les méchancetés des hommes. Tantôt elle a son foyer dans l’être même. Elle n’est pas alors moins pitoyable, ni moins fatale ; car on n’a pas eu le choix de son être, on n’a demandé ni à vivre, ni à être ce qu’on est.
Cette dernière souffrance fut celle de Michel-Ange. Il eut la force, il eut le bonheur rare d’être taillé pour lutter et pour vaincre, il vainquit.

ROMAIN ROLLAND (1866-1944) - Michel-Ange, Préface
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