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Citation de genou


SIR WALTER FINCH ET SON FILS WILLIAM.
Vous êtes né à Ivy Hall, Westmoreland, le premier Juin de l’année mille sept cent quatre-vingt. Il y a quatre jours que vous vîntes au monde.
Votre mère était si bien résolue à vous nourrir elle-même qu’elle n’a pas voulu se pourvoir d’une nourrice. Je l’en avais pourtant bien instamment priée, et même un jour je lui amenai une pauvre femme avec l’enfant qu’elle avait au sein. La femme était belle quoique fort maigre, l’enfant était gras, vif et très bien portant. C’était une quinzaine de jours avant celui où votre mère devait être à son terme. Au nom du ciel, lui dis-je, laissez cette femme demeurer dans un coin du château, ou, si vous le voulez, dans l’étable, auprès des vaches. En même temps que nous ferons un acte de charité, nous nous mettrons l’esprit en repos sur le compte de l’enfant à naître. Si vous n’aviez pas tout de suite une abondance de lait, l’enfant trouverait en attendant de quoi se nourrir. – Votre mère ne le voulut pas. – Elle a une fièvre qui pourrait bien devenir miliaire ou putride, et point de lait du tout. Mon pauvre enfant ! on vous nourrit comme on peut. Hé-las ! je tremble pour vous. Que n’ai-je fait cacher la pauvre femme dans quelque chaumière du voisinage ! Il est bien sûr que si votre mère était venue à le savoir elle ne me l’aurait jamais pardonné, mais j’aurais pu faire en sorte qu’elle ne le sût
de sa vie. Au pis aller, j’aimerais mieux avoir à supporter sa colère que votre mort. Mon fils ! serez-vous un composé de l’entêtement un peu vindicatif de votre mère et de la loyauté timide et souvent mal raisonnée de votre père ? J’espère mieux de vous. Vous êtes si joli ! Ô vivez, mon fils ! ô Dieu, conservez mon fils ! – J’écris ceci pour que mon fils, s’il peut vivre, sache un jour dans quelle anxiété je suis aujourd’hui pour lui. C’est le quatrième de sa naissance. Supposé qu’il lui reste un peu de faiblesse de tempérament de ce manque d’une bonne nourriture pendant quatre jours, il n’en voudra pas, je pense, à son père. En tout cas, il saura sur quoi doit porter son chagrin. Trop de condescendance pour une femme. – Elle était grosse, presque à son terme, assez incommodée. Mariée fort jeune, elle m’a apporté, avec un bien assez considérable, de la chasteté, de la décence, de l’ordre, de l’économie. – La pauvre femme ! elle a soupçonné la mendiante d’être ma maîtresse, et son enfant d’être mon fils ! – Je vais auprès d’elle et la veillerai cette nuit avec une garde. Sa tante, lady C., l’a veillée la nuit dernière. Lady C. est venue assister à ses couches. – Si tu perds ta mère, mon cher fils, sois persuadé que ce n’est pas manque de soins. Elle a eu le meilleur accoucheur de la Comté. Actuellement un médecin qui est en possession de toute sa confiance et de celle de sa famille, demeure ici et ne la quitte presque pas. Elle n’a pas voulu faire ses couches à Londres.
Ce 11 Juin.
Ta mère est plus mal. Sa tante ne cesse encore de vanter son excellent tempérament, et prétend qu’il doit nous ôter toute crainte ; mais le médecin est alarmé. On ne te néglige pas, et tu te portes assez bien. J’ai parlé de te donner une chèvre pour nourrice, et, malgré les clameurs des femmes qui prennent soin de toi, je le ferai très assurément. – On l’a fait ailleurs avec succès d’après les conseils de Cagliostro. – Mais je n’y pourrais avoir l’œil. Je suis trop agité, trop occupé de ta mère.
Ce 13 Juin.
William, vous n’avez plus de mère. Je reste chargé seul de la tâche de veiller sur vous.
Ce 18 Juin.
Il se présente assez de nourrices, mais pas une n’annonce à la fois de la santé, de la douceur et des mœurs honnêtes.
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