Ida Richer

Abreuvé, dès l’enfance, de romances impossibles sur écran géant, il avait dévoré des centaines de films, adulé des dizaines et des dizaines d’acteurs et d’actrices plus ou moins talentueux, découvert des milliers de paysages grandioses et de décors en carton-pâte au réalisme parfois douteux, mais le scénario, lui, était quasiment immuable à quelques nuances près.

Ainsi, toute son éducation sentimentale reposait sur ces histoires d’amour bollywoodiennes dans lesquelles un jeune homme et une jeune femme que tout oppose se rencontrent, tombent instantanément éperdument amoureux, mais qui, conscients de l’indécence de leurs sentiments, tentent de résister afin de ne pas céder aux sirènes immorales de la passion. Bien entendu ils s’en révèlent incapables – sans quoi il n’y aurait pas d’histoire – car, l’amour avec un grand « P » (et oui, Amour se dit Pyaar en Hindi) étant plus fort que tout, ils finissent par se revoir. Ils doivent alors décider de suivre leurs cœurs malgré tout et se préparer à lutter ou de sacrifier leur histoire au nom de la vertu et de l’honneur de leur famille, quitte à vivre avec des regrets éternels.

Évidemment, Arjun était un fervent partisan de l’amour envers et contre tous !