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Citation de Partemps


Henry Miller
Cher Maurice Nadeau,[...] L’autre jour, j’ai essayé de persuader la Viking Press de publier le « Pour saluer

Melville » de Giono, que j’adore. Ils l’ont traduit il y a plusieurs années, et il traîne toujours sur une étagère .Apparemment, ils ne le publieront pas, sous prétexte d’une part qu’il est trop court, et que, d’autre part, ils ne savent pas s’il y a ici un public pour l’œuvre de Giono ,excuse à laquelle je ne crois pas du tout !Je suis fou de rage à l’idée de ne rie ne pouvoir faire par ici pour Cendrars e t Giono. Les lecteurs ont de plus en plus mauvais goût, et cela à cause des éditeurs, du cinéma, de la radio et de tous les autres foutus impondérables qui influencent nos vies. Des conneries, voilà ce qui se vend, rien que des conneries. Rimbaud, comme je l’ai fait remarquer dans l’opuscule que je lui ai dédié, a proposé une dangereuse solution à ce dilemme, une solution à laquelle je trouve que les jeunes écrivains talentueux ici, aux Etats-Unis, ont recours, à tort ou à raison, à savoir : baisser les bras. Arrêter d’écrire, telle est la solution de l’auteur. Cela devient de plus en plus évident. En réalité, dans tous les domaines artistiques, ce sont aujourd’hui les vieux qui sont joyeux et prolifiques ,qui osent aller de l’avant, qui sont jeunes de cœur. Le jour où la vieille garde disparaîtra, il en sera comme avec la terre dans certains Etats américains : la couche supérieure aura été emportée par le vent, les champs deviendront un désert, rien ne poussera plus, pas même le génie ! [...]
DE BERKELEY, CALIFORNIE, 1
ER
AOUT 1953
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