— Il me faut des cigarettes ! En auriez-vous, Arthur ? Turques, de préférence. Ou algériennes. Américaines, à la rigueur. N’importe lesquelles feront l’affaire.
Je le contemplai, interloqué.
— Des cigarettes ? Pour quoi faire ?
— Mais pour les fumer, pardi ! s’écria-t-il.
— Vous ne voyagez pourtant jamais sans vos cigarettes, Oscar.
— Je suis arrivé avec une douzaine de boîtes, gémit-il. Mais j’ai épuisé mes réserves et on ne trouve aucun débit de tabac dans ce trou perdu. Le bourgmestre les a interdits.
[...]
— Je dois avoir du tabac pour ma pipe, lui dis-je en riant.
[...]
— Vous êtes mon sauveur, Arthur. Il y a une bible luthérienne dans ma chambre. La traduction est médiocre, mais elle est imprimée sur un papier de riz des plus délicats. J’emploierai ses pages pour rouler mes propres cigarettes.
— C’est du tabac brut, l’avertis-je en m’excusant.
— Ça ne fait rien, c’est du tabac et je ne vais pas faire le difficile. Je commencerai par Osée et je m’en tiendrai strictement aux petits prophètes.