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Citation de Charybde2


Les dernières années du XXe siècle ont été envahies de personnages plus ou moins médiatiques, sommeliers charismatiques, journalistes, consultants en oenologie. Ils ont eu leur heure de gloire et on a pu penser que le savoir relatif au vin s’était concentré entre leurs mains. Mais on a peu à peu cessé d’en entendre parler et le phénomène des « gourous du vin » s’est estompé sans que n’en soient renouvelées les incarnations. Par-delà ces personnages, importants ou infimes, le savoir est aujourd’hui dilué dans le discours des innombrables « grands dégustateurs » que nous croisons chaque jour, zélotes empressés de l’art de goûter qui hantent les bistrots et les foires aux vins. La dégustation est devenue un phénomène diffus, décentralisé, qui n’existe plus à présent que pour lui-même. Elle s’insère entre la coupe et les lèvres comme une barrière entre l’homme et ses mondes imaginaires. La raison du marché, dont elle est l’invisible émissaire, opère une discrète érosion de la capacité de juger, en même temps qu’une réforme de la manière de dire le vin.
On peut espérer que les buveurs goguenards, dissimulés dans l’ombre et accoudés au comptoir, sirotent des ballons de rouge qu’ils ne dégustent pas, et qu’ils suivent le conseil de sagesse que Jin Oshige donne à Dominique Lestel : « Tu comprends le monde en l’éprouvant, pas en en faisant un modèle abstrait que tu vas appliquer à des éléments concrets. La différence majeure, c’est que tu ne cherches pas à comprendre le monde en t’en détachant au maximum, mais en t’engageant en lui au plus profond de ce qu’il est. » Naturellement, la meilleure manière de suivre ce beau conseil est encore de se joindre à eux.
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