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Citation de Nastasia-B


Raskolnikov était assis à regarder fixement, sans se détacher du spectacle ; sa pensée se perdait en songes, en contemplation ; il ne pensait à rien, mais une sorte de regret le troublait et le faisait souffrir.
Soudain, à son côté se trouva Sonia. Elle s'était approchée sans bruit et s'était assise près de lui. Il était encore très tôt, la fraîcheur matinale ne s'était pas encore adoucie. Elle avait son pauvre vieux burnous et son fichu vert. Son visage portait encore des marques de maladie, amaigri, pâli, affaissé. Elle lui adressa un sourire affable et joyeux, mais, comme à l'habitude, ce fut timidement qu'elle lui tendit la main.
C'était toujours ainsi qu'elle lui tendait la main, timidement, parfois même elle ne la lui tendait pas du tout, comme si elle avait craint qu'il ne la refusât. Il avait toujours une sorte de répulsion à prendre sa main, une sorte de dépit à l'accueillir, et parfois, il gardait un silence opiniâtre pendant toute l'entrevue. Il lui arrivait, à elle, de trembler devant lui et de se réfugier dans une tristesse profonde. Mais cette fois-ci leurs mains ne se séparaient point ; il la regarda à la dérobée et rapidement, ne dit rien et baissa les yeux jusqu'à terre. Ils étaient seuls, personne ne les voyait. Le soldat de garde s'était justement détourné.
Comment cela s'était-il fait, il n'en savait rien lui-même, mais soudain quelque chose sembla le soulever et le jeter à ses pieds. Il pleurait, il lui embrassait les genoux. Au premier instant, elle eut une peur terrible et tout son visage se glaça. Elle bondit et toute tremblante le regarda. Mais au même instant, tout de suite, elle comprit tout. Un bonheur infini brilla dans ses yeux ; elle avait compris, il ne pouvait plus y avoir de doute pour elle : il l'aimait, il l'aimait sans bornes, enfin était arrivée cette minute...
Ils auraient voulu parler, mais ne le pouvaient point. Des larmes brillaient dans leurs yeux. Ils étaient tous deux pâles et maigres ; mais dans ces visages pâles et malades rayonnait déjà l'aube d'un avenir rénové, d'une résurrection totale à une nouvelle vie. L'amour les avait ressuscités. Le cœur de l'un renfermait des sources infinies de vie pour le cœur de l'autre.

Épilogue, Chapitre II.
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