Benjamin a un vrai coup de c?ur pour :
"Ma dernière chance s'appelle Billy D.", Erin Lange, École des loisirs
https://www.librest.com/tous-les-livres/ma-derniere-chance-s-appelle-billy-d--9782211231848.html
(...)
- Peut-être qu’un jour les gens « ressentiront » ma musique grâce à la radio, je risquai.
Billy eut un petit sourire narquois.
- Mon pote, faire ressentir la musique via la radio est à peu près aussi satisfaisant que le sexe par téléphone. C’est sympa, mais c’est carrément pas la même chose.
Je n’avais plus faim, cependant j’étais loin de la satiété.
Si Mum avait cessé de me parler de mon poids, Dad, lui, à l’époque où j’avais franchi la barre des cent quatre-vingt kilos, avait cessé de me parler tout court.
Billy avait vu un ami là où les autres ne voyaient qu'une brute. Et il voyait un père là où les autres n'auraient vu qu'un monstre. Je m'endormis avec le sentiment déplaisant que, pour Billy, je ressemblais beaucoup à l'homme qui, d'une main, lui apprenait à faire un feu de camp et, de l'autre, lui tapait dessus - le sentiment déplaisant que Billy, parti à la recherche de son père, avait trouvé ce qui s'en rapprochait le plus.
Pendant un moment, Billy mit la tête dehors par sa vitre ouverte; il avait l'air de se sentir aussi libre que moi.
Lorsqu'il se fut recalé sur son siège, il ne put plus s'arrêter de tchatcher, sur Monkey's Eyebrow, sur son papa, et combien il était sûr que tout ça était très bien.
- Et quand on aura trouvé mon papa, dit-il, on reviendra et on trouvera le tien.
Je me penchais sur le volant, scrutant à travers le pare-brise la longue route obscure qui s'étirait devant nous.
- Tu sais quoi, Billy D. ? Je ne suis pas certain que les pères vaillent vraiment le mal qu'on se donne pour eux.
La souffrance et l'épuisement me donnaient le sentiment d'être vivant.
Tu ne donne jamais ta chance à rien parce que tu as peur d’être déçu. Et c’est pour cette raison que tu manges. Parce que la bouffe, elle, elle ne te laisse jamais tomber.
Je fronçai les sourcils, tentant de me rappeler quelque chose de gentil qu'avait dit quelqu'un. Or, les seuls commentaires qui me vinrent à l'esprit étaient moins sympas que sinistrement encourageants - une sorte de courrier de fans pervers.
Enfin bref, aux infos on parlait des compagnies aériennes qui avaient décidé de faire payer deux places aux passagers obèses.
Remarquez, je comprends. C'est gonflant d'être assis à côté du gros dans l'avion. Il empiète sur l'accoudoir ou il vous contraint à vous tasser contre le hublot, mais croyez-moi, personne n'est plus mal à l'aise que ce gars-là, le gros, qui doit s'écraser dans ce siège minuscule et qui sait que personne n'a envie d'être à côté de lui. Le coup de l'humiliation est déjà assez élevé, pas la peine de surtaxer.
Il avait décidé que les réponses se trouvaient dans un bouquin_à croire que les livres étaient des routes magiques pavées de petits cailloux de couleur avec un papa au bout de chacune.