LES ANIMAUX
Ils ne vivent pas dans le monde,
Ils n’ont sens ni du temps ni de l’espace.
De la naissance à la mort, bringuebalés
Il n’ont aucune parole, aucune
Où poser le pied
Et ils ne furent d’aucun lieu.
Car c’est par les noms que le monde
S’éleva de l’air vide,
Il fut construit, clos de murs, par les noms
Ligne, cercle, carré
Poussière et émeraude ;
Arraché à la mort désolante
Par le souffle articulé.
Mais ceux-là n’ont jamais foulé
Deux fois un chemin familier,
Jamais, jamais fait retour
Dans le jour ressouvenu.
Tout est nouveau et proche
Dans l’immuable Ici
Du cinquième jour de la Création
Qui restera identique
Qui jamais ne disparaîtra
Le sixième jour, nous arrivâmes.