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Citation de Eric76


Eric76
19 décembre 2017
A cette époque, la Cité de la joie ne comptait qu'une dizaine de puits et de fontaines pour soixante-dix mille habitants. La fontaine la plus proche de Paul Lambert se trouvait au bout de sa ruelle, à la hauteur d'une étable à buffles. Le quartier s'éveillait quand il s'y rendit. C'était, à chaque aube, la même explosion de vie. Des gens qui avaient passé à dix ou douze dans un réduit infesté de rats et de vermine renaissaient à la lumière comme au premier matin du monde. Cette résurrection quotidienne commençait par une purification générale. Là, dans les ruelles noyées de boue, au bord du flot pestilentiel d'un égout, les habitants de la Cité de La joie chassaient les miasmes de la nuit par tous les rites d'une toilette méticuleuse. Sans dévoiler une parcelle de leur nudité, les femmes parvenaient à se laver entièrement, depuis leurs longs cheveux jusqu'à la plante des pieds, sans oublier leur sari. Puis elles prenaient le plus grand soin à huiler, peigner et tresser leur chevelure, avant de la piquer d'une fleur fraiche trouvée Dieu sait où. A chaque point d'eau, on voyait des hommes se doucher avec une boite de conserve, des gamins se frotter les dents avec des bâtonnets de margousier enduits de cendre, des vieillards se lisser la langue avec un fil de jute, des mères épouiller leurs enfants avant de savonner vigoureusement leurs petits corps nus, même dans le froid mordant des matins d'hiver.
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