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Citation de Polomarco


Elle portait un grand plat et, souple et dansante, s'avançait vers leur table. Personne ne l'avait entendue venir : elle marchait pieds nus. Mais, dès qu'on la vit, les bavardages cessèrent comme par enchantement. Un silence de stupeur frappa les convives. On entendit à nouveau les grillons. Durant tout le temps où la jeune fille évolua autour d'eux -au grand étonnement de Marie-Hélène, elle savait servir à l'ancienne, selon une impeccable étiquette-, personne ne put parler. Même la maîtresse de maison qui trouvait la situation saugrenue.
La jeune fille rayonnait. Avec ses cheveux noirs très courts, ses dents de nacre, elle exprimait une merveilleuse jeunesse. Elle ne s'estompait pas comme Marie-Hélène l'eût souhaité, telle une figurante dans un décor. Au contraire. Elle avait l'éclat d'une star. De la soubrette, elle n'avait que le costume : une robe noire et un tablier blanc. La robe, à décolleté bateau, arrivait à mi-cuisses. Benoît Darmon savourait du regard les jambes et les bras satinés, doux comme une peau d'abricot. Le tablier blanc avec le volant épinglé sur la poitrine à moitié visible ressemblait à un accessoire d'opérette. La jeune fille semblait jouer, être quelqu'un d'autre. Quelqu'un que personne ne connaissait, bien différent du rôle incertain et secondaire de servante qu'on lui attribuait. Quand elle se penchait, un curieux bijou en or qui représentait une main, se détachait de ses seins ronds et se balançait au-dessus de l'hôte auquel elle présentait le plat.
La jeune fille fit en balançant des hanches le tour de la table, vivement, sans s'attarder, mais en se laissant contempler, sous tous les angles. Elle disparut. On fut bien incapable de reprendre la conversation là où on l'avait laissée (pages 34-35).
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