En vérité, ce clan de femmes fut, dès ma petite enfance, le bouclier qui me protégea de mon père, rude, incapable d’exprimer des sentiments, iconoclaste, imprévisible et mal embouché. Puisque ces femmes avaient à peine fréquenté l’école, ce qu’elles déploraient, car à leurs yeux il me fallait échapper à « leur maudite vie » – d’accord avec maman sur ce point –, elles appuyèrent mon émancipation culturelle.
Hélas, en me poussant hors de mon milieu d’origine, elles ignoraient combien elles effilochaient aussi nos liens familiaux.