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Citation de aleatoire


Préface

Il était une fois, de l'autre côté de la terre, une guerre d'Indochine. Très loin dans l'espace, très loin dans le temps.
Delphine Robic-Diaz m'a demandé cette préface. Pris à froid, j'ai répondu oui, bien sûr, et j'ai pensé à autre chose, parce qu'ainsi va la vie.
Je trouvais - et je trouve toujours, plus que jamais émouvant - qu'une belle et jeune femme consacre une bonne part de sa vie professionnelle, et un peu plus, à retrouver l'écho dans le cinéma français de cette vieille guerre oubliée, escamotée, parfois cruellement appelée "la sale guerre" par certains.
Peu de films en vérité, comme si la France se détournait, mais plus que je ne pensais, et, ici ou là, distillée goutte à goutte dans des films dont le sujet n'avait aucun rapport, la présence éphémère d'un "ancien d'Indo" traumatisé et alcoolique le plus souvent.
Je me croyais bien informé, mais j'ai beaucoup appris en lisant ces "Image(s) d'un trou de mémoire" sur des films que je n'avais pas tous vus, sur les intentions et les difficultés de mes talentueux confrères qui s'étaient lancés dans l'aventure de parler de cette guerre, chacun avec son regard et ses nuances. Trou de mémoire !
J'ai aussi beaucoup appris sur moi ! Très étrange. J'ai eu parfois l'impression de me trouver sur le divan d'un psychanalyste (ce qui ne m'est jamais arrivé), d'assister de loin à une sorte de plongée dans mon inconscient, à une autopsie !... Non, je suis vivant, pas une autopsie, mais une vivisection. Etrange et dérangeant, bien que ma psychanalyste en l'occurrence porte un regard chaleureux et sympathique à ma nature et à mes œuvres. On ne se connaît pas. Inconfort de la lutte entre soi et soi-même, entre l'être qu'on est et l'être qu'on veut être.

Hier soir, j'ai abandonné ma préface inachevée. Ce matin, comme tous les matins, je marche sur la plage. Une plage immense, déserte à cette heure. Je me ressource. Mais ce matin, j'éprouve un vague tourment. Il fait gris. Il fait froid. Il y a de la bruine qui me rappelle le crachin du Tonkin pendant la mousson de nord-est. Je regarde la mer et nul ne pourrait dire où commence le ciel.

Pierre Schoendoerffer
Combrit. Finistère
Le 2 septembre 2011.



A mon tour maintenant...

Un immense merci pour cette magnifique préface.
Il était une fois une étudiante dont le rêve était de regarder un jour Diên Biên Phu aux côtés de Pierre Schoendoerffer... elle fut exaucée le 23 avril 2003, lors de la projection du film aux Invalides, assise au dernier rang, près des marches où vous aviez discrètement pris place dans l'obscurité...

Delphine Robic-Diaz
Paris, le 3 septembre 2011.
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