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Critiques de David Lodge (584)
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Réussir, plus ou moins

Logde ou la modestie autocentrée



C'est en 1992 que l'on retrouve David Lodge dans un troisième et ultime volet autobiographique après "Né au bon moment " et "La chance de l'écrivain ".

David a mal au genou. Anxieux et dépressif, il a besoin d'une bonne "Thérapie " qui sera couronnée de succès. Il testera ensuite de nouveaux moyens d'expression comme le film documentaire ou les adaptations télévisuelles. Un petit compagnonnage insolite sur les chemins de Compostelle ou une adaptation interminable de "Martin Chuzzlewit" de Charles Dickens pour le petit écran que je n'ai lue que d'un oeil.

Même s'il maîtrise "L'art de la fiction " à la perfection, je mourrai d'envie de lui dire "Les quatre vérités".

"A la reflexion", c'eût été une mauvaise idée. David Lodge a probablement deviné mes "Pensées secrètes ".

Retrouvant son mordant et avec une sobriété à toute épreuve, il évoque un monde littéraire qu'il connaît parfaitement et n'hésite pas à glisser au passage quelques anecdotes bien croustillantes.

Ici, pas d'effets de manche, Lodge nous sert "La vérité toute nue". Il nous raconte ses joies et déboires au théâtre. Un peu comme Henry James, il toujours rêvé d'entendre "L'auteur ! L'auteur!" après une première représentation théâtrale.

Malheureusement, ça ne s'est pas toujours passé comme il souhaitait.

Même "Hors de l'abri", il reste à l'image d' H.G Wells "un homme de tempérament ". Il estime qu'il lui reste "Des vies à écrire " et persiste à louer l'importance de "L'atelier d'écriture".

Avec l'âge et une audition de plus en plus défaillante qui le contraint à voir "La vie en sourdine ", il éprouve davantage de difficultés à écrire de la fiction.

Peu importe, l'écrivain anglais à l'oeuvre impressionnante et aux "Jeux de maux" sans équivalents peut bien se dispenser de nous envoyer des "Nouvelles du paradis". "Réussir, plus ou moins" clôture le bilan d'une carrière au succès bien mérité.



L'auteur ! L'auteur !











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Né au bon moment

L'autobiographie de David Lodge ( Né au bon moment ) ressemble à roman de David Lodge. David Lodge développe ses thèmes de prédilection, le monde de l'université, le monde de l'édition, et la sexualité vue au travers du dogme catholique.

Son autobiographie commence par l'histoire de ses grand parents et se termine en 1974, année de la reconnaissance de son deuxième roman.

L’autobiographie fourmille de détails, de personnes, mais il n'y a ni roi, ni reine, ni"People", comme pour indiquer qu'il n'a pas besoin de faire valoir pour exister.

L’autobiographie est aussi le récit du bouleversement du quotidien en Angleterre entre la fin de la seconde guerre mondiale et le début de la guerre du Vietnam. Bien qu'il soit au centre du livre, il rend hommage avec chaleur et humour aux talents de ses proches.



Note: peut-être, faudrait-il indiquer à David Lodge que Lille n’est pas en Belgique (page 20) et que l’université de Leuven ( Louvain) n’est pas aux Pays Bas (page 327) ?

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Thérapie

Lawrence Passmore est un homme à qui la vie a souri. Pourtant une douleur chronique à un genou qui le fait terriblement souffrir, va lui fait perdre toutes ces certitudes? Et si sous les apparats la coquille était finalement vide ? Arrêt sur images, Lawrence en plein doute existentiel va nous raconter sa « belle vie ». Pour guérir ?

Lire David Lodge c’est s’assurer quelques heures de plaisirs. « Thérapie » en est une nouvelle fois la preuve. En scrutant la vie de Lawrence Passmore, Lodge s’attache à se moquer de ces contemporains. Passmore n’est pas un héros, loin de là, non juste un type qui à longtemps cru détenir les clés d’une vie sans nuages. Mais l’essentiel n’est pas forcement là ou on le croit ?

Lodge s’efforce de lui remettre les yeux en face des trous avec ce qui fait le charme british: une pointe de cynisme, une autre d’humour. Suivez sa « Thérapie » ça marche à tout les coups.
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L'Auteur ! L'Auteur !

"Je suis le genre d’auteur dont les gens pensent que les autres me lisent."

(V. S. Naipaul)



Ah, ces auteurs, et leur chemin épineux vers la gloire !

A certains, un seul livre suffit pour les propulser immédiatement aux sommets, d'autres triment des années durant en attendant en vain un peu de reconnaissance. Et pourtant, à la fin il n'y a que le Temps qui décide de la pérennité de l'Oeuvre, peu importe qu'elle soit écrite avec une plume d'oie, sur une vieille machine Remington ou sur un clavier électronique dernier cri.



Entre nous, avez-vous déjà entendu parler d'un roman appelé "Trilby" ? Cette romance d'une petite Parisienne tombée dans les filets d'un méchant hypnotiseur fût pourtant l'un des plus célèbres "best-sellers" du 19ème siècle finissant, tant en Angleterre qu'en Amérique, et sans doute le premier livre à déclencher une véritable campagne de marketing. Chapeau Trilby, gâteau Trilby, chaussures Trilby, toute une ville baptisée Trilby... bref, le monde anglo-saxon était en proie à une trilbymania incompréhensible même à l'auteur du roman, et elle a fini par mentalement l'épuiser.

Cet auteur était George du Maurier, dessinateur humoristique pour le Punch, et grand ami de l'écrivain Henry James. On connait bien sa petite-fille Daphné, mais qui se souvient encore de George et de cette belle amitié avec James ? De cette satanée "Trilby" ? De toute cette drôle d'époque victorienne, ses phénomènes de mode et de son microcosme littéraire, navigant entre Londres, la campagne anglaise et l'Italie ?



David Lodge le fait dans "L'auteur ! L'auteur !". Cet agréable roman retrace avant tout une partie de la carrière d'Henry James, mais à travers l'écrivain il fait aussi revivre tout le monde littéraire de l'époque. Wharton, Shaw, Wells, Wilde et tant d'autres vont traverser les pages, et vous serez parfois surpris à quel point l'irréprochable gentleman cosmopolite James pouvait être jaloux de leur succès.

Il est presque amusant de constater comment la renommée littéraire de James de son vivant ressemble à ses histoires de fantômes : c'est tout aussi curieux et indéchiffrable. Il jouissait d'une grande estime en tant qu'écrivain, mais en réalité, presque personne ne lisait ses livres. Les rédacteurs étaient honorés de publier ses romans sous forme de feuilleton, mais étaient toujours soulagés de passer à quelque chose de plus "trilbyesque", qui plaisait davantage aux abonnés. Trop opaque. Trop pessimiste. Trop long. Trop d'intériorisation... pourtant, James n'était pas enclin aux concessions, sachant que ses écrits sont bons. Alors, pourquoi le succès ne semble toujours aller que vers les autres ?



Lodge se base sur les documents et les correspondances, et (comme il l'admet dans la préface) il ne peut qu'imaginer ce qui se passait dans la tête d'Henry James pendant toutes ces années d'essais et d'échecs, mais il le fait fort bien.

Les romans se vendent mal, alors Henry tente de percer dans le milieu théâtral. Le "clou du spectacle" absolu de ce roman sont les passages qui parlent de la soirée de la première représentation de son "Guy Domville", l'ultime tentative après quelque pièces accueillies assez tièdement. Lodge fait alterner le déroulement de la pièce au théâtre avec les tourments de James, épuisé par d'éternelles demandes de retravailler, raccourcir et égayer sa pièce, et tellement stressé qu'il n'ose même pas assister à la première. Il va voir en attendant la nouvelle comédie de Wilde dans le théâtre voisin, totalement incapable de se concentrer sur quoi que ce soit, à part le succès tonitruant de Wilde. Un de plus, tandis que lui... Mais le public est tout aussi bruyant à la tombée du rideau sur "Guy Domville", où James se pointe au tout dernier moment, en les entendant réclamer l'auteur. Mais quelque chose est différent par rapport à la pièce de Wilde...



Si on a toujours reconnu la valeur des ouvrages de James, et surtout si vous les appréciez personnellement, vous ne pouvez que compatir avec ce gentleman vieillissant, même si le roman est loin de le montrer sous un angle flatteur. Ne jamais s'emporter, ne céder jamais à la vulgarité ni aux émotions excessives. Peut-être par peur de trop se dévoiler ? Certains sont pourtant ainsi faits, et il n'y a que leurs amis pour comprendre. Henry James en avait beaucoup, certains très proches. Comme ce dessinateur semi-aveugle de Punch, ou comme Constance, fille de James Fenimore Cooper, avec laquelle il ne s'est jamais marié. James le réservé, James le distant, James l'indécis...

Lodge met en scène un grand nombre de personnages intéressants dans cette Angleterre si puritaine, qui contraste avec l'insouciance et la "modernité" américaines, à leur façon tout aussi puritaines (les romans de James débordent de ce contraste) et avec les moeurs libres des Français (ah, ce Maupassant !).

Je donnerais volontiers cinq étoiles rien que pour le bref passage sur la visite d'Alphonse Daudet à Londres, je vais donc garder cette note pour l'ensemble.

Une note toute subjective : comparé aux autres romans de Lodge (lus toujours avec plaisir, et oubliés aussitôt avec succès), c'est sans doute celui que j'ai apprécié le plus. Même s'il peut paraître un peu long et légèrement pessimiste, sans parler de l'omniprésente intériorisation... mais quel auteur est parfait ?
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Jeu de société

Voulez-vous jouer à ce jeu de société bien particulier dans les années 80 en Angleterre ?

Il s’agit d’allouer à un directeur d’industrie une « stagiaire » prof d’unif, un jour par semaine durant un trimestre. Car l’année qui nous intéresse s’appelle « année de l’Industrie » et les pontes de tout poil ont décidé qu’il fallait que les couches de la société s’interpénètrent. Cela va donner bien des surprises !





La jeune prof, Robyn Penrose, suit Vic Wilcox dans cet enfer qu’est l’usine de métallurgie, dans les Midlands.

Région industrielle par excellence, ville grise et noyée sous la poussière, usine effroyable de bruits, de crasse, de noirceur, de laideur. Bienvenue à Rummidge, ville inventée par David Lodge, mais pouvant très bien être Birmingham, par exemple.

Nous suivons cette intellectuelle pur jus, rompue aux exercices du « déconstructivisme », maniant avec brio signifiants et signifiés, spécialiste du roman industriel anglais du 19e siècle et du féminisme, faire ses premiers pas avec effarement dans l’enfer sur terre. Ce n’est pas Vic Wilcox qui l’aidera à s’intégrer, il n’en que faire de cette universitaire, lui qui est déjà affublé d’une femme usée et d’enfants profiteurs. Quoique...

La rencontre d’esprits différents au possible peut s’avérer bénéfique, ou à tout le moins peut faire des étincelles qui mettront peut-être le feu à quelque chose de plus conséquent, je n’en dirai pas plus.





J’ai suivi avec intérêt et amusement réel les affres de la jeune prof dans cet univers d’ouvriers pragmatiques et directs, ses confrontations très brutes avec le directeur ou ses employés directs, et ses retours à la vie universitaire elle-même en butte aux difficultés économiques.

Qui peut survivre dans cet univers bien british des années 80, capitaliste, machiste, moderniste ?

Celui qui a de l’humour, assurément, ou qui considère que la vie s’affronte pas à pas, à coups de culot et de vérités bien placées...





David Lodge a de l’humour, ses protagonistes ont du culot, pour le plus grand plaisir des lecteurs.

Alors, on joue ?

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La chute du British Museum

Panique chez les Appleby.

Jeune couple à la tête de déjà 3 enfants, débordé par leur progéniture, voilà-t-y pas qu'un quatrième va peut-être pointer le bout de son nez.

Alors enceinte ou pas? Suspense.



Adam, le jeune père de cette grande famille, n'en dort plus. Brillant étudiant en fin de cursus, il prépare sa thèse sur "la structure des phrases longues dans trois romans anglais modernes". Faut avouer que ça en jette bien. Et ça justifie donc toutes ces heures passées au British Museum, deuxième maison d'Adam, le nez dans les livres du matin au soir.

Mais le coeur n'y est plus. L'angoisse de la marmaille à élever le ronge.

Seigneur Jésus Marie Curie, faites que madame ne soit pas enceinte.



Faut dire qu'on est dans le Royaume-Uni des années 60, et que les Appleby sont de fervents catholiques. Et donc, de contraception point question tant que l'Eglise n'aura pas donné son aval et légiféré sur le contrôle des naissances.

Sexe pour procréer oui, pour le reste walou. Et oui mon fils, le Seigneur ne reconnaît pas le plaisir charnel.

Pour l'heure, les rapports se planifient donc sous l'oeil fiévreux du thermomètre et l'étude assidue des températures, on gère comme on peut en priant tous les saints que la graine ne prendra pas.

Pauvre Adam, égaré à des années-lumière de la sexualité trépidante et orgasmique dont il rêve.

 

Dans la préface de l'édition de 1991, David Lodge nous éclaire sur le contexte de cet ouvrage et ses motivations. Il admet s'appuyer sur sa propre expérience de catholique pratiquant paumé dans les saintes directives en matière de sexualité et d'épanouissement du couple.

De plus, Lodge se fait plaisir (et nous fait plaisir tant qu'à faire) en agrémentant les rêveries de son personnage de clins d'oeil aux grands auteurs (Virginia Woolf, Hemingway, Conrad ou encore James Joyce pour ne citer qu'eux). Encore faut-il saisir les références... (re-merci à cette précieuse préface qui m'a particulièrement guidé, tout en faisant émerger l'étendue de mon inculture littéraire en matière de classiques...).



Accompagné d'un savoureux british humour, les aventures de Adam Appleby se suivent donc dans la bonne humeur, et tout en divertissant, amènent à réfléchir sur la place et le poids de la religion dans les choix de l'individu.



So british, so christian, so cute.

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Pensées secrètes

"- Nous ne saurons jamais avec certitude ce que pense vraiment quelqu’un d’autre. Tout comme personne ne peut connaitre nos pensées aussi intimement que nous.

- C’est pour ça, je suppose que les gens lisent des romans. Pour savoir ce qui peut se passer dans la tête d’autres individus.

- Mais tout ce qu’ils découvrent, en réalité, c’est ce qui s’est passé dans la tête de l’auteur. Il ne s’agit pas d’un vrai savoir".



Nous voici au cœur du roman de David Lodge mettant en scène un microcosme décrit avec humour et autodérision, l’université, et où les deux personnages principaux sont un spécialiste en sciences cognitives et une romancière.

Ralph Messenger, cinquante ans, marié avec enfants, scientifique responsable à l’université de Gloucester (fictive), grand coureur de jupons, fait la connaissance de la romancière londonienne Helen Reed, la quarantaine et veuve depuis peu, chargée du cours de création littéraire pendant un semestre.

Tous deux intelligents et lucides, ils entameront des conversations très intéressantes sur la conscience, domaine dans lequel ils excellent, chacun dans leur partie – opposée – évidemment.

Cela donne lieu à un vrai débat sur la conscience de soi et tout ce que cela implique : la mort, la croyance en un Etre quel qu’il soit, les émotions comme les larmes et le rire… La science est-elle capable de répondre à toutes ces questions ? « N’y a-t-il pas des domaines de l’humain qui se dérobent à toute méthode scientifique ? Je pense au bonheur, à la tristesse, au sens du sublime, à l’amour… »



Réflexions aussi sur la littérature, le besoin qu’ont les humains de raconter des histoires, « un des outils fondamentaux pour donner un sens à ce qu’ils vivent, et cela depuis la nuit des temps », et particulièrement depuis l’ère du roman, où « les écrivains sont requis d’inventer à chaque coup une nouvelle histoire ».



Mais rassurez-vous, ce n’est pas qu’intellectuel !

Le dada de David Lodge, c’est la société gravitant autour de l’université : les professeurs, les élèves, mais aussi les épouses, les maitresses, les amis, les traitres.

Tout ce petit monde s’agite et nous les observons, grâce à nos deux personnages principaux antinomiques, de manière très complète.

C’est un roman jouissif, où l’intellect rejoint le sensible, où les drames côtoient la raison pure.

Pour moi, c’est un des meilleurs romans de cet auteur, complet et, cerise sur le gâteau, saupoudré d’humour british.

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La vie en sourdine

Un roman convaincant, remplis d'ironie désabusée sans pathos ou excès cependant.

Il y a une certaine légèreté qui se mélange à une gravité certaine .

C'est un roman anglais jusqu'au fin fond du style et de la tonalité générale.

Il y a un humour pince sans rire très british. C'est drôle. c'est grave .c'est drôle mais pas hilarant.

L'auteur aborde des sujets difficiles sur le plan humain et là où il y a du drame je trouve qu'il dédramatise sans édulcorer la gravité, le drame et la peine.

Les personnages sont d'une très solide consistance.

Un excellent roman sur la vie et sur le temps qui passe et qui dédramatise ce qui fait peur en posant l'ordre des choses comme contexte naturel.

Mon premier de l'auteur et il est excellent.
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La chute du British Museum

Quand l’Eglise catholique se mêle de la vie sexuelle des gens, cela donne un roman humoristique écrit par David Lodge...



Oui, la vie sexuelle dans les années 60 ne devait pas être une partie de plaisir avec l’ombre menaçante de l’Eglise stipulant que rien ne devait être une entrave à la procréation voulue par Dieu. Donc, aucune contraception n’était admise, à part la fameuse méthode de la température, prise tous matins, qui fait ressembler la femme à un porc-épic, dixit Adam, le héros de l’histoire.

En effet, Barbara sa femme, de peur de tomber sur un thermomètre défectueux, s’en met un en bouche et l’autre...bon. Bonjour le romantisme ! Surtout dans un appartement de 2 pièces, avec 3 enfants en bonne santé, parlant, mangeant, déféquant...Et tout ça à 25 ans, avec une thèse à préparer au British Museum, où il se rend sur une mobylette menaçant à tout moment de rendre l’âme.



Pour tout dire, ce pauvre Adam n’a qu’une obsession : ne plus avoir d’enfants. Il a déjà assez donné. Mais c’est très difficile pour lui de rompre avec les préceptes de l’Eglise catholique... Donc son imagination décolle de la salle de lecture du British où il est confiné avec son ami lui aussi étudiant. Pas seulement son imagination, car il rencontre des personnes tout à fait insolites et même très très bizarres.



David Lodge signe ici un roman « doucement déjanté », mêlant humour british, pastiche et allusion à plusieurs romanciers britanniques modernes (c’est cela qui est difficile à discerner pour moi). C’est loufoque tout en restant dans les limites, comme tout bon Anglais.



Et bon Dieu, l’Eglise catholique en prend pour son grade !

Ce pauvre Adam Appleby s’en veut d’avoir croqué la pomme...

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Changement de décor

Il est bon quelquefois de changer de décor, càd de lieu de vie, et par là –même de vie, même si ce n’est que temporaire. Heu...bon, avons-nous dit ? Peut-être que oui, peut-être que non.

C’est ce qu’ont fait respectivement Philip Swallow et Morris Zapp, deux professeurs de langue et littérature anglaises et américaines, habitant l’un à « Rummidge », ville imaginaire des Midlands, et l’autre sur la côte ouest des USA.

L’échange doit durer 6 mois, et ils partent seuls. Plus de femme, plus d’enfants. Seuls avec leurs rêves et leurs regrets. Seuls face aux tentations. Seuls avec leur caractère modelé par la vie ancienne, face à une nouvelle vie.

Le parallélisme de leur situation est flagrant, et David Lodge s’est bien amusé : les révoltes estudiantines de la fin des années 60, les épouses et leur envie de s’épanouir ailleurs que dans leurs casseroles, les nouveaux collègues et leurs querelles intestines, tout cela formera un bloc face à ces arrivants, bloc auquel ils devront faire face inévitablement.



J’ai dit que Lodge s’était bien amusé, mais moi, je me suis passablement ennuyée. Oui, j’ai ri quelquefois, j’ai souri à plusieurs reprises, là où l’humour anglais a encore frappé. Mais je m’attendais à m’amuser follement, comme dans « Thérapie », par exemple.

Lodge, à certains moments, a changé sa narration, et une des parties se transforme en roman épistolaire. C’est cette partie qui m’a vraiment bien plu, car on pouvait deviner derrière les écrits tous les non-dits. Une autre section du livre recense des extraits de journaux. Bof. Une autre encore est écrite sous forme théâtrale. Mieux.

Mais en général, j’ai été assez déçue.



Je n’ai pas envie de m’appesantir davantage sur un roman qui m’a déjà semblé assez lourd.

Et donc je vais m’empresser, après cette lecture, de changer de décor.

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Thérapie

Pauvre, pauvre Lawrence !

Laurence Passmore, alias Tubby, presque 60 ans, a une belle femme sportive, une voiture de sport rutilante, une grande maison avec jardin dans la banlieue de Londres, un petit appartement pied-à-terre dans le West End de Londres, une profession qui lui fait gagner plein d’argent (il est scénariste d’une sitcom qui a atteint un succès phénoménal), 2 enfants casés et bien dans leur peau (quoiqu’il ne s’y intéresse guère), une amie de cœur qu’il voit 2 jours par semaine.

Pauvre, pauvre Lawrence !

Eh bien oui, pauvre Lawrence ! Il a mal au genou et il souffre de dépression chronique. Une dépression, me direz-vous ! Oui, une dépression, profonde. Il est angoissé et il ne sait pas pourquoi. Il est désespéré.

Entre la lecture de Kierkegaard, le souvenir de son premier amour, un rendez-vous chez le psy, l’aromathérapeute ou l’acupuncteur, des parties de tennis avec ses copains aussi mal fichus que lui, quelle sera la thérapie de Lawrence?



Quand je choisis un roman de Lodge, je sais que je vais m’amuser. C’est fin, c’est spirituel. Et ici, c’est gagné. De l’humour dévastateur maitrisé par l’autodérision à la réflexion brillante tenue en laisse par la sensibilité, tout en cet auteur me plait. J’ai passé d’excellents moments mêlant le sourire, le rire et l’attendrissement. On y trouve entre autres une description franche et hilarante du milieu de la TV et même une réflexion intelligente sur l’acte d’écrire. Quant aux nombreuses allusions à Kierkegaard, c’est un pur régal.



Ah les auteurs anglais, ils n’ont pas leur pareil pour se moquer d’eux-mêmes et de leurs semblables. David Lodge en est un exemple parfait, c’est pour ça que je l’aime !

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La chute du British Museum

S’agissant d’anciennes lectures, en général je ne fais pas de critique si je n’ai pas aimé. Mais là, j’ai envie de dire haut et fort que je n’ai pas aimé, ou peut-être quelque chose m’a échappé. Ainsi, selon les dires de l’auteur il y a de nombreux passages de parodie que j’ai trouvés sans intérêt. Lodge décrit de A à Z le monde universitaire : des relations d’universitaires à universitaires. C’est ce qui s’appelle de la littérature d’universitaires pour universitaires. Le monde universitaire qui y est décrit est vaguement fripon, mais de là à parler de picaresque ! Il y a aussi le catholicisme, j’allais oublier : vivement critiqué, car la cause de tous les ennuis d’Adam, surtout l’interdiction de l’avortement.
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Thérapie

Lawrence Passmore a tout pour être heureux. A presque 60 ans, il est le scénariste reconnu d'une sitcom à succès, il a une superbe femme qu'il aime, une belle maison en banlieue, un petit studio au coeur de Londres, une jolie voiture et deux enfants adultes à qui la vie sourit également.

Et pourtant Lawrence (alias Tubby) est malheureux. D'abord, il a très mal au genou, et la chirurgie n'a rien arrangé. Puis il est en désaccord avec les producteurs de la série. Puis il soupçonne sa femme d'adultère. Puis il découvre Kierkegaard, auteur danois qui ne respire pas précisément la joie de vivre, en qui Lawrence croit déceler un alter ego. Tubby est donc déprimé, dépressif, et ne sait comment en sortir, ni même s'il veut en sortir. Il tente quand même le coup, d'abord raisonnablement à coup d'aiguilles et d'huiles essentielles. Mais l'acupuncture et l'aromathérapie ayant montré leurs limites, les tentatives de Tubby sont de plus en plus maladroites et hystériques : se venger du présumé amant de sa femme, se venger de sa femme en prenant une maîtresse, renouer avec son premier amour de jeunesse, écrire son journal...

Aah le charme de l'humour british ! On rit, on se moque et on s'attendrit sur ce pauvre Tubby, passé maître dans l'art de l'autodérision, on se délecte de l'ironie de l'auteur quand il tire le portrait sarcastique du milieu de la télévision et de celui des thérapeutes de tout poil, on se prend à réfléchir sur le sens de la vie avec Tubby, qui croyait tout avoir et qui n'en était pas épanoui pour autant, trop éloigné de l'essentiel et de l'authentique.

Moins cher que dix ans de psychanalyse : essayez la "Thérapie" par le rire de David Lodge.
Lien : https://voyagesaufildespages..
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Nouvelles du paradis

Pour David Lodge, le Paradis pourrais bien se trouver à Hawaï, en lisant son roman on serait même tenter d'y croire. Quoi de mieux qu'un auteur de cette trempe pour passer un excellent moment, car ne nous y trompons pas sous l'apparente légèreté du résumé, le plaisir va bien au-delà. Lodge embarque donc Bernard Walsh prêtre défroqué avec son embarrassant papa mais aussi une un groupe de touristes bruyant et sans gène comme il se doit. Alors que les deux hommes débarquent, papa Shaw se retrouve illico à l'hosto because une fracture. Forcément ça jette un froid chez les Shaw !!!

Et c'est parti pour un vrai plaisir de lecture. C'est cela qui est formidable chez Lodge car sous l'humour loufoque ou cynique, il brasse un grand nombre de thèmes qui sans y paraitre son bien plus profond que ce que l'histoire laisserait croire. Religion, liens familiaux, blessures d'enfance, choix de vie, amours, Lodge est passé maitre en la matière pour nous questionner et donner chair à ces personnages. Comme le chantait le grand Georges « Un petit air de Paradis, sous un coin de … » de soleil !!!





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Thérapie

Si le rire est une thérapie, David Lodge en l'un des maîtres en la matière car couché sur du papier le rire ne devient que soliloque, or ici l' on se surprend à rire tout haut avec cet écrivain.

Etrange pouvoir que cette plume, au travers d'un roman autobiographique, l'auteur nous fait partager sa douleur au genou au travers d'un personnage …disgression humoristique qui "mine de rien" parle de nos travers, de nos vies et soucis avec plaisanterie,.. et cela m'embobine avec humour !

Bien joué, lisez David Lodge, un ami pour la vie !
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Pensées secrètes

Ma 1ère lecture de « pensées secrètes » date de 10ans. Le souvenir qu’il me restait est qu’un des sujets traitait les mails et qu’à sa manière très intéressante d’universitaire, David Lodge donnait son point de vue.

Honte sur ma mémoire, car étant toujours un lecteur enthousiaste de David Lodge, j’avais du lire le livre trop vite…..

Mon intérêt à la relecture de ce roman était savoir si à l’heure de Facebook , la découverte du monde internet d’il y a 10 ans pourrait rendre ce roman poussiéreux

A partir d’une trame d’un bon roman de gare avec des rebondissements appropriés et des relations amoureuses sulfureuses, David Lodge explique à sa manière pleine d’humour ( : de faire rencontrer deux personnes de deux univers différents), l’avancée des sciences cognitives, le monde universitaire.

Je suis enthousiasmé par comment David Lodge a su mener la relation amoureuse entre les 2 personnages principaux.

David Lodge nous permet de goûter à différents styles d’écriture et à des textes fantaisistes de grande qualité par l’astuce d’intervention de la prof de littérature.

Si Facebook a remplacé les mails, ma connaissance sur les sciences cognitives n’a pas avancé car ça n’a jamais été mieux expliqué que par ce roman.

Donc c’est un roman qui relate les années 2000, mais qui ne sent pas la poussière….

J’essaierai de le vérifier encore une fois dans 10 ans, (périodicité pour l’époussetage)

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Hors de l'abri

Un livre à part dans la bibliographie de Lodge.

Parce qu’en choisissant de raconter l’apprentissage de Timothy de 1940 (pendant le blitz de Londres) jusqu’au début des années cinquante, c’est bien évidemment de Lodge himself que parle « Hors de l’abri ». Le bonheur de lecteur est constant, Lodge raconte avec humour, sincérité ces émois et années (Ha, Ha), qui ont forgé l’homme et l’écrivain qu’il est devenu. Avec un cynisme peut-être moins prononcé que dans ces autres romans, qui pourtant me ravit à chaque fois. Malgré cela le plaisir de le lire est bien présent tant Lodge donne épaisseur et chair à ces personnages. Un récit initiatique qu’on lâche difficilement comme toujours chez lui. Y’a pas à dire, ils sont forts ces anglais !

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Les quatre vérités

Tout au long de ma lecture, je me suis dit que ce texte ferait une excellente pièce de théâtre ...

Quelle idiote, je fais ! Je dois bien être la seule à avoir entamé cette lecture en ne sachant pas qu'il s'agissait, en fait, d'une novella tirée d'un texte d'une pièce. C'est d'ailleurs, l'histoire de cette grande nouvelle ou de ce petit roman, que l'écrivain nous explique dans la postface. de façon assez inattendue, il raconte comment l'idée d'en faire un récit lui est venue, semblant ainsi presque jouer un rôle dans le récit qui est le thème du livre. Une explication à la "Paul Auster" qui m'a beaucoup plu, le pourquoi de la fabrication d'un texte qui a d'abord su m'enthousiasmer !





Le récit d'une interview. de deux entretiens, en fait. Deux entretiens donnés par deux amis de fac, restés en relation à l'âge adulte jusqu'à être voisins, à la même journaliste sans concession, cynique, acerbe dont le travail consiste à dépouiller ceux qu'elle interroge de leur aura de réputation protectrice mais souvent bien artificielle.

Sam, le premier à en être victime a demandé à son ami Adrian de les venger, lui et sa réputation démolie, en acceptant d'être à son tour questionné par la dite-journaliste sans pitié, et ensuite d'écrire lui-même une chronique satirique et sarcastique à l'égard de la féroce qui saura lui faire connaitre, à son tour, les affres de la perfidie... C'est compter sans les failles de la nature humaine, les petits arrangements avec le moi, les regrets des vies passées...et le poids de l'actualité nationale !





C'est piquant, drôle, cynique, réaliste et sans pitié...



J'ai souvent ri toute seule, en lisant, souvent souri aux mots durs mais finalement réalistes de la journaliste. C'est un peu la volonté de réécrire l'arroseur arrosé ... Mais c'est compter sans l'imagination rocambolesque de David Lodge qui rédige un texte qui sait faire que le lecteur poursuive avidement sa lecture !



On se prend à attendre un autre livre de ce même écrivain un peu comme les protagonistes du récit attendent les journaux du dimanche matin mais pas pour la même raison. Nous, nous savons que la lecture sera pleine de fantaisie et comme un euphorisant à consommer sans modération, surtout si notre humeur est morose !







Je remercie tout particulièrement Philippe, l'ami babéliote, qui, par son billet récent sur un autre des romans de David Lodge, m'a donné envie de tirer des étagères ce petit livre qui y dormait depuis une année et fait découvrir une plume que j'ai hâte de retrouver !



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Nouvelles du paradis

Se trouver à Hawaï en compagnie de gens intéressants ....

C’est un réel voyage ( au sens profond de ce mot ) que la lecture de ce roman , qui permet d’explorer le Hawaï touristique et cliché de Honolulu et de Waikiki .

Un texte qui permet également d’appréhender subtilement les différences et les affinités entre Etats-Uniens et Britanniques .

Il y a dans ce roman une sorte de mélancolie heureuse qui alimentent une réflexion sur le bonheur , le sens de la « route « ainsi qu’une réflexion sur la modération , avec un gout prononcé pour le réalisme lucide un rien désabusé et fairplay . Un peu l’espérance sans l’espoir ...

Les sentiments sont explorés en profondeurs et le manichéisme , comme le simplisme éhonté , sont expédiés hors champ sans fioritures selon les modalités d’un processus qui n’a rien à voir avec l’allongement du texte .....

Comme très souvent dans la littérature anglo-saxonne , on sent bien la volonté de ne pas juger les gens radicalement , car les gens en effet ne sont pas définis entièrement par leurs actes et leurs paroles car ils sont en devenir perpétuel finalement . Ils peuvent changer et la vie aussi le peu et quelquefois , radicalement d’ailleurs . Et la vie change les gens comme les environnements .

A partir de là rien n’est simple et personne n’est uniquement mauvais ou bon exclusivement .

Un prêtre en rupture de ban qui s’interroge autant sur les hommes que sur leur créateur présumé .

Un grand-père en fin de vie qui bien que expédié à l’hôpital , à peine arrivé à Hawaï va embarquer notre petit monde , dans son aventure personnelle , car finalement , je dirais qu’il faut rester jusqu'à la mort et que tant que l’on est vivant la vie s’impose ?

Finalement un texte qui montre que si on perd le sens des choses qui nous environnent et nous accompagnent , l’envie ou le sens de la vie , on ne retrouvera pas de l’Allan et du bonheur en y pensant et en y réfléchissant , mais surtout et principalement en faisant des choses , en allant au bord de la route , ailleurs en somme , même dans des endroits aussi clichés et convenus que Waikiki apparemment ....

Un bon moment de lecture à la patine très anglo-saxonne . Un bon moment loin de tout préjugé véhément , assez poétique aussi et finalement à mon humble avis .
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Thérapie

Lawrence Passmore a une vie de rêve. Auteur d’une série télévisée à succès « Les gens d’à côté », le compte en banque bien garni, un appartement à Londres, une magnifique maison dans une banlieue chic, un mariage sans nuages, des enfants bien casés…Bref tout baigne. Mais soudain une douleur au genou vient remettre en cause cette existence en apparence si lisse et le plonger dans la souffrance, l’angoisse, la dépression…



Il se tourne alors vers la médecine traditionnelle, subit une opération mais rien n’y fait. La douleur persiste. Il essaye l’analyse, l’acuponcture, l’aromathérapie, et au détour d’un chemin tombe sur Kierkegaard, ce philosophe danois père de l’existentialisme, qui semble répondre à son questionnement…au point qu’il propose un feuilleton sur sa vie à son réalisateur consterné…



Sa vie va basculer, sa femme le quitte après qu’il l’ait soupçonnée de coucher avec son prof de tennis, l’approche de la soixantaine le ronge, des doutes sur ses performances sexuelles le hantent. Il tente de retrouver une ancienne connaissance, mariée depuis, de l’autre côté de l’Atlantique, emmène une amie dans un sinistre hôtel espagnol, part avec une jeune collègue à Copenhague mais en profite pour se recueillir sur la tombe du philosophe. Bref, les échecs s’amoncellent. Il tient son journal, et finalement se lance à la recherche de son passé… le voilà parti sur le chemin de Compostelle à la rencontre de son premier amour.



Un récit rempli d’humour, des scènes vaudevillesques, d’autres décalées, et qui offre un questionnement sur le sens de la vie, la fragilité des apparences même pour des existences à priori à l’abri de tout mais auxquelles manque peut-être l’essentiel…Lawrence aura gagné en authenticité et dépassé son désespoir à la fin du roman. Ce qui n'est déjà pas si mal…

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