AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de Cielvariable


Novembre 1999

L’assemblée m’a déclaré non coupable de la mort de Linden. Le vote des anciens des Sept grands clans n’était pourtant pas unanime. Le représentant des Vikroth et celui des Wyndenkell, le clan de ma propre mère, ont voté contre moi.

J’avais presque espéré être condamné, car ainsi, ma voie aurait été limpide. Et d’une certaine manière, j’étais bien coupable, non ? J’avais rempli la tête de Linden de mes paroles de vengeance et avais ouvert son esprit à l’idée de faire appel aux ténèbres. Si je n’avais pas tué mon frère dans les faits, je savais que la mort s’était trouvée sur un chemin que je lui avais montré.

Après avoir été déclaré innocent, je me suis senti perdu. Je savais uniquement que je passerais le reste de ma vie à me racheter pour la mort de Linden.

— Gìomanach

Un mélange de flocons de neige et de neige fondante fouettait mes joues. J’avançais en trébuchant dans la neige tout en supportant le poids de mon petit copain, Cal, qui s’appuyait sur moi, mes pieds devenant de plus en plus lourds et glacés dans mes sabots. Cal a fait un faux pas, et je me suis préparée au pire. Au clair de lune, je scrutais son visage, alarmée par sa pâleur, son abattement et son air maladif. Je nous traînais péniblement dans les bois sombres en ayant l’impression que chaque pas nous éloignant de la falaise prenait une heure.

La falaise. Dans mon esprit, je voyais Hunter Niall tomber à la renverse, ses bras moulinant l’air alors qu’il franchissait le bord de la falaise. De la bile a monté dans ma gorge et j’ai avalé de manière convulsive. S’il était vrai que Cal était mal fichu, Hunter, lui, était probablement mort. Mort ! Et Cal et moi l’avions tué. J’ai pris une inspiration frémissante alors que Cal tanguait à mes côtés.

Ensemble, nous avons avancé dans les bois en chancelant, avec pour seul compagnon la fonte malveillante de la neige mouillée sur les branches noires autour de nous. Où se trouvait la maison de Cal ?

— Allons-nous dans la bonne direction ? ai-je demandé à Cal.

Le vent glacial arrachait les mots de ma gorge.

Cal a cligné des yeux. Un de ses yeux était déjà si pourpre et si boursouflé qu’il ne pouvait l’ouvrir. Sa belle bouche était sanglante et sa lèvre inférieure était fendue.

— Laisse tomber, lui ai-je dit en regardant devant moi. Je crois que nous y sommes.

Quand la maison de Cal a été visible, nous étions complètement trempés et glacés. J’ai survolé la cour circulaire d’un regard anxieux à la recherche de la voiture de Selene Belltower, mais la mère de Cal n’était pas encore rentrée. Mauvais signe. J’avais besoin d’aide.

— Fatigué, a lancé Cal d’une voix confuse pendant que je l’aidais à gravir les marches.

Nous sommes parvenus à atteindre la porte d’entrée, mais une fois à l’intérieur, impossible pour moi de l’amener jusqu’à sa chambre dans le grenier.

— Là, me dit Cal en dessinant un geste de sa main enflée — celle qui avait frappé Hunter.

Épouvantablement épuisée, j’ai passé les portes du petit salon en titubant pour aider Cal à s’effondrer sur le sofa bleu. Il s’est renversé sur le côté, se pelotonnant pour se glisser sur les coussins. Il tremblait de froid, et son visage était contusionné et pâle.

— Cal, ai-je dit, nous devons signaler le 911. Pour leur dire à propos de Hunter. Peut-être que les services de secours pourraient le retrouver. Il n’est peut-être pas trop tard.

Cal a grimacé avant d’émettre un bruit grotesque ressemblant à un rire. Du sang s’est écoulé de sa lèvre fendue, et ses joues étaient marbrées de contusions — des empreintes de la colère.

— Il est trop tard, a-t-il maugréé d’une voix enrouée et en claquant des dents. J’en suis convaincu.

Les yeux fermés, il a hoché la tête en direction du foyer.

— Du feu.

Était-il trop tard pour Hunter ?
Commenter  J’apprécie          10





Ont apprécié cette citation (1)voir plus




{* *}