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Citation de Cannetille


L’autre jour, un ami m’a raconté qu’un vieil homme détenu dans la prison de Diyarbakir, à force d’être torturé, avait fini par perdre complètement le sens de la réalité. Il disait à ses camarades de cellule qu’ils étaient tous déjà morts et vivaient en enfer. Cette prison est l’enfer, nous sommes les morts, les gardiens sont les cerbères qui nous surveillent, il disait. Alors les jeunes prisonniers essaient de le persuader qu’il se trompe. Bien, mais dans ce cas qui sont nos parents qui viennent nous voir les jours de visite ? lui demandent-ils. Eux, dit le vieil homme, ce sont ceux qui viennent pleurer sur notre tombe, et nous croyons qu’ils parlent avec nous comme si nous étions encore vivants. Quelque temps plus tard, le vieil homme apprend qu’il va être remis en liberté. Il n’y croit pas. Où peut-on bien aller après l’enfer ? Il a peur. Le jour de sa libération, il a un arrêt cardiaque et meurt. Cette histoire me hante depuis des jours… Puis j’ai pensé que ce que disait le vieil homme valait aussi pour nous. Ce pays est un enfer, l’enfer où nous, les morts, payons pour nos péchés. En sortir est impossible. Et moi non plus, comme ce vieil homme, je n’en sortirai pas, je ne réussirai pas quitter le pays. Le jour du départ, mon coeur s’arrêtera de battre.
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