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Citation de Cannetille


La prison est inaugurée, et tandis que quelques prisonniers sont envoyés aux champs, on exécute un premier condamné à mort. Atif Hodja, prédicateur originaire d’Iskilip, ne s’attendait pas à être cet homme-là. Il avait bien prononcé et publié quelques sermons contre l’armée d’Atatürk lors de la guerre turco-grecque, mais c’est son opposition à la révolution vestimentaire qui lui vaut un procès. L’avenir de la jeune république dépendait de sa capacité à rattraper la civilisation occidentale, en imposant à la société un rythme de progrès extrêmement soutenu. La Loi du Chapeau était un jalon essentiel sur ce chemin qui menait à l’abolition du califat à la reconnaissance du droit de vote féminin. Le fez, le turban et autres couvre-chefs traditionnels étaient désormais interdits, et le port du chapeau à l’européenne recommandé pour tous les hommes. Dans un livre publié avant la loi, Atif Hodja d’Iskilip s’était appliqué à montrer que le vêtement occidental était contraire à la religion. Si les musulmans avaient toutes les raisons d’adopter la technique et les inventions de l’Occident infidèle, en revanche ils devaient rejeter fermement l’alcool, la danse, le théâtre et autres moeurs culturelles dont le vêtement faisait partie. La position d’Atif Hodja illustrait la fracture qui divisait profondément la société turque depuis un siècle. Dans toutes ses prises de parole depuis qu’il était officier dans l’armée ottomane, Atatürk avait insisté sur la nécessité de réformer entièrement la société, ajoutant que ces réformes, il faudrait les mener non pas lentement, mais à toute allure. Une fois au pouvoir, il n’avait pas hésité à mettre ses idées de jeunesse en application.
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