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Citation de tolstoievski


Le Parisien, qui avait l'habitude poétique de déclarer son amour avec des fleurs, se présenterait maintenant un pistolet en poche.
— M'aimes-tu, " ma biche " ?
— OUI, " mon chou ".
— Jure-moi que tu m'aimes, " Ma poulette ".
— Je le jure, " mon poulet ".
Dès qu'il y a parjure, la poudre plus éloquente prend la parole. Elle est radicale. Les jurés, d'un autre âge, du temps où les fleurs avaient voix au chapitre, l'entendent autrement, et essaient par des verdicts assez sévères parfois de redonner la préséance aux fleurs. Ne sommes-nous pas au siècle de la mécanique ? Entendons-nous encore le langage des fleurs, lorsque les obus vous ont tant sifflé dans les oreilles ? C'est certainement ce qui donne aux fleurs ce balancement continuel de tête qu'elles ont. Elles regrettent, il n'y a pas de doute, les époques où les hommes avaient du temps à perdre, donc savaient vivre, aimer. On a beau les placer sur les tables, les rebords des fenêtres, dans les vitrines, elles ne sont pas dupes de leur déchéance. À peine a-t-on le temps de humer le parfum, de les admirer, de les écouter. On les garde encore par tradition sans plus comprendre leur sens. Vit-on à notre siècle de langage de fleurs ? La civilisation consiste à tirer du sol ses richesses, à faire tourner les machines, à inonder le marché de produits, à évincer les concurrents, à mettre tout un peuple au pas, à la cadence des trotteuses de montre. Elle n'a que faire de pépiements d'oiseaux, de murmures de fleurs.
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