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Citation de Atarah


Atarah
08 décembre 2016
A la mémoire de A. Akhmatova


IV.


Par la glace, par la neige, par le jasmin,
Plus pâles que la neige sous ses mains.
Elle a emporté dans son cercueil
La moitié de son âme, la moitié
Du chant le meilleur chanté à son propos.

Ne croyant pas les louanges d’ici-bas,
Ayant achevé son demi-cercle terrestre,
A demi reconnue, telle une hérésie,
A travers le rideau du gel, à travers
Le tourbillon de la lumière —
elle regarde au Sud.

Que voient donc les regards invisibles
De ces yeux clairs et incrédules ?
Les alignements de verstes et d’hivers
Ou le bûcher qui nous enserre
S'ouvrent-ils ?

V

Les pins blancs
Chantent: Amen !
Ta main est ma colombe.
La tristesse-mon pain.

Ma voix est absinthe, ma route est amère
Dans ma gorge
le bleu du ciel- Tes A glacés:
Ton nom est
Ange et kanaan,
Tu es séparée,
Isolée-

Désert du désert,
festin annoncé dans le jeûne,
Après sept siècles
est arrivé jusqu'à tes yeux
le phosphore de dernières étoiles.

II.

Un mot doux, étranger
Brillait, sombre et sévère
Sur ta bouche de cire et souveraine.

Mais son sens était obscur,
Tremblement de taches
Autour des bougies qui coulent.

Et l'ombre de ta superbe sans abri,
Par la glace noire de la Néva,
Par le désert enneigé de la Baltique
Et par l'Adriatique au bleu profond volait
À la vue de tous.


Ainsi que pour les arbres la neige,
Pour la terre il n'y a pas de fardeau,
Ton arche découverte
Flotte au vu de tous
Dans ton vingt et unième siècle,
Venue du temps dans le temps.
.
L’hiver portait un ultime rayon
Au-dessus de ta tête,
Tel un premier battement d'aile
Sous un pain de Carélie,
Et sur le bleu de la neige
La nuit a enflammé ses étoiles.


Et l'année passa sous l'aspect d'un cercle.

L'hiver retentit depuis une trouée de forêt.
Il répond au cor avec cette antienne confuse
Du mica des pins de Carélie.

Qu’en est-il si la mémoire en dehors d'ici
Est impuissante à rétablir le jour dans la nuit ?
Qu’en est-il si l’ombre ayant quitté la terre

Ne boit pas au verbe de l'immortalité ?
Cœur, tais-toi, ne mens pas, avale encore un peu de sang,
Et bénis le rayon de l’aube.

12 janvier 1967
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