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Citation de summerday


C'est en sortant du cinéma que nous avons vu le cerf. Une petite salle de mon quartier. Il y a en a encore. Les fauteuils un peu défoncés. L'odeur antique de tous les rêves, de toutes les peurs, de tous les espoirs de rencontrer l'amour que viennent de vivre les héros. Le désir que notre vie soit enfin grandiose. Que se profile une grande passion même si elle doit nous détruire. C'est cette prise de risque que tout grand film nous apporte. Sortis de la salle obscure, quelques larmes retenues, quelques larmes sur la nullité de notre vie, nous ne marchons plus de la même manière. Tout grand film nous fait tituber, nous laisse un moment ou une éternité dans cette sensation planctonienne un peu molle, flottant entre deux eaux. Ce sentiment vague que nous pouvons enfin vivre comme un héros, que nous pouvons traverser la vie plutôt que la fuir. Dans ces moments de grâce, nous sentons notre fragilité, nous palpons notre chair indécise, nous permettons au rêve intense de la beauté de surgir et de nous emporter. Puis la peur se profile. La nécessité de garder un cadre, des formes, un fonctionnement social. Je suis ce que tout grand film éclaire en nous, cette possibilité d'agir avec liberté. Qui n'a pas rêvé en sortant d'une projection, de disparaître ? Ne plus voir sa famille, ses amis, de ne plus aller travailler le lendemain, de ne plus être celui que tout le monde connaît. De s'installer dans une nouvelle ville, de prendre le risque enfin de ne plus faire plaisir qu'à soi-même.
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