AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Anthony Doerr (484)


Un souvenir remonte à sa mémoire : un jour, il y a de cela des années, Grand-père l’a emmené un jour dans les montagnes pour qu’il regarde les bûcherons abattre un très vieux pin argenté aussi haut que vingt-cinq hommes, véritable royaume à lui tout seul. D’une voix sourde mais résolue, les forestiers chantaient en travaillant, plantant leurs coins en rythme dans le tronc comme s’ils fichaient des aiguilles dans la cheville d’un géant, et Grand-père lui a appris les noms de leurs outils – hache, cognée, scie, serpe. Mais ce qu’Omeir se rappelle à cet instant, face au chef de convoi armé de son fouet, c’est le chagrin qu’il a éprouvé lorsque l’arbre a basculé, le tronc fracassé, au milieu des clameurs des bûcherons, et que l’air s’est soudain empli d’un parfum riche et piquant de bois éclaté. Tous semblaient exulter au spectacle de leur puissance collective, regardant s’écraser dans la broussaille ces ramures qui, des générations durant, n’avaient connu que la clarté des étoiles, la neige et les corbeaux. Omeir, lui, se sentait au bord du désespoir, mais il avait deviné que, même à son âge, cette émotion ne serait pas bien reçue, et qu’il devait la cacher à tous, y compris à son propre grand-père. Pourquoi se lamenter devant ce dont les hommes sont capables ? lui aurait-il répondu. Ce n’est pas normal qu’un enfant ait moins de sympathie pour les humains que pour le reste des créatures.
Commenter  J’apprécie          185
Elle s'oblige à ne pas dévaler les marches, à ne pas allonger le pas en traversant la cour et en passant devant le portier, mais ensuite elle file comme une flèche - franchit les portes du couvent, contourne les énormes blocs de granit d'une colonne effondrée, se glisse entre deux files de moines en robe noire qui remontent la rue, pareils à des corbeaux privés de leurs ailes. Des flaques de pluie miroitent dans les ruelles ; dans la carcasse d'une chapelle écroulée broutent trois chèvres qui relèvent la tête exactement au même instant.
Commenter  J’apprécie          320
 Devant elle, des silhouettes assises à des tables ou dans des fauteuils. Au-dessus, d’autres consultent des livres dans les rayonnages, s’appuient contre les garde-corps, montent aux échelles ou en descendent. Aussi loin que porte son regard, des livres de toute sorte — de la taille de la main ou aussi grands que son matelas — s’envolent des étagères ou reviennent s’y ranger, papillotant comme des colibris ou brassant l’air telles de lourdes cigognes disgracieuses. 
Commenter  J’apprécie          90
— Un reposoir, dit-il enfin. Tu connais ce mot ? Un lieu de repos. Un texte – un livre – est un lieu de repos pour les souvenirs de ceux qui ont vécu avant nous. Un moyen de préserver la mémoire après que l'âme a poursuivi son voyage.

Alors il ouvre grand les yeux, comme s'il contemplait le fond de ténèbres infinies.

— Mais les livres meurent, de la même manière que les humains. Ils succombent aux incendies ou aux inondations, à la morsure des vers ou aux caprices des tyrans. Si personne ne se soucie de les conserver, ils disparaissent de ce monde. Et quand un livre disparaît, la mémoire connaît une seconde mort.
Commenter  J’apprécie          360
« Un reposoir, dit-il enfin. Tu connais ce mot ? Un lieu de repos. Un texte – un livre – est un lieu de repos pour les souvenirs de ceux qui ont vécu avant nous. Un moyen de préserver la mémoire après que l’âme a poursuivi son voyage. »
Alors il ouvre grand les yeux, comme s’il contemplait le fond de ténèbres infinies.
« Mais les livres meurent, de la même manière que les humains. Ils succombent aux incendies ou aux inondations, à la morsure des vers ou aux caprices des tyrans. Si personne ne se soucie de les conserver, ils disparaissent de ce monde. Et quand un livre disparaît, la mémoire connaît une seconde mort. »
Commenter  J’apprécie          2313
Rex lui a dit un jour que, parmi toutes les folies dont les hommes étaient capables, il n'existait peut-être bien rien de plus noble, rien qui nous rende aussi humbles que s'atteler à la traduction des langues mortes ; nous ne connaissons pas les sonorités du grec ancien parlé ; les équivalences entre les deux langues sont tout sauf évidentes ; dès le départ, nous sommes condamnés à l'échec. Et pourtant, cette démarche, cet effort pour amener sur nos rivages quelques phrases sauvées des ténèbres de l'Histoire, demeurait selon lui la plus belle des quêtes insensées.
Zeno taille son crayon et se remet à l'ouvrage.
P 516-517
Commenter  J’apprécie          90
Devoir d'anglais, seconde :
Vous nous avez demandé de raconter un truc « amusant » qui nous serait arrivé pendant l'été, histoire de « reprendre notre gymnastique grammaticale ». Alors, voilà, Mrs Tweedy : cet été, des chercheurs ont annoncé qu'au cours des quarante dernières années, les humains ont éliminé 60% des poissons, des oiseaux et des mammifères sauvages de la planète. C'est amusant, ça ? Et au cours des trente dernières années, on a fait fondre à 95 % les couches de glace les plus épaisses de l'Arctique. Quand on aura fait fondre toutes les glaces du Groenland - je ne parle même pas du pôle Nord et de l'Alaska, juste du Groenland, Mrs Tweedy - vous savez ce qui se passera ? Le niveau des océans s'élèvera de huit mètres. Assez pour noyer Miami, New York, Londres, Shanghai ; imaginez que vous sautiez dans un bateau avec vos petits-enfants, Mrs Tweedy, vous leur proposez un casse-croûte, et là, ils vous disent : « Regarde sous l'eau, mamie, c'est la statue de la Liberté, c'est Big Ben, c'est un tas de cadavres. » Alors, c'est amusant ? Est-ce que j'ai bien repris ma gymnastique grammaticale ?
P 390-391
Commenter  J’apprécie          110
Le temps : le plus brutal de tous les engins de guerre.
Commenter  J’apprécie          320
Tourner la page, se frayer un chemin sur les lignes : le barde se lance et fait apparaître dans votre tête un univers débordant de bruits et de couleurs.
Commenter  J’apprécie          150
Piégés et ballotés dans le ventre de la bête comme dans une deuxième mer, nous eûmes un aperçu de toute la variété du monde : chaque fois que ses mâchoires s'ouvraient, je remontais à la surface et voyais quelque chose de nouveau. Les crocodiles d'Éthiopie, les palais de Carthage, la couche de neige sur les maisons troglodytes et des confins du monde.
La lassitude a fini par me gagner : j'avais effectué un bien long voyage, sans me rapprocher pour autant de ma destination. Je n'étais qu'un poisson dans la mer, à l'intérieur d'un autre poisson plongé dans une mer plus vaste, et j'en vins à me demander si le monde lui-même ne flottait pas dans le ventre d'un poisson plus volumineux encore - un emboîtement sans fin de spécimens de plus en plus gros. Fatigué par ces réflexions, j'ai baissé les membranes de mes yeux...
Commenter  J’apprécie          44
Mon enfant, chacun de ces livres est un portail, une ouverture qui te donne accès à un autre lieu, à une autre époque. Tu as toute la vie devant toi, et ils ne te feront jamais défaut.
Commenter  J’apprécie          10
" Je sais pourquoi les bibliothécaires t'ont lu ces vieilles histoires : si elles sont bien racontées, celui qui les écoute reste en vie aussi longtemps que dure le récit."
Commenter  J’apprécie          2311
Dans l'esprit de Seymour, c'est comme si un mécanisme s'était grippé : il ne voit plus dans la planète qu'un processus d'agonie, et les gens qui l'entourent sont tous complices du meurtre. Les occupants d'Eden's Gate remplissent leurs poubelles de déchets, roulent en SUV entre leurs deux résidences et écoutent de la musique dans leur jardin sur des enceintes Bluetooth tout en se répétant qu'ils sont des gens bien, des personnes honnêtes et respectables qui vivent le prétendu "rêve américain", comme si leur pays était un Eden où les bienfaits d'un Dieu généreux se trouvaient équitablement répartis entre les êtres. Mais en réalité, ils participent à un système pyramidal qui broie la masse des plus défavorisés, dont sa mère fait partie. Et en plus, ils s'en félicitent.
Commenter  J’apprécie          90
«Attendez, nous disent-ils, soyez patients. La technologie saura résoudre le problème du CO2.» A Kyoto et à Copenhague, à Doha et à Paris, ils n'ont fait que nous répéter: « Nous réduirons les émissions, nous apprendrons à nous passer des hydrocarbures. » Et là-dessus, ils sont retournés à l'aéroport dans leurs limousines blindées pour monter dans des jumbo-jets, et ils ont mangé des sushis à dix mille mètres d'altitude pendant que les plus pauvres étouffaient dans leurs quartiers pollués. Nous avons suffisamment attendu. Notre patience a atteint ses limites. Nous devons nous soulever immédiatement, avant que le monde entier ne parte en flammes.
Commenter  J’apprécie          93
« Un reposoir, dit-il enfin. Tu connais ce mot ? Un lieu de repos. Un texte - un livre - est un lieu de repos pour les souvenirs de ceux qui ont vécu avant nous. Un moyen de préserver la mémoire après que l’âme a poursuivi son voyage. »
Alors il ouvre grand les yeux, comme s’il contemplait le fond des ténèbres infinies.
« Mais les livres meurent, de la même manière que les humains. Ils succombent aux incendies ou aux inondations, à la morsure des vers ou aux caprices des tyrans. Si personne ne se soucie de les conserver, ils disparaissent de ce monde. Et quand un livre disparaît, la mémoire connaît une seconde mort ».
Commenter  J’apprécie          30
Mais les livres meurent, de la même manière que les humains. Ils succombent aux incendies ou aux inondations, à la morsure des vers ou aux caprices des tyrans. Si personne ne se soucie de les conserver, ils disparaissent de ce monde. Et quand un livre disparaît, la mémoire connaît une seconde mort.
Commenter  J’apprécie          10
Comment font les hommes pour se convaincre que d'autres doivent mourir afin qu eux même puisse vivre ?
Commenter  J’apprécie          20
« Mon enfant, chacun de ces livres est un portail, une ouverture qui te donne accès à un autre lieu, à une autre époque. Tu as toute la vie devant toi, et ils ne te feront jamais défaut. Cela devrait suffire, tu ne crois pas? »
Commenter  J’apprécie          92
« Mais les livres meurent, de la même manière que les humains. Ils succombent aux incendies ou aux inondations, à la morsure des vers où aux caprices des tyrans. Si personne ne se soucie de les conserver, ils disparaissent de ce monde. Et quand un livre disparaît, la mémoire connaît une seconde mort. »
Commenter  J’apprécie          110
Il découvre que c'est par l'oubli que le monde soigne ses plaies. (p. 653)
Commenter  J’apprécie          260



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Anthony Doerr Voir plus

Quiz Voir plus

La fantasy pour les nuls

Tolkien, le seigneur des ....

anneaux
agneaux
mouches

9 questions
2566 lecteurs ont répondu
Thèmes : fantasy , sfff , heroic fantasyCréer un quiz sur cet auteur

{* *}