C'est que mon coeur grossissait de minute en minute, il battait fort, il tambourinait contre mes côtes, il tonnait: place ! Place ! Le tigou tant désiré est là, je l'abrite, il m'habite, allons, faites-moi place ! Et dans mes intérieurs, tous mes organes effrayés par ce tonnerre obéissaient à la formidable injonction, ils reculaient en débandade, ils se ratatinaient, se tassaient peureusement les uns contre les autres. Ma glotte se nouait, le soufflet de mes poumons ne pulsait plus qu'un filet d'air, tout ce joli monde se trouvait bousculé, compressé, réduit au minimum d'espace vital soumis à la suprématie de ce coeur qui prétendait s'agrandir à chaque battement.