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Citation de asphalte


J’avais approché Pei Lan pour la première fois il y avait longtemps déjà, à la demande de Cañas. Il voulait des informations sur monsieur Soong et je connaissais Cheng, un type qui conduisait des camions pour lui ; on le surnommait King Kong parce qu’il avait l’air d’un gorille. C’était Cheng qui m’avait dit que Soong avait une fille, une étudiante complètement déjantée, dont son père avait ras le bol parce qu’elle se foutait de l’ancestrale autorité patriarcale, et qui s’était occidentalisée à mort, avec des piercings, des tatouages et des mèches de couleur. « On dirait une Japonaise », m’avait dit Cheng avec mépris. Lui, dealer, amateur de prostituées et voleur, déplorait que les jeunes ne respectent plus rien de nos jours. Les Chinois arrivaient ici dans le but de réussir, ils ouvraient un commerce et travaillaient sans relâche, vingt-cinq heures par jour, mais pendant ce temps leurs enfants grandissaient, livrés à eux-mêmes, devenaient des bananes – jaunes dehors, blancs dedans – et ils étaient incapables de parler chinois. Pei Lan, par exemple, devait se rendre trois fois par semaine dans une école de langues de la rue Roger de Lluría pour y apprendre le mandarin auprès d’un professeur catalan.
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