Il sortit de l’immeuble. Frissonna. Du ciel bas de novembre tombait une eau qui tirait déjà sur la neige. Il regarda autour de lui (vieille habitude), mais rien ne mena- çait ni sa bourse ni sa vie. Il monta dans une spacieuse berline de la Société des Moteurs Bavarois, mit la musique en marche sur un lecteur de la Compagnie Japonaise des Winners, et vroum. Il se passe quelque chose, se dit-il. Quelque chose est en train de changer. Il y a comme un mur indéfinissable qui s’élève. Plus je vis, plus les réalités qui m’entourent me résistent. J’éprouve de plus en plus de peine à faire ce qui me semblait si facile auparavant. Rien ne m’excite dans cette grisaille. Rien pour le bonheur de mes yeux. L’âge, peut-être ? L’âge, tu parles, seulement 40 ans… Une fois dans sa voiture, il se sentit mieux. Soulagé. Comme toujours.