Ambrose Bierce

texte en français : Aucun n'agissait de façon naturelle et aucun ne faisait la même chose, si ce n'est avancer, pieds à pieds, dans la même direction. un par un, deux par deux, en petits groupes, ils poursuivaient leur avance dans les ténèbres, certains faisaient parfois une halte, alors que d'autres les dépassaient en rampant avec lenteur, puis ils reprenaient leur progression. Ils arrivaient par douzaines et par centaines ; de part et d'autre ils se déployaient aussi loin qu'on pouvait voir dans l'obscurité croissante et le bois noir derrière eux semblait inépuisable. Le sol lui-même paraissait se déplacer vers le ruisseau.
Quelquefois l'un de ceux qui avait fait une pause ne se remettait pas en route et gisait immobile. Il était mort. Quelques uns s'arrêtaient et agitaient les mains de façon étrange, ils levaient les bras et les rabaissaient, se prenaient la tête entre les mains, tournaient leurs paumes vers le ciel comme certains hommes le font parfois lorsqu'ils prient.