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Citation de Jcequejelis


Seuls les après-midi du dimanche me donnaient une vraie récréation. Nous faisions une promenade, puis on me permettait de satisfaire, jusqu'à dix heures, ma fringale de lecture.
Cette passion ne connaissait pas de bornes ; je la ressens encore aujourd'hui. Je ne puis me résoudre à quitter un livre commencé ; je préfère passer la nuit à le lire, ou du moins à le parcourir jusqu'à la fin. Si le livre me plaît, je le relis deux ou trois fois de suite.
Cette façon de « dévorer les livres », comme disait la tante, la mettait dans tous ses états. Elle aussi était passionnée de lecture, mais d'une autre manière. Ancienne institutrice, elle lisait, disait-elle, « pour jouir du style, qui est l'essentiel ». Tous les soirs, trois heures durant, une avant le souper, deux après, par-dessus son ouvrage de crochet ou de tricot, elle lisait un livre ouvert devant elle. Quand le style la ravisait, on voyait les aiguilles ralentir leur mouvement comme des chevaux que le cocher ne surveille plus. Et soudain c'était une exclamation : « Oh, ce Daudet ! oh, ce Theuriet ! Quel style ! Et ces descriptions de Victor Hugo ! »
En lisant « La famille Buchhholtz », de Julius Stinde, elle riant aux larmes, mais n'en restait pas un quart d'heure de plus devant son livre. A dix heures et demie, elle plaçait un signet entre les pages et levait la séance.

1619 - [J'ai lu n° 596, p. 33]
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