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Conversation autour de l'écriture en cours du prochain roman de Stéphane Zagdanski
00:00:00 Thèmes de la soirée
00:07:20 Archiver avant et depuis internet
00:10:40 Documenter la vaccination en Israël
00:12:07 Documenter un essai consacré à un auteur
00:15:31 Exemple sur Saint-Simon
00:17:45 le choix des citations
00:19:05 Exemple sur Debord
00:22:30 Tricherie pour la télé sur Hemingway
00:24:15 Lire les classiques
00:27:55 Explications de textes scolaires
00:29:00 L'exemple de Sollers
00:31:30 le cas de "Pauvre de Gaule!", roman et essai
00:35:00 Comparer la Bible et Shakespeare
00:37:30 Dialogues inventés
00:39:04 le corps en littérature (Céline)
00:41:45 le cas de "Chaos brûlant"
00:46:30 le tremblement de terre d'Agadir en 1960
00:48:10 Question sur le mimétisme
00:51:40 Lecture sur Agadir
00:56:55 Question sur le cut-up
01:00:35 L'antisémitisme contemporain
01:01:50 L'exemple de Brafman dans "Chaos brûlant"
01:05:25 L'exemple de Nafissatou Diallo
01:09:15 L'exemple de Sac d'Os
01:12:30 Question du classement des archives
01:14:35 Exemple des décapitations dans "La Fin"
01:16:59 Nafissatou Diallo et les Djinns
01:23:10 Les lieux : Israël
01:25:10 le pont de Wards Island à New York
01:32:10 Sondage sur la lecture à voix haute
01:34:29 Lire des livres qu'on n'aime pas
01:36:35 L'exemple du Ministère de l'Économie
01:45:15 La documentation d'un roman
01:48:26 Être dupe de sa documentation : Houellebecq et Wikipédia
01:49:45 Critique de Twitter dans "Chaos brûlant"
01:54:38 Retraduction de "Moby-Dick", mauvais usage de la cybernétique
02:12:45 S'inspirer de l'actualité pour "La Fin"
02:15:44 Non valeur artistique de la documentation en soi
02:16:20 Combattre le monde, la réalité est un personnage
02:19:05 Exemple de l'ARN Messager
02:21:30 Les personnages : l'exemple de Rima Hassan
02:22:30 Parenthèse sur le Léviathan
02:25:58 L'exemple de Mohand Sidi Saïd
02:27:00 L'exemple d'Albert Bourla
02:29:05 Question sur le théâtre d'ombres
02:31:00 Trucage des discours, usage spectaculaire du mot "génocide"
02:37:50 Critique de la fausse érudition
02:39:30 La littérature, seul discours vrai
02:40:36 Traduire par ChatGPT
02:42:15 Lecture à voix haute
02:43:29 Annonce de la suite de la Fin : L'argent
02:47:00 le dernier des Mohicans juifs
+ Lire la suite
Mon estime pour moi-même a toujours augmenté dans la mesure du tort que je faisais à ma réputation.
M. de Montespan mourut dans ses terres de Guyenne, trop connu par la funeste beauté de sa femme, et par ses nombreux et plus funestes fruits.
Les filles du roi font des pétarades, mais son fils, le duc du Maine, ne fait pas des étincelles: pendant la campagne de l'été 1695, son incapacité suscite la consternation générale.
La duchesse de la Ferté alla lui demander l’audience, et, comme tout le monde, essuya son humeur. En s’en allant elle s’en plaignait à son homme d’affaires, et traita le premier président de vieux singe. Il la suivait et ne dit mot. A la fin elle s’en aperçut, mais elle espéra qu’il ne l’avait pas entendue ; et lui, sans en faire aucun semblant, il la mit dans son carrosse. A peu de temps de là, sa cause fut appelée, et tout de suite gagnée. Elle accourut chez le premier président et lui fait toutes sortes de remerciements. Lui, humble et modeste, se plonge en révérences, puis, la regardant entre deux yeux : « Madame, lui répondit-il tout haut devant tout le monde, je suis bien aise qu’un vieux singe ait pu faire quelque plaisir à une vieille guenon. »
Une idée sans exécution est un songe.
Rien de plus compliqué qu'une famille, en particulier quand elle est royale.
Dans la fin de cette campagne, les grands airs de familiarité que le maréchal de Villeroi se donnait avec M. de Savoie lui attirèrent un cruel dégoût, pour ne pas dire un affront. M. de Savoie, étant au milieu de tous les généraux et de la fleur de l'armée, ouvrit sa tabatière en causant et en allant prendre une pincée de tabac : le maréchal de Villeroi, qui se trouva auprès de lui, allonge la main et prend la tabatière sans mot dire. M. de Savoie rougit, et à l'instant renverse sa tabatière par terre, puis la donne à un de ses gens à qui il dit de lui rapporter du tabac. Le maréchal but sa honte sans oser proférer une parole, M. de Savoie continuant toujours la conversation, qu'il n 'interrompit même que par ce seul mot pour avoir d'autre tabac.
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Il mourut alors un vieux évêque qui, toute sa vie, n'avait rien oublié pour faire fortune et être un personnage : c'était Roquette, homme de fort peu, qui avait attrapé l’évêché d'Autun […] C'est sur lui que Molière prit son Tartuffe, et personne ne s'y méprit. L’archevêque de Reims passant à Autun avec la cour, et admirant son magnifique buffet : « Vous voyez là, lui dit l'évêque, le bien des pauvres. -Il me semble, lui répondit brutalement l'archevêque, que vous auriez pu leur en épargner la façon. »
Il faut avouer que tous les Colbert ont eu l'âme et le courage élevés, et une valeur qui ne s'est pas démentie, tandis que le contraire s'est fait sentir dans tous les Le Tellier.
C'était un homme [Monsieur le Duc] très considérablement plus petit que les plus petits hommes, qui, sans être gras, était gros de partout, la tête grosse à surprendre, et un visage qui faisait peur; on disait qu'un nain de Madame la Princesse en était cause. Il était d'un jaune livide, l'air presque toujours furieux, mais en tout temps fier, si audacieux, qu'on avait peine à s'accoutumer à lui. Il avait de l'esprit, de la lecture, des restes d'une excellente éducation, de la politesse et des grâces même quand il voulait, mais il le voulait très rarement. Il n'avait ni l'avarice, ni l'injustice, ni la bassesse de ses pères, mais il en avait toute la valeur, et [il avait] montré de l'application et de l'intelligence à la guerre. Il en avait aussi toute la malignité et toutes les adresses pour accroitre son rang par des usurpations fines et plus d'audace et d'emportement qu'eux encore à embler*. Ses mœurs perverses lui parurent une vertu, et d'étranges vengeances qu'il exerça plus d'une fois et dont un particulier se serait bien mal trouvé, un apanage de sa grandeur. Sa férocité était extrême et se montrait en tout. C'était une meule toujours en l'air, qui faisait fuir devant elle, et dont ses amis n'étaient jamais en sureté, tantôt par des insultes extrêmes, tantôt par des plaisanteries cruelles en face, et des chansons qu'il savait faire sur-le-champs, qui emportaient la pièce* et qui ne s’effaçaient jamais; aussi fut-il payé en même monnaie, plus cruellement encore. D'amis il n'en eut point, mais des connaissances plus familières [...] Ces prétendus amis le fuyaient, il courait après eux pour éviter la solitude, et quand il en découvrait quelques repas, il y tombait comme par la cheminé, et leur faisait une sortie de s'être caché de lui. [...] Ce naturel farouche le précipita [...] dans cette sorte d'insolence qui a plus fait détester les tyrans que leur tyrannie même. Les embarras domestiques, les élans continuels de la plus furieuse jalousie, les vifs piquants d'en sentir sans cesse l'inutilité, un contraste sans relâche d'amour et de rage conjugale, le déchirement de l'impuissance dans un homme si fougueux et si démesuré, le désespoir de la crainte du Roi, et de la préférence de M. le prince de Conti sur lui dans le cœur, dans l'esprit, dans les manières de son propre père, la fureur de l'amour et de l’applaudissement universel pour ce même prince tandis qu'il n'éprouvait que le plus grand éloignement du public, et qu'il se sentait le fléau de son intime domestique, la rage du rang de M. le duc d'Orléans et de celui des bâtards, quelque profit qu'il en sût usurper, toutes ces furies le tourmentèrent sans relâche et le rendirent terrible comme ces animaux qui ne semblent nés que pour dévorer et pour faire la guerre au genre humain; ainsi les insultes et les sorties étaient ses délassements, dont son extrême orgueil s'était fait une habitude, et dans laquelle il se complaisait. Mais s'il était redoutable, il était encore plus déchiré. [...] Quiconque aura connu ce prince n'en trouvera pas ici le portrait chargé, et il n'y eut personne qui n'ait regardé sa mort comme le soulagement personnel de tout le monde.
*Voler
*Railler cruellement.