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Critiques de Libon (151)
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Animal lecteur, tome 3 : On peut pas tout l..

Et hop, voici le 3ème tome, avalé comme les deux premiers : telle une affamée en une seule fois : c'est toujours aussi efficace.

Alors j'ai aussi dans cette lecture découvert quelques subtilité du langage du lecteur de BD, en autre quand il parle d'une lecture segmentée en petit épisode. Une notion qui m'a beaucoup amusée, parce qu'il m'arrive de faire ce genre de remarque dans mes critiques mais pas du tout avec la même arrière pensée....

Aussi, je tiens à préciser que lorsque je dit qu'il est préférable de ne pas lire une BD en une seule fois, cela ne signifie pas - pour moi - qu'il s'agisse d'une lecture de chiottes !..
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Animal lecteur, tome 3 : On peut pas tout l..

Ce tome fait suite à Animal lecteur, tome 2 : Il sort quand ? (2011) qu'il n'est pas nécessaire d'avoir lu avant, mais ce serait dommage de s'en priver. Il s'agit donc du troisième tome d'une série humoristique, constituant une compilation de gags en 1 bande verticale, chaque page comprenant 1 bande. Il se présente sous un format original : demi A4 vertical, avec des bandes verticales (par opposition à l'habitude des strips qui se présentent sous la forme d'une bande dans laquelle les cases se suivent à l'horizontal). Il est initialement paru en 2012, écrit par Sergio Salma, dessiné par Libon. Ce tome comprend 92 strips. Comme l'annonce le sticker sur la couverture, il commence par une introduction de Jean van Hamme, scénariste de séries comme Thorgal, Largo Winch, Les maîtres de l'orge, XIII. Comme le laisse le supposer la mention citant son nom, c'est le geste qui compte, car elle tient en 2 lignes.



Le personnage récurrent de ces strips est le Libraire. Son nom a été prononcé dans le tome précédent : Bernard Doux, libraire à BD Boutik. Il travaille souvent seul, parfois avec un employé ou avec un stagiaire. Il reçoit régulièrement de nouveaux arrivages, et il doit gérer le retour des invendus. Bien sûr il voit défiler différents types de lecteurs, pas forcément assez à son goût, mais parfois trop d'un certain type. Il donne des conseils de lecture. Il oriente le client vers une bande dessinée correspondant à ses désidératas. Il prend lui-même conseil auprès des représentants des maisons d'édition. Il doit faire face aux évolutions du métier, que ce soit les rééditions en intégrale, les séries dérivées, ou les produits sous licence.



Dans les premiers gags, il commence par utiliser l'avis négatif d'un père outragé par la vulgarité d'une BD, pour le transformer en argument de vente pour un lecteur avide de récits épicés. Il doit ensuite donner le change auprès d'un client pour lui faire l'article sur une bande dessinée qu'il n'a pas lue. Il est confronté au comportement d'un enfant venant prendre une bande dessinée et l'emmenant sans payer, comme il peut le faire avec un fichier sur internet. Il doit gérer le relationnel avec des publics aussi divers que les diffuseurs, les éditeurs, les distributeurs, le banquier et les clients. Il se laisse déborder par l'arrivage pléthorique des bandes dessinées à mettre en place en novembre en prévision des fêtes de fin d'année. Il accueille un client ayant décroché de la bande dessinée il y a 40 ans, et qui retrouve exactement les mêmes titres en rayon. Il essaye de soutenir un éditeur prenant conscience de la surproduction actuelle, de l'ordre de 5.000 titres par an. Etc.



En entamant ce troisième tome, le lecteur se demande s'il est vraiment possible que les auteurs se renouvellent assez pour éviter de se répéter, ou même une forme de routine autour des mêmes thèmes, centrés sur le nombre ingérable de nouveautés, les clients qui ne savent pas ce qu'ils veulent (ou qui le savent trop bien) et les trucs et astuces pour fourguer sa camelote. Il s'agit d'ailleurs d'un a priori assez paradoxal, parce que dans le même temps, il espère bien retrouver ces thèmes mettant en scène Bernard Doux, pour un effet de familiarité rassurante et réconfortante. Effectivement le pauvre libraire est envahi par les cartons de nouveautés en novembre, les auteurs mettant littéralement en scène un embouteillage de cartons devant la devanture de BD Boutik. Effectivement, les clients vont de l'individu entré par erreur et tenant un discours équivoque (il se plaint des effets de la vieillesse, et il cherchait en fait une pharmacie), à l'expert qui sait distinguer les manhwas des mangas, et les tebeo des stripverhalen. Pour autant, même avec ces thèmes déjà abordés, le lecteur ne ressent de redite, car Libon & Salma ont acquis assez de confiance en eux-mêmes pour s'aventurer sur le terrain du registre de comique absurde. Par exemple, Libon représente les cartons disposés comme dans un embouteillage ne pouvant plus avancer, et s'invectivant les uns les autres comme des automobilistes énervés. Pour pouvoir fourguer sa camelote, le Libraire se retrouve à jouer du violon à un client, ou encore grimé comme un clown, et même en train de faire du trapèze.



Au fil des 92 gags, le lecteur se rend compte que les auteurs abordent un nombre conséquent de sujets, et qu'ils sont diversifiés. Il ne s'agit pas uniquement de voir un client venir demander quelque chose d'impossible ou le Libraire essayer de faire acheter une bande dessinée improbable ou d'un intérêt limité. Ils abordent des sujets aussi divers et variés que les critères relatifs de la qualité d'une lecture en fonction de la personnalité du lecteur; la répétition des arguments de vente par des personnes qui n'ont pas lu un ouvrage, la génération du tout gratuit (= génération internet), la caractère indémodable des valeurs sûres (Tilleux, Franquin, Macherot, Alix & Lefranc, Blake & Mortimer), l'accélération des phénomènes de mode (une nouveauté chassée par une autre dans la journée), la précarisation des auteurs de BD, la starification (saint van Hamme priez pour nous), le décalage qu'il peut y avoir entre une œuvre et son auteur, la compulsion consumériste, les liseuses électroniques, la gadgetisation de la BD reléguée au stade de cadeau promotionnel, la quadrature du cercle pour un éditeur de BD tout public, les dédicaces en boutique, les études de marché. Les auteurs n'hésitent pas à évoquer des plaisirs rendus étrangement coupables (comme la lecture de BD aux toilettes), ou l'universalité thématique des Schtroumpfs.



Arrivé à la fin du quatre-vingt douzième gag, le lecteur garde à l'esprit les thématiques récurrentes, sans avoir l'impression qu'elles aient été matraquées ou utilisées jusqu'à l'écœurement, avec plutôt une impression (justifiée) de diversité. Par la force des choses, il s'est retrouvé dans le comportement de plusieurs clients, généralement différents en fonction de son âge. Il peut même porter un regard réflexif sur son positionnement, suivant qu'il reste avide de nouveautés et convaincu qu'il reste des continents entiers (de la BD) à explorer et que chaque semaine apporte son lot de découvertes, ou qu'il estime avoir fait le tour de la question et que 99% de la production n'est que redite, généralement de qualité inférieure. Il en arrive ainsi à se positionner entre ces 2 extrêmes. Il se reconnaît aussi dans l''attitude de l'acheteur potentiel en boutique, ne sachant pas quoi acheter face à la profusion de produits, ou au contraire allant droit au but. Il ne peut que sourire devant quelques comportements compulsifs, comme la soif de voir arriver le tome suivant d'une série. À chaque fois, Libon & Selma se montrent pertinents et incisifs, poussant la logique jusqu'au bout. C'est ainsi qu'un lecteur tient, dans ses mains, le tome 11 de la série Le curé des étoiles, le jour même de sa sortie et qu'il demande au Libraire quand sort le tome 12. Ils savent également inverser le point de vue, avec un auteur produisant à une vitesse prodigieuse, ce qui permet au Libraire de répondre à un autre client que le tome suivant devrait arriver en boutique d'ici une heure ou deux.



Comme dans le tome précédent, le lecteur a la bonne surprise de découvrir que malgré le format très contraint d'un gag en 4 ou 5 cases superposées verticalement, les auteurs réussissent à introduire de la variété visuelle. Libon continue de représenter les personnages de manière caricaturale, à commencer par le gros nez du libraire, mais les autres personnages ont également un nez déformé, et souvent avec des yeux plus gros que la normale et tout ronds. L'artiste peut ainsi exagérer les expressions du visage pour des effets comiques. Les personnages sont souvent représentés en plan taille, avec une réelle expressivité, soulignée par le mouvement de leurs mains ou de leurs bras, et l'inclinaison de leur tête. Libon représente également des personnages en pied en train de se déplacer, d'accomplir un mouvement, de manipuler un objet, et assez régulièrement en train d'interagir avec un accessoire ou un élément du décor. Il ne se produit donc pas d'effet de lassitude qu'il pourrait y a voir avec des personnages évoluant sur une scène avec uniquement un décor en toile de fond, avec lequel ils n'interagiraient pas.



En outre, Libon & Salma ont conçu plusieurs gags visuels, une demi-douzaine, qui attestent de leur capacité à raconter une blague avec une chute, sans l'aide de mot, ou avec une unique précision ou une unique réplique. Ils prennent soin de raconter chaque histoire autrement qu'avec seulement une suite de têtes en train de parler. Bien évidemment la majeure partie des gags (57 sur 92) se déroule dans le décor de la librairie BD Boutik. Mais au gré de leur fantaisie, les auteurs savent aussi emmener le lecteur dans la chambre d'un mourant, sur la scène d'un théâtre, dans une église, dans un monastère au moyen-âge, sur les créneaux d'un château fort, sur un banc dans un parc public, devant la vitrine de BD Boutik, dans un désert de western, etc. Ils évoquent aussi le temps d'une case Gaston Lagaffe, en un hommage sincère et émouvant à Franquin, avec Gaston s'étant aménagé un repère douillet au milieu des livres des archives du journal.



Le lecteur ressort de la lecture de troisième tome avec le sourire aux lèvres, l'impression d'avoir lu une vraie bande dessinée, le plaisir d'avoir exploré des thèmes évoquant sa passion nourris de la propre passion des auteurs, réconforté par la force de la vocation de Bernard Doux même quand il vante les mérites d'une bande dessinée qu'il n'a pas lue, ou quand il fait preuve de démagogie éhontée pour caser ses produits. Il ne peut qu'être sensible aux critiques adressées aux liseuses électroniques, surtout s'il est lui-même resté attaché au papier. Il s'est reconnu à moult reprises dans le comportement de tel ou tel client, avec quelques tendances obsessionnelles dans la pratique de sa passion pour la BD. Il constate que Libon & Salma font en sorte de ne pas rester en milieu confiné en situant une partie des gags en dehors de la librairie spécialisée, et en évoquant d'autres acteurs de l'industrie de la bande dessinée, les auteurs bien sûr, mais aussi les diffuseurs, les éditeurs, les distributeurs et les représentants. Bien sûr, il cautionne entièrement leur jugement de valeur sur le fait qu'acheter une BD en grande surface, c'est le mal. Enfin, il se demande s'il ne va pas lui aussi aller brûler un cierge en évoquant saint Van Hamme.
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Animal lecteur, tome 4 : Le jour le pilon

Animal Lecteur est une série sous forme de gags en une page, autour du thème de la librairie spécialisé en bande dessinée. Très private joke mais les grand amateurs de bande dessinée peuvent s’y reconnaître. Dans ce tome, il va évoquer plus particulièrement le pilon, c’est à dire la destruction des invendus, la chaîne de librairie de grande taille, le développement du manga, mais y y retrouve toujours aussi les gags tournant autour de la surproduction, des acheteurs bizarres, des angoisses du libraire, l’avenir du métier… Ces gags me font toujours sourire, et parfois rire aux éclats. Je m’y suis reconnu parfois, c’est ce que j’aime chez Animal Lecteur, il se moque un peu de lui-même mais aussi de ses propres lecteurs, un moquerie bienveillante avec beaucoup de tendresse.
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Animal lecteur, tome 4 : Le jour le pilon

EXTRAIT " Sur le fond, Salma et Libon touchent toujours aussi justes, sur les grands thèmes déjà bien abordés par ailleurs dans les trois autres livres. A noter, tout de même, dans ce recueil, quelques axes particuliers. Les reprises incessante et pas forcément méritées de grands succès de la bd, la grande surface cuturelle, et la courte durée de vie des nouveautés en magasin. Systématiquement, Salma voit juste, touche là où ça fait mal, et du coup, où ça fait sourire. "
Lien : http://chroniquesdelinvisibl..
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Animal lecteur, tome 4 : Le jour le pilon

Les tomes d'« Animal Lecteur » se suivent sans cesser d'être créatifs, pertinents et drôles. Dans ce quatrième album, l'accent est mis sur le pilonnage des livres comme sur la concurrence que les grands magasins culturels constituent pour les librairies indépendantes.
Lien : http://www.bdselection.com/p..
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Animal lecteur, tome 4 : Le jour le pilon

Quel plaisir de retrouver notre cher libraire de "Bd Boutik". Il ne connaît jamais de moment de répit entre les nouveautés qui n'arrêtent pas d'arriver et les clients avec des demandes étranges. Tous les ingrédients sont là pour nous faire rire ou sourire. Qui n'a jamais entendu un libraire se plaindre que son travail consiste majoritaire à faire de la manutention? Les bd n'ont même plus le temps de trouver leur public. Au bout d'une semaine, les voilà reléguer dans un carton avec un retour à l'envoyeur. Surtout que beaucoup de lecteurs veulent les suites des séries qu'ils connaissent ou la nouvelle création d'un auteur phare. Alors comment peuvent se démarquer les petits nouveaux? Le libraire conseil parfois fait la différence. Les gags ne manquent pas et nous permettent de garder le sourire page après page. La bd se différencie grâce à son sujet sur le quotidien d'un libraire bd et son format A4 vertical qui sort du lot. Grâce à ça, on la voit mieux que les autres et cela attire notre regard. Le duo Sergio Salma et Libon fonctionne et sait se renouveler malgré les thématiques récurrentes. Même s'ils aiment mettre en boîte le monde des bulles, les mangas commencent à avoir plus de place. Même le maître, Osamu Tezuka est évoqué. Il n'y en a pas que pour Peyo, Joann Sfar, Van Hamme, Arleston... En tout cas, un bon moment de lecture qui ne demande qu'à être réitérée. 
Lien : https://wp.me/p1F6Dp-8f6
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Animal lecteur, tome 4 : Le jour le pilon

Ce tome fait suite à Animal lecteur, tome 3 : On peut pas tout lire ! (2012) qu'il n'est pas nécessaire d'avoir lu avant, mais ce serait dommage de s'en priver. Il s'agit donc du quatrième tome d'une série humoristique, constituant une compilation de gags en 1 bande verticale, chaque page comprenant 1 bande. Il se présente sous un format original : demi A4 vertical, avec des bandes verticales (par opposition à l'habitude des strips qui se présentent sous la forme d'une bande dans laquelle les cases se suivent à l'horizontal). Il est initialement paru en 2013, écrit par Sergio Salma, dessiné par Libon. Ce tome comprend 92 strips.



Le personnage récurrent de ces strips est le Libraire. Son nom a été prononcé dans le tome précédent : Bernard Doux, libraire à BD Boutik. Il travaille souvent seul, parfois avec un employé ou avec un stagiaire. Il reçoit régulièrement de nouveaux arrivages, et il doit gérer le retour des invendus. Un auteur s'enfonce dans la déprime à chaque fois que quelqu'un utilise un mot ou une image évoquant la destruction ce qui lui fait penser à la mise en pilon de son ouvrage. Bernard Doux pense au recyclage des livres, ce qui lui fait penser à son propre recyclage professionnel. 2 lecteurs évoquent la carrière déclinante d'un bédéaste vendant de moins en moins au fur et à mesure des années qui passent. Mission impossible : faire rentrer 7 mètres cubes de nouveautés dans un espace de vente pouvant en contenir 5. Un espace culturel MegaMaga ouvre à un kilomètre de BD Boutik. Bernard Doux fait des cauchemars en pensant à MegaMaga. Un client vient demander au libraire un tome qu'il n'a pas et indique qu'il va aller le chercher chez MegaMaga. Le libraire envoie son stagiaire en mission d'espionnage chez MegaMaga. Déguisé en babacool, le libraire se rend lui-même chez MegaMaga, deux fois de suite avec un déguisement différent. Un chef de rayon de MegaMaga commence à soupçonner un client d’être le libraire déguisé. Bernard Doux va flâner chez MegaMaga et il est acclamé comme étant le millième client.



Alors que le libraire flâne chez MegaMaga, un client pense que c'est sa nouvelle librairie. Le libraire pense qu'un client qui vient d'entrer est un espion diligenté par MegaMaga. Un client fait écrouler une pyramide de BD chez BD Boutik. Un garçon vient demander à acheter le nouveau Tintin qui est en vitrine. Un client vient demander une BD sur un thème qui le préoccupe beaucoup et le libraire bafouille. Un dessinateur a une idée ; le libraire a un client. Le libraire compare son métier à celui de fleuriste. Le libraire reçoit 4 clients successifs qui viennent acheter une BD pour quelqu'un d'autre. Le libraire repense à la durée de vie des magazines de bande dessinée dans les kiosques et la compare à celle des albums en librairies. Un monsieur entre dans la librairie et se rend compte qu'il s'est trompé : il n'y a pas de livres. Le libraire déplace des piles et des cartons toute la journée.



Ce recueil de gags peut aussi bien se lire sur l'impulsion du moment, sans avoir lu les précédents, ou après en avoir lu des parus plus tard, que dans l'ordre numérique des albums. Le lecteur qui en a déjà lu d'autres voit revenir des thèmes récurrents comme la surproduction de bandes dessinées, le poids des albums à mettre en place, la brièveté d'exposition en magasin, et la part de marché importante des mangas. Les auteurs savent se renouveler, à la fois sur le plan visuel et sur le gag. En page 6, Libon affuble le libraire d'une tenue de Superman. En page 25, le lecteur assiste à une pantomime en 5 cases, une véritable chorégraphie de la mise en place. En page 35, les auteurs se livrent à une comparaison visuelle du métier avec le triathlon. En page 39, le libraire revêt 3 cosplays différents pour fourguer sa marchandise. En page 58, on retrouve le libraire sur la plage, pour évoquer la saisonnalité des ventes. En page 62, c'est la caisse du magasin qui est soumise aux cadences infernales et Libon en montre les conséquences. Ou encore en page 74, le lecteur assiste au ballet du libraire avec son diable pour déplacer les cartons de nouveautés. Si les thèmes sont récurrents, les auteurs savent trouver des variations tant comiques que visuelles pour éviter la sensation de répétition.



Le premier plaisir est donc de retrouver ces caractéristiques du métier de libraire, qui donnent son identité à la série, avec des dessins dont l'exagération comique fait mouche, et qui ne conservent que l'essentiel, ainsi que le libraire toujours aussi affable. Le deuxième plaisir est de se sentir chez soi entre geeks, ou alors d'avoir l'impression d'explorer un peu ce monde d'initiés qui peut être celui de la bande dessinée. Sergio Salma intègre des références à l'industrie de la bande dessinée, mais aussi à ses créateurs. Le lecteur peut les relever dans les propos échangés, ou dans une image : un livre sur Tintin, une apparition d'Osamu Tezuka, une édition originale de Tintin au pays de Soviets, la mention de la série Niklos Koda (de Jean Dufaux & Olivier Grenson), des cosplays d'Astérix, Lucien (la série de Frank Margerin), les Nombrils, Reiser, Superman, des prédictions sur les carrières de Joann Sfar, Marjane Satrapi, les circonstances de la création des Schtroumpfs de Peyo, la part de marché représentée par Zep, Van Hamme, Arleston et Cauvin. Sur le plan visuel, seuls les cosplays sont représentés, afin de ne pas aller au-devant de problèmes de droit de propriété intellectuelle.



Si ce n'est pas son premier tome, le lecteur est également sensible au développement dans une nouvelle direction de thèmes déjà visités, et à l'apparition de nouveaux thèmes. Sergio Salma revient sur l'importance des mangas en France en termes de part de marché, en prenant un peu de recul. Il relève que personne n'avait prévu ce phénomène. Du coup, l'humour naît surtout de l'expression de visages d'individus assurant que les mangas ne sont qu'un effet de mode qui sera vite oublié. Il n'est amené à dessiner un japonais que dans une case en page 30 : Osamu Tezuka lui-même, pour un gag très réussi qui prouve que la réussite des mangas n'est pas due à un hasard. Comme l'indique le titre retenu, les auteurs développent le thème de la durée de vie d'un ouvrage en évoquant sa destruction, sa mise au pilon. Libon montre une machine infernale dotée de deux cylindres rotatifs hérissés de pics, un véritable cauchemar pour l'auteur. Le scénariste développe une demi-douzaine de gags sur l'implantation d'un supermarché culturel à un kilomètre de distance de la librairie BD Boutik. Cela donne lieu à de beaux gags visuels, avec les mines angoissées ou défaites du visage du libraire, mais aussi avec l'impression d'une immense surface de vente, et avec les déguisements improbables mis en œuvre par Bernard Doux et son stagiaire. Il faut voir la tête de rasta et de son chien pour y croire, et il est impossible de résister à l'effet comique.



Comme dans les tomes précédents, Sergio Salma écrit plusieurs gags qui reposent à 90% sur l'humour visuel, laissant Libon mettre en œuvre l'effet comique. Outre le chien et son maître rasta, ou le ballet de mise en place et de retrait des nouveautés, le lecteur peut voir un client tenter de prendre une BD en bas d'un pile, voir le lien sonore qui unit l'idée du dessinateur et l'arrivée d'un client, regarder un client désemparé quant à la manière de tenir une BD, observer l'insomnie de Johannes Gutenberg (1400-1468), regarder un téléphone sonner (une page d'adaptation en BD de la série télé Inspecteur Derrick), ou encore les différentes vitrines des commerces qui se sont succédés à l'emplacement avant l'implantation de BD Boutik. Un bon nombre de gags sont basés sur des dialogues ou un soliloque de Bernard Doux, ce qui n'empêche pas de profiter d'une réelle variété visuelle.



L'humour de Libon & Salma est remarquable en ce qu'il n'est pas agressif, ou dirigé contre des individus, mais plutôt sur des comportements plus ou moins décalés ou parfois idiots dans lesquels le lecteur peut reconnaître ses propres moments les moins glorieux. En creux affleurent également des éléments sociétaux. La destruction des invendus et la valse toujours plus rapide des nouveautés qui chassent celles de la semaine dernière reflètent la société de consommation dans sa phase de surabondance, ainsi qu'une société basée sur le flux continuel de nouveautés. Cela renvoie à la fois à la consommation de ressources en continue (comme les matières premières), mais aussi à des techniques marketing performantes et toujours plus efficaces, où l'être humain est devenu lui aussi une ressource devant toujours produire d'avantage et plus vite. Il n'est pas encore question de la paupérisation des auteurs, mais le libraire présente (page 55) déjà un camembert montrant les proportions du prix d'un ouvrage, qui reviennent à chacun des acteurs du métier du livre. Le contraste est saisissant avec la fausse reconstitution historique de l'arrivée d'une nouveauté en boutique en janvier 1927 (page 93). Cette même page pointe également le complexe dont souffre la bande dessinée, par rapport aux autres productions culturelle, à commencer par le livre. Libon & Salma le rappellent avec le gag du monsieur qui repart parce qu'il n'y a pas de livre dans la librairie BD Boutik. L'implantation du supermarché culturel évoque à la fois la désertification des centres villes et la concurrence déséquilibrée entre le commerçant de quartier et l'hypermarché. Les auteurs évoquent la gêne du commerçant servant un individu aux convictions nauséabondes : un facho venu faire le plein de BD sur le troisième Reich. Ils questionnent également le lectorat autrement, avec le principe de BD-cadeau : la BD serait plus achetée pour offrir à quelqu'un que pour lire par l'acheteur.



Ce quatrième tome de gags verticaux en 1 page est aussi bon que les trois premiers et le lecteur y trouve la même chose : un libraire sympathique et parfois bizarre, des clients de tout horizon, des blagues visuelles et des gags avec une chute, des thèmes déjà abordés et de nouveaux thèmes. Il ressort de sa lecture avec le sourire, avec le plaisir ineffable que les auteurs s'adressent au connaisseur de BD qui est en lui, et avec un constat sur les forces économiques et sociales qui façonnent le marché.
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Animal lecteur, tome 4 : Le jour le pilon

Animal Lecteur, ce n’est pas seulement une série drôle sur la librairie c’est aussi un plaidoyer pour les vraies librairies tenues par de vrais libraires. Non pas qu’ils soient tous exempts de tout reproche mais ce sont eux les plus à même d’assurer la bonne santé de nos albums grâce à leurs conseils et leur soucis de bien faire leur travail.
Lien : http://www.avoir-alire.com/a..
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Animal lecteur, tome 4 : Le jour le pilon

Toujours aussi sympathique ce libraire avec tous les soucis qui ne semblent pas les nôtres et pourtant si on lui achetait un peu plus de BD , ses problèmes s'envoleraient.
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Animal lecteur, tome 5 : C'était mieux avant !

Plusieurs séries ont mis ou mettent des auteurs en scène (Pauvre Lampil, Le Gang Mazda, L'Atelier Mastodonte...), Animal lecteur s'intéresse, de son côté, à ce qui se trouve en aval : libraire et lecteurs. Difficile dès lors de ne pas y retrouver l'un ou l'autre de nos travers... observés avec le sourire !
Lien : http://www.auracan.com/album..
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Animal lecteur, tome 5 : C'était mieux avant !

Alors, n'hésitez pas à vous prendre ce tome 5 et à le lire et relire sans modération : ce n'est que du bonheur !
Lien : http://www.sceneario.com/bd_..
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Animal lecteur, tome 5 : C'était mieux avant !

Tout le monde aura remarqué le changement de format de cette bande-dessinée. Ce ne sont plus des strip qu’on lit mais des planches. Les histoires ont donc le temps de se développer.

Sur la couverture, je vois beaucoup de héros que je ne connais pas. Je m’attendais à les retrouver, mais ils ne sont que subtilement bordés par le nom de lecteurs ou une recherche dans les fonds de la librairie. Il n’y a que le Marsupilami qui reste véritablement égal à lui-même en semant la pagaille.

La bande-dessinée montre que les lecteurs sont nostalgiques. J’adore leurs réactions quand ils retrouvent une BD de leur enfance. Les auteurs poussent le principe du « c’était mieux avant » assez loin. Ils font un petit cours d’histoire du livre, assez drôle, jusqu’à l’ouverture de la librairie.

Je crois que mes pages préférées sont celles avec la frise chronologique. La vérité sur le monde de l’édition et des libraires est montrée avec humour. J’ai encore passé mon temps à sourire, pendant la lecture. Certaines personnes ont dû me prendre pour une folle.

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Animal lecteur, tome 5 : C'était mieux avant !

Bon... j'avais pris le livre parce qu'il était justement question d'abandonner le format "gag en une planche" pour quelque chose de plus long. Je ne suis pas fan des gags en une planche. Gaston Lagaffe à la rigueur, Gotlib, Gai Luron, cela passe. Mais en général, c'est rédhibitoire.



Ici, tout tourne autour du business du livre. du job de libraire en passant par la grosse tête des auteurs, par le Festival d'Angoulême ou les caprices des lecteurs (qui sont aussi des consommateurs...).



On sourit. Je ne vais pas dire le contraire. A certains moments, même, j'ai pensé "Tiens, on dirait du mauvais Dingodossiers recyclé"... Surtout lorsque les auteurs abordent Angoulême, il y a alors une causticité intéressante, un soupçon de larme de fifrelin de vitriol, que les auteurs font vite disparaître. Pas assez trash à mon goût, alors que le sujet s'y prête. Tout le monde n'est pas Yann et Conrad, Goscinny et Gotlib, Larcenet, Trondheim...



Le découpage est minuscule, le tout est extrêmement verbeux sans être vraiment drôle. Bref, je me suis ennuyé et j'ai souvent décompté les pages. J'ajouterai quel a couverture laisse supposer quelque chose de plus décalé, avec l'intervention de personnages de BD redessiné par l'auteur, et cela m'aurait plu. Déception, aussi, par rapport à des attentes suscitées par la couverture, donc.
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Animal lecteur, tome 5 : C'était mieux avant !

Un ensemble très honorable mais moins hilarant que les premiers albums.
Lien : http://www.bdencre.com/2014/..
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Animal lecteur, tome 5 : C'était mieux avant !

Graphiquement, le trait de Libon maîtrise à merveille les codes de l’humour et ça marche.
Lien : http://www.avoir-alire.com/a..
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Animal lecteur, tome 5 : C'était mieux avant !

Ce tome fait suite à Animal lecteur, tome 4 : Le jour le pilon (2013) qu'il n'est pas nécessaire d'avoir lu avant, mais ce serait dommage de s'en priver. Il s'agit donc du cinquième tome d'une série humoristique, constituant une compilation de gags en 1 ou plusieurs pages, en couleurs. Il est initialement paru en 2014, écrit par Sergio Salma, dessiné par Libon. Ce tome comprend 54 pages de bande dessinée. Il contient 25 histoires de 1 à 6 pages. : 11 gags d'une page, 5 de 2 pages, 4 de 3 pages, 2 de 4 pages, 2 de 5 pages, et 1 de 6 pages.



À chaque nouveau client, Bernard Ledoux entend une petite voix dans sa tête prononcer la réponse sarcastique qui lui brûle les lèvres, alors qu'il énonce à haute voix une phrase polie. Les clients estiment souvent que c'était mieux avant : c'est l'occasion de faire un historique rapide de la diffusion du livre depuis l'invention de l'imprimerie par Gutenberg (en fait non, par les chinois) au seizième siècle. À chaque nouveau client, le libraire doit adapter sa manière répondre, en adoptant un niveau de langage similaire. Les débuts de l'écriture marquèrent symboliquement la fin de la préhistoire : l'Histoire pouvait commencer et la connaissance se diffuser, pour que les gens deviennent moins bêtes. En 1965 dans une grande surface, Morris, Franquin et Peyo dédicacent : le petit Simon se fait offrir En remontant le Mississippi qu'il perdra dans un déménagement. Pour passer le temps et varier l'attente, le libraire imagine à quel personnage de bande dessinée lui fait penser chaque client qui rentre dans sa boutique. Après deux mois de léthargie économique, l'arrivée du représentant annonce la rentrée de septembre, quand il vient proposer les nouveautés fin août. Un peintre en bâtiment est en plein travail sur son échafaudage quand il trébuche et tombe à la renverse. Quelles sont les raisons qui peuvent faire qu'une série de bande dessinée s'arrête ou qu'une collection s'arrête ? Un client entre et demande si la série Evangelikon se vend bien : le libraire se lance dans une explication sur la motivation de l'auteur partagé entre ses 2 séries concomitantes. Un jour moins animé qu'un autre, le libraire répond à la question d'un de ses clients : qu'est-ce qui lui a donné envie d'être libraire ? Le libraire est en train de ranger un élément para-BD : un Marsu en pierre (9kg) monté sur une queue ressort métallique, peint à la main, tirage limité.



Dans la boutique, un client explique la force de l'effet Madeleine des BD sur lui, au libraire et à un autre client. La grand-messe du festival d'Angoulême impacte aussi bien les auteurs que les éditeurs, les lecteurs, sans oublier les angoumoisins. Un collectionneur s'est fait dérober en pleine rue, une édition originale du Nid des Marsupilamis, dédicacée par l'auteur. Il existe un décalage certains entre les déclarations au micro des participants divers et variés au Festival Angoulême, et ce qu'ils pensent vraiment. Un lecteur vient chercher une BD à la boutique, sur laquelle il n'a que quelques bribes d'information : bonne chance au libraire pour retrouver de quoi il s'agit. Un client régulier de BD Boutik devient un auteur de BD. Bernard Doux prend enfin quinze jours de vacances en Italie avec sa femme, mais il éprouve d'immenses difficultés à se libérer l'esprit de son métier. Les querelles de chapelle entre clients sur le roman graphique, et les écoles franco-belge. Après le départ d'un client, le libraire s'emporte à haute voix contre sa pingrerie. Le libraire accompagne un riche client à une vente aux enchères de planches originales. Dans le futur, toute la lecture sera dématérialisée, ce qui ne fait pas rêver tout le monde. Deux messieurs jouent à ni Oui, ni C'était mieux avant. Un client entre dans la boutique pour chercher la bande dessinée idéale.



M'enfin !!! Qu'est-ce qui leur a pris ?!? Cet album se présente au format franco-belge traditionnel. L'une des caractéristiques de cette série était que les tomes se présentent sous forme demi-album (moitié de la largeur normale) avec des gags sous forme de strips dont les cases sont alignées verticalement, les unes en dessous des autres, plutôt qu'alignées en ligne dans un format habituel ou à l'italienne. Le lecteur découvre avec surprise (et peut-être exaspération) ce changement hérétique, encore aggravé par le fait que les tomes 6 & 7 sont à nouveau au format initial. C'est foutu : sa collection est dépareillée, défigurée, et ça va être encore plus l'enfer à faire rentrer dans la bibliothèque. Les auteurs ne sont que des iconoclastes sans égard pour ceux qui les font vivre (ou alors ils ont des actions chez un marchand de meubles à monter soi-même). D'un autre côté, le lecteur retrouve bien les thèmes habituels de sa série comique préférée : les questions parfois pas très futées des clients, l'histoire de la bande dessinée (cette fois-ci sous l'angle de la naissance et de l'évolution des points de vente), l'investissement affectif des lecteurs (par exemple dans les dédicaces), le rythme saisonnier (avec la présentation des nouveautés par le représentant la frustration générée par les séries arrêtées, l'incidence de la vie privée et des aspirations des auteurs sur leur œuvre, les autres produits en vente dans une librairie (le para-BD), l'échelle de valeurs entre les différents type de bande dessinée (cette fois-ci le roman graphique contre le franco-belge).



Le lecteur relève une forme de renouvellent de certains thèmes récurrents, et des thèmes nouveaux. Cette fois-ci : pas de comparaison ou d'opposition BD contre manga, une seule mention de la surproduction, une seule mention du poids des ouvrage à mettre en place. En fait, le lecteur ayant commencé la série au premier tome sourit de connivence au gag sur le poids, encore plus à celui sur les 40 mètres cubes de nouveautés à faire rentre dans 30 mètres cubes d'espace. En fait, il se rend compte qu'il est vraiment accro quand il sourit en voyant les invendus détruits par le pilon (page 44, en se souvenant des gags correspondants dans le tome précédent) et quand il grimace en découvrant page 18 que son libraire préféré est appelé Bernard Dolce Vita, et non Bernard Doux comme dans les tomes précédents. Quel mépris de la continuité ! Vite remis de ce menu détail (plus révélateur de son caractère obsessionnel, que gênant à la lecture), il découvre avec intérêt comment est née la vocation de libraire de Bernard Doux et comment il a acquis sa boutique. Il suit les passages réguliers d'un client devenant bédéaste, ainsi que le regard du libraire sur la qualité de ses albums. Il se rend compte du degré d'implication émotionnel de Bernard Doux, incapable d'oublier la BD pendant ses vacances et il découvre le festival international de la bande dessinée d'Angoulême sous une douzaine d'angles différents, le scénariste mettant à profit ce format différent pour développer des thèmes sur plusieurs pages.



De son côté, Libon met également à profit ce format traditionnel de bande dessinée, de temps en temps pour une mise en page différente : des dessins de la largeur de 2 pages en vis-à-vis (pages 10 & 11), des découpages très réguliers pour mettre chaque scène sur un même plan d'égalité (page avec 8, 9 ou 12 cases de la même taille, très signifiant pour les 2 reportages à Angoulême), un dessin en pleine page (page 36). En outre les gags ou petites histoires de plus d'une page lui permettent de développer un décor ou environnement sur plusieurs vignettes, comme la ville d'Angoulême, ou celle de Rome à l'occasion des vacances des époux Doux. Il peut aussi développer l'impression de mouvement plus facilement sur les cases d'une même bande, comme les petits sauts du Marsu de 9kg avec sa queue en ressort. Régulièrement, il s'affranchit de dessiner l'arrière-plan d'une case ou d'une série de cases, pour se concentrer sur les personnages, et ainsi focaliser l'attention du lecteur sur eux. Leu représentation relève d'un croisement entre l'école de Marcinelle (ancienne commune belge où Jean Depuis a fondé le Journal de Spirou en 1938), et un détourage plus grossier assez caricatural, accentuant fortement l'expressivité des visages. Impossible de résister à l'expression de l'enthousiasme de certains lecteurs, à l'air idiot d'autres, aux mimiques commerciales du libraire face à ses clients, au sourire encore plus commercial du représentant qui vient proposer ses nouveautés, à la tristesse qui se lit sur le visage d'un enfant dont se moquent ses copains, aux angoumoisins fuyant l'arrivée massive des festivaliers, au délire qui s'empare de Bernard Doux pendant ses vacances, voyant des signes professionnels dans tout ce qu'il regarde, etc..



Bien sûr, cette bande dessinée parle toujours plus aux clients réguliers d'une librairie spécialisée et aux lecteurs de BD. Les auteurs font des références régulières aux auteurs et au série, souvent dans les dialogues, mais aussi parfois dans les dessins. Cela commence avec la couverture : l'amateur de BD n'éprouvera aucune difficulté à mettre un nom sur la vingtaine de personnages, même les deux étrangers (Superman et Astro Boy). Au fil des histoires, il est fait allusion à Tintin aux pays des soviets, Voyage en Italie de Cosey, Les Nombrils, François Schuiten, Joe Bar Team, Morris, Franquin, Peyo, Macherot, des héros récurrents (Gaston, le Schtroumpf à lunettes, Buck Danny, Natacha, Astérix & Obélix, Tournesol, leur tête dessinée dans un phylactère, avec un dernier inattendu), le Marsupilami, Kid Ordinn, Olivier Rameau, Les rivaux de Painful Gulch, etc. L'amateur de BD se rend compte que les auteurs ne lâchent pas quelques noms comme ça au hasard, qu'ils connaissent leur affaire, qu'ils ont leur propre panthéon constitué au fil de nombreuses lectures. Bien évidemment, Raoul Cauvin est évoqué au travers d'un album des Tuniques bleues, sinon cet album d'Animal Lecteur aurait paru incomplet.



Malgré la surprise de taille de changement de format de la série, les auteurs restent fidèles à ce qui en fait sa personnalité : gags et monde de la bande dessinée. Le lecteur prend le même plaisir que d'habitude à découvrir les difficultés professionnelles de Bernard Doux, et à vor son horizon s'élargir avec d'autres thèmes, et même quelques histoires où il n'apparaît pas ou peu.
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Animal lecteur, tome 5 : C'était mieux avant !

Ce 5ème volume des histoires d’Animal Lecteur est assez différent des autres tomes. Les 4 premiers volets étaient édités en format vertical étroit, avec des histoires en 1 seule page avec les vignettes se superposant uniquement, ici le format est plus classique, se rapprochant du fameux format A4, avec une présentation en 3x4 vignettes par planche en moyenne. Le sujet, c’est toujours le monde de la bande dessinée, vu par un libraire spécialisé. Les gags sont moins désopilants, le ton plus nostalgique et plus didactique, il y a une histoire sur le festival d’Angoulême, une autre sur comment Animal Lecteur est devenu libraire spécialisé, du coup c’est encore plus private joke que les tomes précédents. Pour moi qui ai été bercé durant mon enfance par le BD des années 60-70, j’y ai pris beaucoup de plaisir à y découvrir mes petits travers de lecteur, de consommateur de BD, un plaisir différent de celui des 4 premiers tomes, moins d’éclats de rire, une vision plus réaliste sur le monde de la BD, et sans doute plus destiné à un public de fans.
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Animal lecteur, tome 6 : Un best-seller sin..

Libon, avec son style particulier, met en images ces scènetes qui sont des plus réussis dans le genre / tout y est drôle et nous fait rire.
Lien : http://www.sceneario.com/bd_..
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Animal lecteur, tome 6 : Un best-seller sin..

Voilà j'ai tout lu ce que ma médiathèque proposait sur cette série. Et ce 6ème tome m'a fait beaucoup de bien : c'était un petit divertissement au milieu de lectures un peu arides que je m'impose en ce moment.... et étrangement, même si ça reste toujours un peu répétitif, je m'amuse encore à ces lectures.

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Animal lecteur, tome 6 : Un best-seller sin..

Cette bande dessinée condense toutes les planches parues préalablement dans le magazine le Petit Spirou. J'ai du mal à comprendre que cela soit publié à destination de la jeunesse. Non pas qu'il y ait traces de violence ou autres propos inappropriés pour la jeunesse, mais j'ai l'impression que les tribulations d'un libraire et ses problèmes financiers ne soient pas d'un grand intérêt pour des enfants et adolescents...
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