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3.8/5 (sur 53 notes)

Nationalité : Royaume-Uni
Né(e) le : 15/09/1929
Biographie :

John Julius Cooper, plus connu sous le nom de John Julius Norwich, 2nd vicomte Norwich, est un historien britannique, écrivain de voyage et personnalité de la télévision.

Fils unique d'un homme politique conservateur et diplomate, Duff Cooper, 1er vicomte Norwich, c'est un ancien élève de l'Université d'Oxford et de l'Université de Strasbourg. Il a été également diplomate.

Il préside aujourd'hui le Fonds International pour la Sauvegarde de Venise et a notamment publié une Histoire de Byzance (A Short History of Byzantium, 1988), une Histoire de Venise, et une Histoire des Royaumes Normands de Sicile.

Source : Wikipédia
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
La Méditerranée est un miracle. Quand on l'aperçoit sur la carte pour la millionième fois, on pense qu'elle va de soi ; mais si on tente de l'envisager objectivement, on comprend tout à coup que c'est quelque chose d'unique.
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L'Empire romain d'Orient fut fondé par Constantin le Grand un lundi 11 mai 330 ; il prit fin un mardi 29 mai 1453. Durant ces mille cent vingt-trois années et dix-huit jours, quatre-vingt-huit hommes et femmes occupèrent le trône impérial sans compter les sept qui l'usurpèrent durant l'occupation latine. Sur ces quatre-vingt-huit, quelques-uns - Constantin lui-même, Justinien, Héraclius, les deux Basile, Alexis Comnène possédaient une vraie grandeur; quelques-uns - Phocas, Michel III, Zoé et les Ange étaient méprisables; la grande majorité étaient des êtres courageux, droits, craignant Dieu, qui firent de leur mieux avec plus ou moins de succès. Byzance n'a peut-être pas atteint ses plus hauts idéaux, mais elle n'a certainement pas mérité la réputation épouvantable qu'elle doit à Edward Gibbon, aux XVIIIe et XIXe siècles. Les Byzantins vivaient au contraire dans une société profondément religieuse où l'illettrisme - du moins dans les classes moyennes et supérieures - était pratiquement inconnu, et où un empereur après l'autre fonda sa réputation sur son érudition, une société qui seule préserva l'essentiel de l'héritage de l'Antiquité grecque et latine durant les siècles d'obscurité en Occident, quand les lumières du savoir étaient presque éteintes ; une société, finalement, qui produisit le phénomène stupéfiant de l'art byzantin. Aussi réduit qu'ait été cet art, en grande partie confiné au grand mystère de la foi chrétienne, il réussit à atteindre un degré d'intensité et d'exaltation sans pareil ni auparavant ni depuis, et ses chefs-d'œuvre la Déisis dans la nef sud de Sainte-Sophie, l'Anastasis et le Paraclésion de Saint-Sauveur-in-Chora à Constantinople comptent parmi les créations les plus sublimes de l'esprit humain. Les instructions données aux peintres et aux mosaïstes de Byzance étaient simples: « Représenter l'esprit de Dieu. » C'était un formidable défi que les artistes occidentaux ont rarement affronté ; mais à maintes et maintes reprises, dans les églises et les monastères de l'Orient chrétien, cette tâche aboutit à une réussite triomphale.
Un des premiers et des plus brillants philhellènes du XX siècle, Byron, soutenait que la grandeur de Byzance résidait dans ce qu'il appelait « la triple fusion » : celle d'un corps romain, d'un esprit grec et d'une âme orientale mystique. Ces trois tendances étaient toujours présentes, en effet, et elles ont forgé le caractère unique de l'empire, mais au fond, les Byzantins étaient des humains comme nous tous, victimes des mêmes faiblesses, sujets aux mêmes tentations, méritant louanges et blâmes comme tout un chacun. Ce qu'ils ne méritent pas, c'est l'obscurité à laquelle on les a condamnés pendant des siècles. Ils firent de nombreuses folies, commirent bien des péchés, mais il leur sera certainement beaucoup pardonné pour la beauté qu'ils ont laissée derrière eux et pour l'héroïsme avec lequel, aux côtés de leur courageux dernier empereur, ils ont vécu leur fin, écrivant une des pages les plus glorieuses de l'histoire mondiale, devenue légende épique, et dont se souviennent avec autant de fierté les vainqueurs et les vaincus. C'est pourquoi cinq siècles et demi plus tard, dans tout le monde grec, le mardi est encore considéré comme le jour le plus funeste de la semaine ; c'est pourquoi le drapeau turc arbore non pas un croissant de lune quelconque mais une lune descendante, pour rappeler que la lune était dans son dernier quartier le jour où tomba Constantinople, et c'est pourquoi, hormis la Grande Église, Sainte-Sophie elle-même, ce sont les remparts - croulants, brisés, mais entourant toujours la ville d'une mer à l'autre qui demeurent le monument le plus grandiose et le plus tragique de Byzance.
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Au commencement était... le nom - certainement un des plus magiques qui ait résonné dans l'histoire. Même si l'empire n'avait jamais existé, Byzance serait certainement resté imprimée dans les esprits et les mémoires par la simple musique de son nom - visions d'or, de malachite et de porphyre, de cérémonies grandioses et solennelles, de lourds brocarts ornés de rubis et d'émeraudes, de somptueuses mosaïques luisant dans des salles embrumées d'encens.
Puis, le site. Lui aussi grandiose. Au seuil même de l'Asie, à l'extrémité est d'un large promontoire triangulaire, baigné au sud par la mer de Marmara, au nord-est par ce profond bras d'eau navigable de près de huit kilomètres de long que l'on appelle depuis la plus lointaine Antiquité la Corne d'Or, la nature l'avait façonné en un port magnifique doublé d'une place forte imprenable qui ne nécessitait de véritables fortifications que du côté de la terre. Une attaque venue du large eût été périlleuse, la mer de Marmara étant elle-même protégée par deux longs détroits : le Bosphore à l'est et l'Hellespont (ou les Dardanelles) à l'ouest.
Enfin, l'homme : Constantin, I'empereur de Rome. Aucun souverain dans l'histoire n'a davantage mérité le titre de Grand car, en quinze ans seulement, il prit deux décisions qui chacune à elle seule eût modifié l'avenir du monde civilisé. La première fut d'adopter le christianisme comme religion officielle de l'Empire romain. La seconde fut de transférer la capitale de cet empire de Rome à la nouvelle ville qu'il bâtissait sur le site de l'ancienne Byzance et que l'on devait, pour les seize siècles à venir, appeler de son nom : Constantinople, la ville de Constantin. Ensemble, ces deux décisions et leurs conséquences lui ont conféré le droit de concourir pour le titre d'homme le plus influent de l'histoire mis à part le Christ, Bouddha et le prophète Mahomet.
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Notre civilisation n'a jamais correctement reconnu sa dette envers l'empire d'Orient. S'il n'y avait eu ce grand bastion oriental de la chrétienté, quelles chances aurait eu l'Europe contre les armées du roi de Perse au vir siècle, ou celles du calife de Bagdad au VIII ? Quelle langue parlerions-nous aujourd'hui et quel dieu vénérerions-nous ? Dans le domaine culturel aussi, notre dette est grande. Après les invasions barbares et la chute de l'Empire romain, les lumières du savoir étaient presque éteintes en Europe occidentale en dehors de quelques étincelles intermittentes dans des monastères. C'est sur les rives du Bosphore qu'elles continuèrent à briller, que le vieil héritage classique fut préservé. Beaucoup de ce que nous savons de l'Antiquité - en particulier de la littérature grecque et romaine et du droit romain - eût été perdu à jamais sans les érudits, les scribes et les copistes de Constantinople.
Cependant, on a depuis longtemps accepté et oublié ces immenses services. De nos jours ne demeure qu'un seul souvenir constant du génie des Byzantins : la splendeur de leur art. Jamais dans l'histoire de la chrétienté - et on pourrait être tenté d'affirmer: dans aucune autre religion au monde - une école d'artistes ne réussit à infuser un tel degré de spiritualité dans son travail. Les théologiens byzantins insistaient sur le fait que les peintres religieux, comme ceux qui composaient les mosaïques, devaient tenter de refléter l'image de Dieu. Ce n'était pas une exigence mineure, mais dans les églises et les monastères de l'empire nous la voyons encore et toujours triomphalement accomplie.
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Le point central de la nouvelle ville de Constantin était le Milion, la première borne, le « milliaire d'or ». Il consistait en quatre arcs de Triomphe formant un carré et soutenant une coupole au-dessus de laquelle se trouvait la relique la plus vénérable des chrétiens : celle de la Vraie Croix, envoyée de Jérusalem par l'impératrice Hélène un ou deux ans plus tôt. C'est de là que toutes les distances de l'empire étaient mesurées ; c'était en fait le centre du monde. Un peu à l'est, sur le site jadis occupé par un sanctuaire d'Aphrodite, s'élevait la première grande église chrétienne de la nouvelle capitale, Sainte-Irène, dédiée non pas à un saint ou à un martyr, mais à la Sainte Paix de Dieu. Quelques années plus tard elle devait être rejointe - et un peu écrasée - par sa voisine plus grande et plus splendide encore, Sainte-Sophie, l'église de la Sainte Sagesse; mais pour l'instant, elle n'avait pas de rivale. À quatre cents mètres de là, vers la mer de Marmara, s'étendait l'immense hippodrome de Constantin, dont la spina - sorte de terrasse matérialisant l'axe de Parène, fut ornée d'un des plus anciens trophées classiques de la ville : la « colonne serpentine », rapportée par Constantin de Delphes où elle avait été érigée dans le temple d'Apollon par trente et une cités grecques reconnaissantes d'avoir vaincu les Perses à la bataille de Platée en 479 av. J.-C. . À mi-chemin de son côté est, la loge impériale donnait directement accès, par un escalier en spirale, à l'ensemble de pièces de réception, de bureaux, d'appartements, de bains, de casernes et de terrains de parade qu'était le palais.
À l'ouest du Milion partait une large avenue, déjà percée par Sévère, qu'on appelait le Mese. C'est le long du Mese que l'empereur avait tracé un magnifique nouveau forum de forme ovale et pavé de marbre. En son centre se dressait, sur une dalle de marbre de sept mètres, une colonne haute de trente mètres, en porphyre, rapportée d'Héliopolis, en Égypte. On avait déposé à l'intérieur une série de reliques d'importance inestimable, dont la hachette avec laquelle Noé avait construit l'arche, les paniers et les restes des miches de pain avec lesquelles le Christ avait nourri la multitude, le pot d'onguent de sainte Marie-Madeleine... et l'image d'Athéna ramenée de Troie par Énée. Au sommet se dressait une statue dont le corps était un Apollon de Phidias, mais dont la tête, qu'entourait un halo métallique représentant les rayons du soleil, était celle de Constantin. La main droite tenait un sceptre, la gauche était repliée sur un fragment de la Vraie Croix. Une fois de plus, les éléments païens et chrétiens étaient combinés, mais cette fois, tous étaient subordonnés au nouvel Être suprême : l'empereur Constantin.
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Avec ses goûts dispendieux et les moyens de les satisfaire, le nouvel empereur engagea un immense programme de constructions dans la capitale, qui se concentra sur le Grand Palais. Établi à l'origine par Constantin à l'époque de la fondation de la ville, il avait été en grande partie reconstruit par Justinien, mais Théophile le transforma totalement, créant de nouveaux bâtiments en marbre et en porphyre, couvrant les murs de brillantes mosaïques. Au nord-est du Grand Palais, près de l'église Sainte-Sophie, se trouvait le palais de la Magnaure, lui aussi construit par Constantin. C'est là que Théophile installa son jouet mécanique le plus célèbre. Tout ambassadeur reçu en audience était stupéfait de trouver le trône impérial sous un platane en or parsemé d'oiseaux en pierres précieuses - dont certains semblaient s'être envolés de l'arbre pour se poser sur le trône. Flanquant le tronc, des lions et des griffons d'or étaient couchés. L'émerveillement du visiteur augmentait encore quand, à un signal, les animaux se levaient, les lions rugissaient et tous les oiseaux se mettaient à chanter. Soudain, le chœur était interrompu par la musique d'un orgue d'or, après quoi le silence revenait pour permettre de converser. À l'instant où le visiteur se levait pour partir, le chœur se remettait à chanter et continuait jusqu'à ce qu'il ait quitté la salle.
Il serait injuste de ne pas ajouter que Théophile dépensa aussi beaucoup de temps et d'argent pour la défense de Constantinople. Les murs le long de la Corne d'Or avaient causé des inquiétudes pendant le siège de Thomas. Un projet ambitieux pour les surélever sur toute leur longueur, engagé par Michel II, fut presque entièrement réalisé par Théophile. Extravagant et luxurieux, ce souverain avait pourtant conscience de ses responsabilités et jamais il ne s'y déroba.
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Constantinople était déjà une belle et noble ville - bien qu'encore de dimensions modestes. Elle fut dédiée à la Vierge, ainsi que Constantin l'avait décidé, lors d'une cérémonie spéciale qui marqua l'apogée de son jubilé d'argent. L'empereur assista à la grand-messe à Sainte-Irène, tandis que la population païenne priait pour sa prospérité et celle de la ville dans les temples qu'il l'avait autorisée à utiliser. C'est par cette messe que l'histoire de Constantinople commence vraiment - et avec elle celle de l'Empire byzantin. C'était le 11 mai 330, un lundi.
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Et comme Venise tira les plus grands avantages de cette tragédie, elle et son superbe doge doivent accepter de porter aussi la plus grande responsabilité du chaos qu'ils provoquèrent dans le monde
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C’est ici seulement, dans cette île sans pareille au centre de la Méditerranée, que les trois grandes civilisations vivaient et travaillaient ensemble en harmonie et concorde parfaites – comme jamais avant ou après.
La Sicile normande reste une leçon pour nous tous.
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La Méditerranée est un miracle. Quand on l'aperçoit sur la carte pour la millionième fois, on pense qu'elle va de soi ; mais si on tente de l'envisager objectivement, on comprend tout à coup que c'est quelque chose d'unique.
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