AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de Mimimelie


Entre un Bosch trop ésotérique et un Rubens trop aristocratique et international, Bruegel, à carrure égale, propose une image de son peuple où se reconnaîtra la future nation belge et dont elle fera un vecteur identitaire. Pieter Bruegel l’Ancien (vers 1525-1569), le grand, le fondateur de la dynastie, à ne pas confondre avec ses fils Pieter Bruegel II dit « d’Enfer » et Jan Bruegel dit « de Velours », vécut en un siècle où son pays, la Flandre d’alors, était sous le joug de la couronne espagnole, qui réprimait férocement toute contestation. Le Conseil des troubles fut instauré pour cela. Et l’Inquisition châtiait tout ce qui était suspecté d’hérésie, en un temps où la Réforme se répandait dans tout le nord de l’Europe. Les années 1560 furent celles où se nouèrent des luttes qui, à terme, menèrent à l’indépendance des Pays-Bas.

Typiquement flamande, aussi, est l’inspiration populaire du peintre : il suffit d’évoquer le nombre et la puissance des scènes paysannes ou villageoises, travaux des champs, kermesses, repas de noces, jeux d’enfants, illustrations de dictons et proverbes… Même les scènes bibliques ou historiques se déroulent dans le monde contemporain de l’artiste, en costumes modernes et dans un environnement flamand. Ce processus d’actualisation des thèmes n’est ni nouveau ni unique en son temps, certes. Mais celle-ci, chez Bruegel, est aiguë, elle acquiert une pertinence et une acuité de sens inédites jusqu’alors.

Plus que tout autre avant lui, et avant l’Italien Caravage, Bruegel fait de la réalité tangible, matérielle, sociale, humaine, la matière même de son art, et le sacré ne peut s’envisager qu’articulé à notre humaine condition.
Commenter  J’apprécie          11





Ont apprécié cette citation (1)voir plus




{* *}