Jean-Pierre Rosenczveig - loi sur les récidives
Si la justice et le droit, prévient t-il, sont capables d'être les leviers de changement de la société, il est temps qu'ils jouent leur rôle à nouveau aujourd'hui.
Un soir, tard, dans une rue de Paris, j'ai vu venir vers moi deux blacks, avec des capuches. Je vois une barre de fer dans les mains de l'un d'entre eux. Black + capuche + barre de fer = patibulaire. Je change ma sacoche de main pour me préparer au cas où. Rien ne se passe. On se croise. Et j'entends :
"Monsieur Rosenczveig ! Vous me reconnaissez ?"
Je réponds : "Un Noir, de nuit, ne le prenez pas mal, je ne vous reconnais pas."
" Vous vous êtes occupé de moi quand j'étais jeune ! Vous deviez m'incarcérer, et vous ne l'avez pas fait."
"Ah. J'ai bien fait ou pas ?"
" Vous avez bien fait."
Il était devenu animateur socio-culturel. J'ai réalisé que ce que j'avais pris pour une barre de fer était en fait l'étui d'un instrument de musique...
Le combat continue dans l'intérêt même de la société et de la démocratie.
On pourrait recourir systématiquement à la table d'opération, plutôt qu'à une thérapie médicamenteuse. Dans notre domaine, la chirurgie, c'est la prison. Or tout ne relève pas de la chirurgie. Et autant sur le plan médical, en général, le patient se relève de la table d'opération, autant la chirurgie judiciaire produit parfois plus de problèmes qu'elle n'en avait repérés au départ. Car la prison est criminogène : 60 à 70 % des personnes qui y ont séjourné y retournent. La difficulté consiste donc à savoir y recourir sans en abuser.
Les enfants ont des droits, certes, mais ils n’en savent rien, et la plupart des adultes non plus.
L'ambiance a changé. Je sens bien que mes concitoyens commencent à s'alarmer de la violence de leur jeunesse, notamment de celle qui, comme Laetitia, vit dans nos quartiers défavorisés et sérégués de banlieue, qu'on a laissés se dégrader sans que personne ne s'en émeuve plus que ça.
En réalité, débattre de la gifle et de la fessée permet de promouvoir une réflexion sur ce que doit être le rapport entre parents et enfants, sur l'autorité. M'obéis-tu parce que je te fais peur ou parce que je te respecte et que tu sais que je veux ton bien ?
..., comment dénouer la double injonction - apparemment contradictoire - qui résulte de l’obligation de se taire au nom du secret professionnel et l’obligation de parler au nom du souci de protéger la victime ? (p. 12)