Les gens se marient parce qu'ils n'ont pas de cervelle, ils divorcent parce qu'ils n'ont pas de patience et ils se remarient parce qu'ils n'ont pas de mémoire.
Contrairement à ce que les gens peuvent croire, il est rarissime qu'une conspiration contre un homme politique vienne du parti rival.
Il lisait avec dévotion. À toute heure. Notamment des essais. C’était un spécialiste du débat historique du dernier millénaire, en particulier du siècle passé. Peu de gens avaient un aussi gros bagage que lui ; il collectionnait les citations, les discours et les curiosités. C’était sans doute parce qu’il trouvait toujours une comparaison à faire entre l’actualité et l’histoire mondiale, ou bien parce qu’il savait fasciner ses interlocuteurs avec une anecdote qui tombait à propos, ou qu’il n’y avait pas meilleur que lui pour placer une phrase que Churchill lui-même ne se rappelait pas avoir prononcée un jour, que les radios et les chaînes de télé se l’arrachaient comme consultant. Pour l’avoir, elles étaient prêtes à payer le prix fort.
l'amour est comme la vie. Sans date de péremption, il
serait très ennuyeux. L'attrait, ce qui nous anime, le moteur
qui nous fait palpiter, languir, souffrir, prendre sur nous,
c'est que nous ne savons pas quand cela se terminera.
L'amour comme la vie. Ils peuvent durer ou s'achever demain. Soudainement ou peu à peu, en douceur, s'amenuisant comme l'écume des vagues....
Aucune des sommités médicales consultées - à l'exception de Google - ne fut capable de répondre aux questions qui préoccupaient la famille.
Si Franquesa savait…
Si les gens savaient…
Si nous autres journalistes pouvions raconter ce que nous savons…
« Raconter ce qui se passe », comme disait l’écriteau qu’il avait accroché dans la salle de rédaction, était la seule définition de
ce métier qu’il aimait tant. Riera avait toujours su naviguer à vue. Il était arrivé à bon port sans trop boire la tasse, et c’était ce qui faisait de lui un professionnel admiré de ses lecteurs, de ses confrères, ainsi que de la majorité des hommes politiques de tout bord. Si, pour un bon mot, il était capable de tuer , que n’aurait-il pas fait pour tenir un scoop ou connaître, avant tout le monde, les détails d’une affaire ?
« Tout le monde peut un jour faire les gros titres et voir
sa vie ruinée. »
Ce n’était pas la première fois que j’entendais cette
phrase dans la bouche de Riera. Pourtant, cette fois-là,
j’eus l’impression qu’il me donnait un conseil, suite à ma
décision de diriger un journal qu’il connaissait comme
sa poche. Ces mots, prononcés dans l’obscur sous-sol du
restaurant japonais où nous nous retrouvions souvent,
résonnaient presque comme un avertissement.
Sa vie de célibataire, qu’il menait plus par conviction
que par négligence, lui avait permis non seulement de parcourir le monde d’un bout à l’autre sans trop d’attaches,
mais aussi d’avoir du temps pour lire. Une fois – je me souviens d’un dîner entre amis –, il avait reconnu sans rougir
que « fonder une famille et tout ce que ça comporte » – ce
qui n’est pas rien – l’aurait sans doute détourné de la lecture, chose qu’il ne pouvait pas se permettre.
En tant que président honorifi que du conseil éditorial
du Crònica, il avait été la première personne avec laquelle
j’avais voulu m’entretenir après avoir signé mon contrat
de directeur de la rédaction. Lors de nos repas, Riera
avait gardé la vieille habitude de Fleet Street d’enlever sa
cravate. Dans le sous-sol où nous nous trouvions, il fallait
également, au nom du confort et peut-être au détriment
de l’hygiène, ôter ses chaussures