Lui, c'était un brave prolo sans prétention, mais son fils, il est devenu socialiste.
A quelque chose malheur est bon. En même temps que la Corse, nous perdrons Tino Rossi.
12 février
Lalou avait déclaré, le 1er janvier, qu'au cas où il serait toujours en chomâge dans six mois, il s'engagerait à la légion étrangère. Il a réduit le délai des trois quarts, et apposé, samedi, la signature qui le lie pour cinq ans.
La mort de Chouard l'avait rempli de terreur ; il n'a pas voulu rester plus longtemps en état de moindre résistance. Lorsqu'il se fut rivé un boulet à la cheville, il mangea et but le reliquat de sa dernière paye de chômeur. En même temps que lui, Richardon avait sollicité l'honneur de servir la France : on éconduisit ce caissier ouvreur de portes. Trop vieux, Richardon, à trente deux ans. Prévoyant le coup il s'était rajeuni d'un lustre.
- Je veux bien vous prendre pour un belge, dit le toubib, mais non pour un homme de vingt-sept ans. Vous avez trente-sept ans, au moins. En tout cas, vous les paraissez.
- Je parais vieux, dit Richardon, parce-que je ne mange pas. Quand j'aurai à manger, je paraîtrai man âge véritable.
- Je regrette, dit le toubib. La légion n'est pas un sanatorium.
Et Richardon dut renoncer à aller pacifier le Maroc....
(extrait de l'édition parue chez "Flammarion" en 1935)
-Comment nous étions prêts le 10 mai (1940)? Voyez ma compagnie, chargée avec quelques autres de défendre le Secteur Fortifié des Flandres. Le Secteur devait exister, on a vite fait de tracer un secteur sur la carte, mais pour les fortifications, mystère ! (...)
A midi, le capitaine arrivait, signait les paperasses et disparaissait. Le samedi, tout le monde, sauf deux types, partait en permission de 48 heures. On attendait qu'Adolf demande humblement pardon. (...) Comment Hitler serait-il venu embêter les gens dans le Secteur Fortifié des Flandres ?
Où qu'ils vont le mettre, ce coup-ci, le troufion inconnu ? A Perpignan ?
Un coup de sifflet du maître de quart, et l'ordre d'accoster la coupée pour embarquer, puis conduire à terre une patrouille, m'empêchèrent d'aller sur le champ rejoindre Canellec.
La patrouille était commandée par le sergent d'armes Guignard dit Guignol, la brute la plus épaisse dont le pays d'Armor ait enrichi notre France bien-aimée.
Voilà que j'écris comme parle Polard.
Au nombre des matelots, figurait Cormier, jeune classe 18 qui dans le civil fabrique des carburateurs à Levallois, qui a été affecté dans la marine probablement pour réparer les carburateurs d'icelle, et qui remplit à bord du Mirabeau les fonctions de pilier de tôle. Six mois de service et trois mois de tôle. Un garçon d'avenir. Quand il n'est pas en cage on le colle dans l'armée roulante, la bande de propre à rien et à tout, soutiers au large, hommes de peine en rade, emmerdables et corvéables à merci....
(extrait de la deuxième partie "Constantinople, le 24 novembre 1918")
- Sauf ces coups de pied au cul, ça n'aura pas été trop pénible. Et considérons qu'à présent, la guerre est finie pour nous, tandis qu'ils ont encore une bonne chance d'y laisser leur peau, ceux qui nous ont botté les fesses !...
Temps pluvieux sans pluie.
- 2 septembre 1944
On ne se doutait pas, à lire l'héroïque antifasciste Figaro, qu'en 41 il adorait son Pétain, et qu'il était avant-guerre l'organe de "l'élite" fasciste. (...) Il est question de désarmer les FFI. Dangereux pour les bourgeois les FFI, avec leurs armes ! Fini de rigoler ! Le populo va se faire baiser, une fois de plus.
Mais les pires ennemis du peuple ne sortent-ils pas du peuple ? La bourgeoisie, depuis qu'elle règne, n'a-t-elle pas recruté ses soutiens parmi les prolétaires ? Le capitalisme survivrait-il un seul jour à la défection de la police, de la garde mobile, de l'armée de métier, toutes issues de la plèbe ?