6 livres sur le vivant recommandés par la librairie Les Sauvages à Marseille

Article publié le 16/02/2024 par Pierre Fremaux


A Marseille, les ouvertures de librairies ne tarissent pas. Témoignage du dynamisme culturel et de l’attrait d’une cité phocéenne en pleine gentrification, mais aussi peut-être d’un retard historique avec seulement une trentaine d’enseignes indépendantes pour une ville de près d’un million d’habitants, alors que la capitale française en compte 400. A cet égard, toute nouvelle création est bienvenue et ce n’est pas le fondateur de la librairie Les Sauvages qui nous démentira. En nous recevant dans sa librairie-jardinerie aussi originale qu’accueillante, Jean Pichinoty a d’ailleurs la délicatesse de souligner que son établissement, placé à quelques encablures du monumental palais Longchamp, ne vient pas concurrencer les librairies iconiques du quartier, la Touriale et Nozika, à quelques centaines de mètres de là.

C’est que, si Les Sauvages se défend d’être un « concept », les visiteurs impromptus seront certainement surpris de retrouver, entre les étagères qui se remplissent prudemment d’un fonds de livres éclectiques, des plantes grasses ou suspendues, cactus zigzag ou plantes escargot qui proviennent du terrain voisin. L’idée de cette librairie-jardinerie, c’est que vous puissiez repartir avec un peu de verdure sous la main et dans la tête ; et si l’on y trouve aussi bien du polar que de la BD, du roman contemporain que de la science-fiction, la coloration des lieux c’est la nature, la sauvagerie, le vivant. Nous avons demandé à Jean Pichinoty ses recommandations de lecture sur le sujet et il nous a donc proposé 3 romans, une BD, un récit, et un essai.




Etienne Davodeau, Loire  
Futuropolis, 104 pages, 20 €



« On retrouve le souffle de liberté des grandes histoires d’Etienne Davodeau, qui arrive à nous saisir et démarre avec une scène absolument hilarante d’un homme qui décide de se mettre tout nu et de se mettre en chemin, mais à poil. Au-delà du côté loufoque, le fil conducteur de la BD c’est le fleuve, la Loire, avec cette idée de Camille de Toledo (dansLe fleuve qui voulait écrire) qu’il fallait donner une personnalité juridique aux espaces naturels pour mieux les protéger. C’est hyper bien, c’est sorti chez Futuropolis et ça a été un joyeux succès. »


Colin Niel, Darwyne  
Le Livre de poche, 320 pages, 8,90 €



« Sorti en grand format au Rouergue, ici en livre de poche, Grand Prix de littérature policière. Colin Niel est biologiste, a vécu en Guyane, et le rapport à la nature et au vivant est quelque chose de très précieux pour lui. Même si on est dans la grande veine d’un roman policier, avec une intrigue qui parfois vire au thriller. En l’occurrence, on suit le cas d’un enfant et ça va loin, on va foncer avec lui au cœur de la forêt amazonienne, c’est porté par une langue très très belle, c’est hyper chouette. »


Kapka Kassabova, Élixir  
Marchialy, 476 pages, 24 €



« L’éditeur Marchialy est surtout connu pour la non-fiction. En l’occurrence, l’autrice Kapka Kassabova est remontée dans son pays d’enfance, la Bulgarie, à la rencontre des dernières personnes détentrices d’un savoir ancestral sur les plantes médicinales. En guise de témoignage, pour reconnaître le talent de ces gens et aussi avec le souhait de conserver quelque chose de particulièrement précieux, elle est partie enquêter là-bas. Il y a quelque chose de très palpitant, et graphiquement le livre est très bien conçu, comme souvent chez cet éditeur. »


Lune Vuillemin, Border la bête  
La Contre-Allée, 192 pages, 19 €



« Une des plus belles choses qu’il m’ait été permis de lire. Tout ce qu’on aime ici dans la littérature, une langue dingue, des fulgurances littéraires, et le tout reste pourtant très facile à lire. Une jeune femme arrive dans une forêt glaciale pour assister un couple étrange et fascinant en train de sauver une orignale. Pour elle, c’est l’occasion de se reconnecter avec la nature et le vivant. C’est prodigieux.»


Clara Arnaud, Et vous passerez comme des vents fous  
Actes Sud, 384 pages, 22,50 €



« Une des grosses surprises et belles ventes de septembre 2023, quelque chose qu’on aime vendre au long cours. La langue est très belle, c’est très documenté sur la vie pastorale avec trois histoires croisées, celle d’un jeune berger qui part en transhumance lors d’une estive, une jeune femme spécialiste des ours des Pyrénées et une histoire bien plus ancienne qui fait le lien. »


Rachel Carson, Printemps silencieux  
Wildproject, traduit de l'anglais par Jean-François Gravrand révisée par Baptiste Lanaspeze, 336 pages, 20 €



« Un des premiers textes écologistes. Taxée de folle ou d’hystérique dans les années 1960, Rachel Carlson essayait juste d’alerter sur les dangers de l’industrialisation et de l’urbanisation frénétique. C’est un texte paru il y a très longtemps, republié par Wildproject avec une préface d’Al Gore. Une évocation douce et sensuelle de la nature : un essai de qualité sans être ultra pointu ou rébarbatif”»


Librairie Les Sauvages, 27 boulevard Philippon, Marseille



Merci à Jean d'avoir pris le temps de nous répondre !

Et vous, avez-vous des livres sur la nature et l'écologie à nous conseiller ? Dites-le nous en commentaire...