Rentrée littéraire 2024 : 6 coups de cœur des Nouveautés

Article publié le 19/01/2024 par Nicolas Hecht


La librairie Les Nouveautés à Paris, près de la place de la République, est l’une de celles où l'on aime flâner régulièrement. Et puisque leurs conseils sont souvent pertinents, on a demandé à Lucie, qui s'occupe principalement des romans francophones, de nous recommander quelques coups de cœur de la rentrée littéraire d’hiver 2024. Voici donc 3 romans francophones et étrangers lus et appréciés par cette libraire, histoire de faire le tri dans l'avalanche de pages de la rentrée.

Vincent Brault, Le Fantôme de Suzuko
Héliotrope, 204 pages, 19 €



« Du côté de la littérature francophone d'abord, on a celui-ci. C'est l'histoire de Vincent, qui retourne au Japon pour essayer de retrouver son amour perdu. Dès le début, on ne sait pas trop si Suzuko est vivante ou morte. Et il va tomber amoureux d'une autre jeune femme qui a un physique très étrange. Au fur et à mesure de la narration, qui est divisée en deux parties, on va en apprendre un peu plus sur son histoire d'amour et, par flashbacks, recomposer aussi l'histoire de Suzuko. C'est complètement inattendu, finement écrit, dans une espèce de fusion entre le narrateur et l'auteur qui porte le même nom. On nous perd, on nous promène, on ne sait pas exactement si c'est une histoire vraie, une histoire fausse, et la fin vous laisse sur le cul. C'est génial. »


Marie Charrel, La Fille de Lake Placid 
Les Pérégrines, 272 pages, 20 €



« Je suis Marie Cherrel depuis ses débuts, c'est une journaliste qui a travaillé au Monde et a écrit des fresques historiques. Ses personnages sont toujours très denses, très complexes. Celui-ci est autour de la vie de Lana Del Rey, dont elle fait une vraie matière poétique. Je trouve que la couverture retranscrit très bien cette atmosphère-là, parce qu'elle va non seulement parler de sa musique, mais aussi de ses inspirations. C'est très beau, elle a une écriture très douce, avec beaucoup de métaphores, ce qui donne un rythme particulier, très onirique. Donc c'est un vrai moment de pause et de bulle... et après vous passez la journée à avoir envie d'écouter Lana Del Rey. »


Louis Vendel, Solal ou la chute des corps 
Seuil, 304 pages, 20 €



« On va faire le lancement de ce livre à la librairie le jeudi 8 février 2024. C'est un premier roman, par un auteur qui a 29 ans et a été journaliste. Il a une plume très marrante, très acide aussi, avec des phrases de type sujet-verbe-complément qui viennent casser des phrases plus longues, ce qui a un effet percutant et drôle. Il raconte une histoire vraie, celle de son ami qui s'appelle Solal et qui est bipolaire, mais avec tellement d'humour et un regard tellement tendre que c'est génial. Ca donne vraiment une certaine vision, non seulement de la vie, mais aussi de la vie parisienne, dans un roman très actuel. Ca peut paraître très parisien, mais en même temps vous avez aussi une certaine vision de la famille, de la maladie et de la manière d'affronter les obstacles, donc des sujets plus larges qui concernent tout le monde. Et c'est très bon. »


Lee Mi-ye, Le Grand Magasin des rêves 
Editions Philippe Picquier, traduit du coréen par Choi Kyungran et Pierre Bisiou, 320 pages, 22 €



« En romans étrangers, on a là un livre doudou. C'est l'histoire d'une jeune fille qui travaille dans un magasin des rêves, où les gens viennent la voir le soir, sans garder le moindre souvenir d'être passés, pour acheter des rêves. Donc vous avez plusieurs étages avec des étagères associées à certains rêves. Vous avez même des chiens et des bébés qui viennent juste pour faire la sieste et avoir des types de rêves particuliers. C'est un roman comme des tranches de vie, avec ceux qui veulent tomber amoureux, certains qui vont choisir des rêves de répétition ou d'autres pour surmonter des traumatismes. Le tout raconté avec une grande douceur, dans un univers complètement fantasmagorique. C'est vraiment très bien écrit, très tendre, c'est le petit livre doudou. »


Shehan Karunatilaka, Les Sept Lunes de Maali Almeida 
Calmann-Lévy, traduit de l'anglais par Xavier Gros, 450 pages, 23,90 €



« On a là le Booker Prize 2022, un roman métaphysique lui aussi. C'est un livre au-delà de la mort, puisque vous avez un personnage qui vient de mourir. Il sait qu'il a été tué et il a droit à une seconde chance pour enquêter sur sa propre mort. Ca peut sembler stéréotypé comme point de départ, mais c'est très bien mené parce que vous avez toute une recherche sur l'histoire du Sri Lanka, sur l'histoire de la corruption. Vous avez vraiment une enquête policière à l'intérieur même d'un roman autour de la mythologie du Sri Lanka. Donc un roman à tiroirs. »


Lina Wolff, La Prise du diable 
Les Argonautes, traduit du suédois par Anna Gibson, 272 pages, 22,90 €



« Celui-ci a été publié chez une toute jeune maison d'édition, Les Argonautes, spécialisée en littérature du Nord. C'est très particulier, et bouleversant. Assez violent aussi, mais très intéressant sur la question de la relation toxique parce que, dès le début, vous ne savez pas vraiment qui est le diable : si c'est lui ou si c'est elle. Et à un moment, vous allez avoir des déclics sur les questions de manipulation, de transmission de l'amour, et de dépendance. Vous tombez ensuite dans une sorte de thriller très sombre, qui va pousser à l'extrême le sujet de la domination sur l'autre, et de la ligne floue entre protection et domination. C'est écrit du point de vue de la jeune femme, qui a envie de s'en sortir, mais a en même temps besoin de l'autre. Et jusqu'à la fin, vous vous posez cette question : lequel des deux est vraiment le diable ? »


Librairie Les Nouveautés, 45bis rue du Faubourg du Temple, Paris 10e



Merci à Lucie d'avoir pris le temps de nous répondre !

Et vous, avez-vous déjà repéré des romans de la rentrée littéraire ? Dites-le nous en commentaire...