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Critique de JeffreyLeePierre


Une merveille.
La geste épique de Grumbach le rhingrave et de sa malédiction. Où le mélange de trivialité et de religion reconstitue à merveille l'esprit de l'époque. Où des personnages plus grands que nature se disputent la prééminence dans une aventure à la fois picaresque et grandiose.

L'histoire est invraisemblable au possible, autant que le sont les bouleversements de l'Histoire qui en sont le contexte. On part du puissant empire des Habsbourg à son apogée avec Charles Quint, mais perturbé par les premières guerres de religion qui suivent l'avènement de la Réforme protestante. Et on poursuit avec l'improbable conquête des empires sud-américains par de faibles bandes d'aventuriers mal dégrossis venus de l'autre bout du monde.

Le récit nous dépeint les aventures d'un fils naturel de Ferdinand II d'Aragon (le grand-père de Charles Quint), protestant par fidélité à sa région d'élection en Allemagne et à son peuple, indestructible malgré la succession d'avanies dues à sa brute impulsivité confinant à la bêtise. Qui finira en baroudeur fatigué mais toujours à l'ouvrage. Qui se heurte en permanence à son double maléfique, autre fils naturel de Ferdinand II, autre aventurier mais plus en cour car dénué de scrupules. Et qui se mesure à Fernando Cortez, parce que ce dernier représente le pouvoir catholique et menace de le renforcer en lui ramenant les richesses du nouveau continent, l'or des Aztèques.

L'auteur se place à hauteur des protagonistes et nous plonge ainsi dans leur époque, leurs mentalités et leurs (més)aventures. Parce qu'ils vont finalement tous de bourdes en déconvenues. Dont la narration nous entraine avec une implacable logique, aussi parce qu'elle épouse souvent les points de vue de personnages secondaires, acteurs ou témoins, pas très malins et empreints de superstition, qu'on verra même céder à la fièvre de l'or.
La construction est exemplaire, du début qui introduit avec originalité le coeur du récit, à la fin en queue de poisson qui laisse le lecteur un peu désemparé, comme l'est le personnage principal.

C'est un premier roman ahurissant, une réussite complète. Sorti on ne sait comment de la tête d'un ancien mathématicien et actuaire, pendant sa convalescence après une blessure durant la première guerre mondiale. D'où lui est venue cette apparente intimité avec le XVIe siècle, qu'il assortit de fantastique bien à lui ?
Coup d'essai, coup de maître. Chef d'oeuvre. Dont je lis qu'il est généralement considéré moins abouti que d'autres romans postérieurs de l'auteur. du coup, j'ai quand même un peu de réticences à lire les suivants, de peur d'être déçu.
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