Après quelques lectures un peu insipides, quel plaisir j'ai eu en découvrant les histoires touchantes racontées dans
le gardien des souvenirs de Hiiragi ! Pourtant, ce petit bijou n'a pas fait grand bruit à sa sortie... Pourtant:, pourtant, pourtant! Amis fans de littérature japonaise ou simples curieux, dégustez à loisir ce roman à la plume simple mais efficace!
Alors,
le gardien des souvenirs (dans sa langue mère, le miracle du studio photo de l'existence, oui oui!) , ça raconte quoi?
Hirasaka tient un studio photos entre le monde des vivants et l'au-delà. Passage obligé pour chaque nouvelle âme. Dans ce studio, Hirasaka propose aux défunts de constituer une lanterne à base de photos de leurs souvenirs et de retourner dans le passé afin de prendre en photo un souvenir parfois abîmé. Trois profils parmi tant d'autres se présentent à lui: une vieille dame, un yakuza et une enfant perdue.
J'ai été de suite happée par la première histoire, celle sur Hatsue, ancienne éducatrice. J'ai aimé la singularité de l'intrigue, portée sur un personnage plutôt commun au métier extraordinaire, son combat après-guerre pour ouvrir un centre pour enfants, délaissés à cette époque par des parents débordés tentant de joindre les deux bouts. J'ai adoré la suivre, lire ses efforts, voir la solidarité de tout un quartier afin de mener à bien un projet titanesque... Et la fin, très touchante, clôturait à merveille cet hommage au dur métier d'éducateur spécialisé.
J'ai cru ne pas accrocher à la seconde histoire avec notre protagoniste yakuza. Mais finalement, le bougre s'est révélé attachant et j'ai aimé ses réflexions sur ce qu'est l'essence même de la vie, sur le fait que l'on ne puisse la "réparer", contrairement à ce que son collègue, Nezumi, pense. Là encore, la conclusion de l'histoire était bien amenée et tout en délicatesse.
Enfin, la dernière histoire concernant Mitsuru, l'enfant perdue. Pour le coup, je ne savais pas où l'auteure voulait aller. Allait-on encore tomber sur une histoire tristement pitoyable, avec une pauvre enfant frappée par la malchance? Allait-on nous servir des niaiseries pour nous arracher une larme? Puis ensuite, j'ai compris
et j'ai trouvé brillant cette histoire de première mort, le fait que les jeux qu'Hirasaka lui propose lui permettent ensuite d'échapper à ses parents maltraitants, qu'elle puisse ensuite grandir en paix et devenir éducatrice. J'ai aimé également le fait que Mitsuru soit présente dans toutes les histoires précédentes, comme autant de liens qui la lient à Hirasaka. Que la dernière histoire ne se clôture pas pour un départ vers l'au-delà, mais vers la vie elle-même a évité la redondance, et c'est une très belle manière de clôturer le récit.
Enfin, comment parler de
le gardien des souvenirs sans parler de son personnage central: Hirasaka. le fameux guide spirituel, ni divinité, ni humain. J'ai trouvé ce personnage franchement agréable et rassurant, d'une douceur réconfortante.
le choix de ne pas le faire retrouver la mémoire par la suite donne encore plus de dimension à ce personnage et à son sacrifice pour sauver Mitsuru; et je trouve intéressant qu'Hiiragi ait évité de tomber dans le pathos en gardant Hirasaka amnésique, ignorant ses bonnes actions et, de fait fondamentalement bon.
En clair, une excellente lecture toute douce, un peu amère, et pleine d'espoir.