La première chose c'est cette couverture, très belle, en noir et blanc mais où le noir l'emporte.
Identifie-t-on ce tatoué fumant au regard si pénétrant à
Frédéric Villar, au Thomas du récit ou à l'étrange Tito ? A moins qu'il ne s'agisse de quelque artiste de rock underground …
Peu importe, tout peu coller, et surtout la couverture plonge immédiatement le lecteur dans l'ambiance : sombre et pesante à souhait. Amateurs de littérature feel good, passez votre chemin…
J'ai immédiatement adhéré au récit, aux personnages, à ce Thomas plus désemparé que vraiment paumé, à son ami le Cube qui m'est apparu sous les traits du regretté
François Hadji-Lazaro pogotant sur le Concerto pour détraqués des Bérus autant que son surpoids le lui permet, lentement mais redoutablement.
L'auteur explore les strates de la culture suburbaine d'une métropole bordelaise aux contours si lisses en apparence, si rugueuse sous la surface. Ce roman noir sent le vécu et le tabac froid, il côtoie une certaine forme de folie qu'on n'enferme pas mais qu'on supporte au quotidien au nom de l'amour souvent, de la lassitude parfois, de nos propres errances psychologiques s'il est possible de se l'avouer…
La cuenta est salée comme une assiette de tapas, sombre comme un bol de chipirons préparés par Amatxi, mais l'amateur(trice) se lèche les doigts et en demande encore.
La vendetta dont le roman fait l'objet n'est pas un prétexte à l'action, elle est une nécessité impérieuse, une obligation morale, une raison de continuer à survivre dans un monde qui va trop vite vers sa chute, où l'on ne se reconnait plus depuis longtemps déjà et qu'il convient de fuir par tous les moyens. Mais pas sans y avoir foutu le feu avant de quitter la scène.
Mention spéciale pour la playlist page 296 que j'écoute en rédigeant cette chronique.
Spotify y a accolé une reprise de Redemption Song de
Bob Marley interprétée par
Johnny Cash et Joe Strummer : je valide.
Lien :
https://cequejendis.fr/2024/..