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Critique de Fandol


Fandol
01 septembre 2021
Depuis que j'ai commencé à lire L'Odyssée d'Hakim, album graphique de Fabien Toulmé, chaque fois que j'entends parler de migrants, de réfugiés, de reconduite à la frontière ou dans le pays d'origine, je repense à Hakim. Ce Syrien qui avait monté une pépinière et gagnait bien sa vie, a réussi, seul avec son petit Hadi, à fuir la guerre civile dévastant son pays. Il voulait retrouver Najmeh, son épouse, déjà en France, grâce à ses parents.
Près de trois ans de voyage, depuis la Syrie, en passant par le Liban, la Jordanie, la Turquie, la Grèce, la Macédoine, la Serbie, la Hongrie, l'Autriche et la Suisse, avant d'arriver en France, à Paris d'abord puis à Aix-en-Provence où se trouvait sa femme.
Quand Fabien Toulmé reprend ce troisième tome que j'ai enfin pu lire, il a la bonne idée de raconter une intervention dans un lycée. Pour les élèves, il résume son projet, répond à des questions très pertinentes et donne des explications très claires.
C'est en septembre 2015 qu'il retrouve Hakim vivant de petits boulots. Il lui raconte la troisième partie de son Odyssée, de la Macédoine à la France.
Comme pour les deux précédents volumes, je me suis retrouvé happé par le récit, angoissé par les souffrances, les menaces, le froid, la faim, tout ce que subissait Hakim et son petit garçon qu'il fallait changer, qui réclamait son biberon alors qu'il n'y avait pas d'eau chaude et plus de lait…
Fabien Toulmé dessine ses personnages de manière toute simple mais tellement expressive. Les couleurs se limitent au gris et quelques nuances de bleu, d'ocre et même de rouge. Cela suffit pour souffrir avec cet homme et ce garçon qui vivent ce que vivent des milliers de migrants aujourd'hui.
Tant de pièges leur sont tendus qu'ils doivent être sans cesse sur leur gardes, se méfier de ceux qui proposent leur aide. Ils ont de l'argent sur eux, un téléphone portable, leurs papiers, mais la police peut à tout moment les enfermer dans des camps, comme en Hongrie.
C'est dans ce pays qui fait pourtant partie de notre Union Européenne, que Hakim et son fils sont le plus mal traités. L'ambiance créée par le Premier ministre toujours en poste déteint sur la population qui insulte les migrants, se moque d'eux, les dénonce. Heureusement, Hakim a eu plusieurs fois de la chance et a réussi à retrouver Najmeh et sa belle-famille.
Son intégration est en cours malgré beaucoup de difficultés dont l'apprentissage du français n'est pas la moindre. L'épilogue, sans dessin, ajouté par l'auteur conclut L'Odyssée d'Hakim de façon très optimiste et, en même temps, très réaliste. Celui qui s'est intégré le plus vite, c'est Hadi, grâce à l'école. de plus, il a maintenant deux petits frères, Sébastien et Anwar. Pour Hadi, surtout, mais pour ses deux frères, les trois tomes réalisés avec talent et une profonde humanité par Fabien Toulmé (photo ci-dessus), sont et restent un fameux témoignage.
Que cela ouvre les yeux aux Occidentaux que nous sommes car nous avons la chance de vivre dans un pays en paix depuis soixante-seize ans. Que L'Odyssée d'Hakim - 1. de la Syrie à la Turquie, 2. de la Turquie à la Grèce et 3. de la Macédoine à la France – permette à toutes celles et à tous ceux qui en sont capables de réfléchir et de sortir d'un égoïsme primaire indigne des humains que nous prétendons être.
 
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