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Critique de Sachka


"Avec le temps
Avec le temps, va, tout s'en va
On oublie le visage et l'on oublie la voix
Le coeur, quand ça bat plus, c'est pas la peine d'aller Chercher plus loin, faut laisser faire et c'est très bien.. " (Léo Ferré).

Une relecture pour moi que ce roman de Daniel Pennac dans lequel il nous livre sans aucun interdit, sans ménagement et d'une façon si juste, le journal intime du père (qu'il a pourtant peu connu) de sa vieille amie Lison.

De son écriture, comme toujours directe et ciselée, Daniel Pennac cultive l'art et la manière de mélanger les styles, la dissonance du ton et du langage, tantôt cru, tantôt soutenu, n'enlève en rien la dimension poétique qui perdure tout au long de ce roman dont le récit est somme toute très physiologique mais seulement en apparence, car les apparences sont bien souvent trompeuses et l'auteur n'hésite pas à explorer habilement les profondeurs de la psyché humaine pour notre plus grand plaisir. Car finalement n'est-il pas vrai que le sacro-saint corps et l'esprit sont irrémédiablement reliés ?

Impossible de ne pas s'attacher à notre narrateur et auteur de ce journal qui restera anonyme jusqu'à la fin, dont nous nous approprions le corps et l'esprit aussitôt les premières pages tournées. Il va sans dire que ce corps observé à la loupe avec minutie, jour après jour durant 75 ans, c'est un peu le nôtre finalement.

Des maladies infantiles à la valse des hormones qui régissent l'adolescence, des premières défaillances physiques de ce corps devenu adulte à l'écueil infrangible de la vieillesse qui s'installe, l'auteur nous dit tout sans exception et sans jamais tomber dans l'effet de style dramatique, quelle prouesse !

Mais pour moi ce roman c'est avant tout un très bel hommage à l'enfance et de cette lecture je garderai le
souvenir certain du petit garçon âgé d'a peine dix ans qui aime à se réfugier dans l'imaginaire, orphelin de père (un père dont l'image est très présente tout au long de ce roman), qui pousse tout seul à la veille de la deuxième guerre et qui reporte tout son amour sur la cuisinière de la maison, Violette, car sa mère accablée et malheureuse est incapable de lui témoigner un tant soit peu d'affection.

Difficile d'expliquer ce que j'ai pu ressentir durant ma lecture tant mes émotions ont fait le grand huit encore une fois. J'ai ri, j'ai pleuré, sur moi, sur les êtres chers à mon coeur, qui ne sont plus, qui sont encore...
Ce roman c'est tout simplement l'éloge de la vie, du temps qui passe, de notre corps qui en est le témoin et en conserve précieusement les traces sans que nous ne puissions rien y faire !

Un très beau roman, à lire et à relire sans modération et qui sait ? C'est peut-être bien ça le secret pour parvenir à être heureux quand la vie nous joue de vilains tours : tenir un journal intime ;)


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