AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de larmordbm



Dans son dernier recueil de nouvelles paru en France, Monstresoeur, Joyce Carol Oates nous invite, encore une fois, à plonger dans la noirceur et la cruauté des relations, familiales, entre hommes et femmes, entre professeurs et élèves.
Plus l'autrice avance dans sa prolifique et gigantesque production littéraire, plus les liens entre les êtres semblent se détraquer, se défaire, se déliter, plus les psychés sombrent dans la folie, et plus la déshumanisation est à l'oeuvre.
Perte du lien humain, du rapport avec les autres et avec soi-même, absence de connexion, éclatement du moi, personnages qui deviennent des lacunes dans la vie des membres de leur famille, rayés, déplacés, oubliés, tels sont les principaux thèmes traversant ces petits contes horrifiques, baignés dans une ambiance aux confins du gothique et de l'imaginaire post-apocalyptique pour certains d'entre eux.
La majeure partie de ces nouvelles concerne l'enfance et/ou la maternité.
Une enfant est abandonnée par sa mère, sous la pluie, sur le trottoir, parmi les encombrants. Une autre voit pousser dans sa tête et dans son dos un double monstrueux qui va bientôt la chasser de sa maison. Une bande de filles, rappelant Foxfire Confessions d'un gang de filles, invente un atroce système pour se débarrasser des pédophiles de la ville.
Les mères sont logées à la même enseigne. Elles dérapent, versent dans la dépression post-partum, se replient sur leur nourrisson et perdent le contact avec la réalité. La nouvelle la plus glaçante concerne l'une d'entre elles qui, avec son babyphone, va au bout de la fusion avec son bébé.
Les relations interpersonnelles entre adultes sont abordées avec une précision chirurgicale sous l'angle des rapports de domination et de soumission, à l'aide, notamment, de la théorie des jeux, jeux à somme nulle et non nulle.
Le plus long et le plus poignant des textes raconte le suicide de l'écrivain américain David Foster Wallace.
Je me pose souvent la question de savoir où JCO puise son inspiration, et ce qui sous-tend les thématiques développées. Paysage perdu, récit autobiographique dans lequel elle relate les morts violentes qui ont jalonné son enfance pauvre à la campagne, nous offre des réponses, le documentaire récemment diffusé sur Arte qui lui est consacré, Joyce Carol Oates la femme aux cent romans, également. Elle y évoque, l'histoire de sa grand-mère juive fuyant les pogroms d'Europe centrale, le harcèlement et les sévices subis pendant des années à l'école. Elle mentionne également le conséquent travail de documentation mené pendant de longs mois avant l'écriture des livres.
Monstresoeur est un recueil qui donne une idée de la vaste palette de l'autrice mais dont les courts textes ne reflètent pas l'ampleur et la profondeur de son oeuvre littéraire.

Commenter  J’apprécie          317



Ont apprécié cette critique (31)voir plus




{* *}