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Critique de ODP31


Les écrits restent et pourtant, certains livres meurent.
Prenez Diogène, pas le naturiste dans son tonneau qui n'est pas le saint patron des fées du logis. Anthony Doerr évoque l'autre, Antoine De son prénom, tout aussi grec, plus écrivain à l'époque romaine que philosophe, auteur d'un récit en 24 livres, qui doit être très bien puisqu'on en parle encore mais que personne n'a pu lire depuis que la mode des toges est dépassée. Même Amazon ne peut pas vous le livrer en 48 heures.
A défaut de textes qui datent des calendes justement grecques, Anthony Doerr sur ses deux oreilles, invente un mythe qu'il attribue à ce Diogène, qui va donner son titre au roman et qui va servir de pont, digne de ce mois de mai, entre les 5 personnages principaux du récit, répartis sur trois époques et 800 pages.
Anna et Omeir vont vivre en direct la prise de Constantinople en 1453 après un siège à la Turque. Les Ottomans, avec leur nom de super-héros signent ainsi la fin de l'Empire Bysantin sans une bise. Ces derniers n'avaient pas encore inventé la poudre alors que les Turcs étaient déjà fans du made in China.
Occupés à essayer de survivre à la fin officielle du Moyen âge, les morts ne vont pas profiter de la Renaissance. Passionnée de lecture, Anna va essayer de sauver ses fesses et un vieux manuscrit aux pages mélangées par le vol de piafs masqués par des cumulonimbus.
De nos jours, Zéno, un vétéran de la guerre de Corée se retrouve piégé dans une bibliothèque municipale de Lakeport dans l'Idaho pendant la répétition d'une pièce de théâtre tirée de « La cité des nuages et des oiseaux », par l'arrivée de Seymour, un jeune garçon hypersensible et armé, dont le seul ami est un hibou qui en fait était très chouette.
Konstance vit dans le futur dans un vaisseau spatial, l'Argos (une référence peut-être au toutou d'Ulysse dans l'Odyssée ou à un géant doté de cent yeux , fantasme d'opticien) à destination d'une nouvelle planète d'accueil pour l'espèce humaine. C'est Star Trek sans les oreilles en pointe. Comme les sorties en plein air pour des séances de Paddle yoga sont exclues dans l'espace, la jeune fille se passionne pour la bibliothèque virtuelle du vaisseau.
Ces personnages sont tous des prisonniers : d'une forteresse assiégée, d'un handicap, d'un vaisseau, d'une sexualité non assumée ou d'une bibliothèque cernée par la police. Des bagnards de l'existence qui ne découvrent le chemin de la liberté qu'à travers le Livre.
J'ai adoré ce roman qui est un extraordinaire hommage aux gardiens de la littérature, aux passeurs d'histoire, aux traducteurs et bibliothécaires. L'un d'entre eux avait dit « Lire n'est pas se retirer du monde. C'est entrer dans le monde par d'autres portes ». Cette citation de Bernard Pivot résume idéalement ce roman. Une occasion de lui rendre hommage.
Dans les récits parallèles, n'étant qu'un homme monotâche, pléonasme selon ma moitié, j'ai en général du mal à me passionner pour plusieurs histoires en même temps et j'avoue qu'il m'arrive de m'exercer à la lecture rapide et au saut de page (épreuve olympique ?) quand je détecte certains déséquilibres dans la force narrative. Dans cette « Cité des nuages et des oiseaux », je serais incapable de désigner un personnage préféré et de promettre les autres aux oubliettes de ma mémoire. J'ai été hameçonné comme un piranha après une période de jeûne intermittent conseillé par une diététicienne au teint vert et j'ai dévoré chaque aventure avec un égal appétit. Bon, on me précise à côté que désormais le piranha ressemble davantage à un cachalot.
Lisez et Offrez ce livre. Pour plagier Bernard Pivot, je vais écrire qu'il s'ouvre comme une boîte de chocolat et se referme comme un coffret à bijoux. Traduit en ODP31 : Entre les Mon chéri de tata qui pique et une odyssée de littérature offerte par une sirène du bord d'Homère qui chante les adverbes, j'ai préféré l'utopie aux calories.
Envie de relire des auteurs classiques. Aristo ne fane pas.
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