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Critique de sylviedoc


(Lu dans le cadre du Prix Littéraire des Lycées Professionnels)

Un roman jeunesse original, tant par le sujet que sur la forme, que j'ai pris grand plaisir à lire même si j'ai été un peu désarçonnée au départ. En effet, il s'ouvre sur une circulaire du Ministère de l'éducation nationale sur le Service Civique Obligatoire (SCO) des jeunes, qui devra s'effectuer entre la 3ème et la 2nde pendant 10 mois et fera l'objet d'un rapport à son issue. le tout dans le jargon propre à cette institution, jargon qui m'exaspère au quotidien dès que j'ouvre ma messagerie…
Il est bien précisé que le rapport en question ne devra pas dépasser 30 pages.
Celui de Valentin Lemonnier en comptera finalement 378…
Valentin voulait effectuer son année de stage dans le domaine culturel , ou à défaut celui de l'éducation ou du social, et de préférence dans une région pas trop éloignée de sa ville d'Albi. Mais comme trop souvent, ses voeux ne seront pas pris en compte, et il va se retrouver dans les Hauts-de-France, dans le secteur « santé », et plus précisément dans la section B de l'unité mnémosyne de Boulogne-sur-Mer « spécialisée dans la fin de vie des personnes atteintes de démence (et qui) reconstitue de manière minutieuse les environnements de jeunesse des patients ». Et tout au long de cette année particulière, il nous décrira son expérience à travers son Journal de Stage, et nous donnera ses « Impressions Rétrospectives » « de manière à donner à son récit autonarratif une dimension réflexive ». (Vous commencez à comprendre ce que je voulais dire avec le jargon de l'éduc'nat' ?)
Petites précisions contextuelles : la France est dirigée par une présidente au nom exotique et pas d'extrême-droite depuis deux mandats, et le confort de vie des seniors atteints de maladies type Alzheimer semble nettement amélioré par rapport à ce que nous connaissons. Quant à Valentin, c'est un jeune homme qui souffre de la séparation de ses parents et est sujet à des crises d'angoisse, notamment lorsqu'il se trouve dans un environnement inconnu, ou entouré de beaucoup de gens. Il n'a jamais voyagé ni quitté sa mère et ses frère et soeur. Autant vous dire qu'il est ravi d'aller partager le quotidien de personnes séniles dans un village des années 60-70 reconstitué… Et en plus il va vivre en coloc' avec quatre autres jeunes un peu plus branchés que lui dans une maisonnette, sous la tutelle bienveillante de Serge.
Ce qui s'annonçait comme un cauchemar pour lui va prendre une tournure inattendue, et il va très vite et si bien s'acclimater à son environnement de travail qu'il en viendra à redouter les vacances. Il fera de belles rencontres, découvrira la culture des Trente Glorieuses, et notamment Françoise Hardy qui jouera vite un rôle prépondérant dans sa vie. Les personnes qui gravitent autour de lui sont pour la plupart étonnamment bienveillantes, ce qui m'a légèrement agacée par moment, parce que dans la vraie vie, on croise aussi des sales c…s, là j'ai parfois eu l'impression d'être un peu chez les Bisounours. Parmi ces personnes, le docteur Sola Perré, son encadrante, avec laquelle la relation est difficile à établir, d'abord parce qu'elle est absente à son arrivée, puis un peu abrupte lors de leurs premiers contacts. Mais bien sûr ça va vite s'arranger !
Cette lecture m'a plu par de nombreux aspects, et notamment cet ancrage dans un environnement années 60-70, même s'il est artificiel. Ce sont les années de mon enfance et mon adolescence, et l'évocation de certains objets, événements ou artistes m'a souvent fait monter un sourire un peu béat aux lèvres. Alors oui, je n'avais pas les mêmes goûts musicaux que les patients de l'Unité Mnémosyne section B, j'étais plus Pink Floyd que yéyés, mais cela m'a évoqué toute une atmosphère plus spontanée et plus enthousiaste que maintenant.
Et puis je l'ai trouvé bien sympa, ce jeune Valentin, avec ses questionnements et ses difficultés, sa volonté de bien faire et son système de valeurs bien à lui. Il pourra paraître complètement décalé à d'autres ados de son âge, mais j'en ai croisé de ces jeunes un peu « à l'ouest » en apparence parce qu'ils ont d'autres critères que ceux de la majorité.
L'écriture alternant journal de bord, notes rétrospectives et dialogues retranscrits (sans oublier les fameuses « consignes ministérielles ») m'a dans un premier temps un peu agacée, mais je m'y suis rapidement habituée, d'autant plus qu'elle colle bien à la personnalité de Valentin. le bémol s'il y en a un, c'est le décalage entre la situation actuelle dans les unités Alzheimer et le rêve qui nous est vendu là ; mais c'est plutôt que ça m'a un peu fâchée qu'on ne soit pas fichu de donner des moyens pour réaliser des structures convenables et encadrer la fin de vie de nos aînés décemment. Et une autre toute petite critique concerne l'âge des stagiaires qui me semble en décalage avec la maturité moyenne d'un ado en fin de 3ème. Pour moi ils auraient plutôt 16-17 ans, et non 14-15. Mais c'est du détail, dans l'ensemble ce roman m'a conquise, et je vais certainement le proposer à mes lycéens si j'ai encore l'occasion de le faire…

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