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Critique de JLBlecteur


Qu'il est bon de redécouvrir la vie à hauteur d'yeux d'enfant, même si ce sont ceux d'un petit gamin algérien né en France, de père inconnu et abandonné très tôt par sa mère aux doux services de l'ASE.

Skander, c'est lui le gamin, le narrateur donc.

Collégien, il nous fait partager son quotidien singulier avec son langage, ses mots à lui, précieux parfois, populaire toujours.
Son vécu nous est donné à vivre, avec ses certitudes naïves de bambin crédule et ses candides découvertes agrémentées de commentaires spontanés.

Un certaine virginité.

Une espèce de Petit Nicolas, en moins bien gâté par la vie quand même, dont les amis s'appellent Ramos ou Mohammed plutôt que Clotaire ou Eudes, un petit Skander donc, qui devra comprendre rapidement qu'une famille d'accueil se disloque quand la mère de substitution meurt précipitamment.

La vie n'est pas un long fleuve tranquille.

Avec un humour subtil qui se veut symptomatique de âge et de son inexpérience il nous raconte ses premières fois :
-          Sa première rencontre avec celle qui veillera sur lui désormais
-          Sa découverte du Maroc lors de son premier voyage initiatique en terre étrangère
-          Son premier coup de coeur vite douché finalement.
-          Ses premiers accès de violence dans la colo d'une station de ski en Suisse
-          Sa première implication collective en tant que délégué de sa classe de lycée
-          Sa première approche de la religion musulmane
-          Sa première prise de conscience de la déshérence psychologique et physique dans laquelle se perd sa mère biologique
-          Sa première baston funeste
-          Sa première garde à vue aussi...

Des premières fois restituées sous la forme de pastilles successives écrites dans un style à part, mélangeant le langage naïf de l'enfance et le verbiage populo du peut-être caïd en devenir.

Au fil des pages, nous glissons progressivement du doux récit du gentil gamin naïf découvrant la vie à celui, plus acide, de la petite teigne en construction que le droit chemin n'intéresse plus que de très loin.

Reconnaissons cependant que certaines tournures de phrases plus alambiquées ou certains vocabulaires plus léchés s'avèrent trop précieux ou trop riches pour intégrer parfaitement le style adopté par le récit. Sûrement un clin d'oeil entendu de l'auteur pour établir une complicité avec son lectorat qui n'est pas dupe, nous lisons là le roman fraîchement écrit par un homme et non pas le journal intime d'un gamin démarré il y a longtemps.

Le gamin est sensé, conscient des difficultés qui seront les siennes s'il veut finalement sortir des ornières que sa condition initiale a déjà tracées devant lui, d'autant qu'il veut devenir avocat.
Il est intelligent et son potentiel est reconnu sauf par un encadrement scolaire prompt à casser tout trublion susceptible de faire école autour de lui.
Lui est devenu trafiquant de drogue !

Un parcours individuel en guise d'état des lieux sur une difficile jeunesse de banlieue à qui rien n'est promis si ce n'est une délinquance systémique installée de longue date par un destin mangé par la poisse et l'absence de perspective. La faute à pas de chance surtout pas celle d'être né du bon côté de la Seine, celui qui offre un autre avenir que de systématiquement finir en prison.

Une tranche de vie qui va de la cour d'école au banc du bac dans un quartier où s'en sortir c'est faire preuve d'une force de caractère hors du commun.

Une bonne lecture malgré quelques passages en demi-teinte et un parti pris stylistique un peu redondant.

Les confessions d'un enfant du siècle !
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